États-Unis : Kathy Barnette et le renouveau conservateur

barnette

Outre-Atlantique, les élections de mi-mandat (Chambre des représentants et Sénat) de novembre prochain se préparent et promettent déjà de belles batailles. Si l’on peut s’attendre à un raz-de-marée républicain face à la politique désastreuse de Joe Biden, ces élections suscitent particulièrement l’intérêt car elles présagent d’une recomposition de la droite.

Dans les deux camps, l’heure est aux primaires. Et, côté républicain, c’est bien un souffle de renouveau qui semble émerger. La semaine dernière, dans l’Ohio, l’outsider et auteur à succès J.D. Vance remportait la primaire du Good Old Party (GOP) pour les sénatoriales. Mardi prochain, 17 mai, ce sera peut-être également le cas d’un autre État de la « Rust Belt », région du nord-est des États-Unis : la Pennsylvanie.

Car, en effet, une certaine Kathy Barnette, inconnue en France, détonne par sa montée spectaculaire dans les sondages, à quelques jours du scrutin. Femme noire de cinquante ans, quasiment inconnue (elle fut commentatrice politique après avoir été réserviste de l’armée américaine pendant dix ans), elle ne dispose d’aucuns moyens financiers. À titre d’exemple, le journal Politico précise qu’alors que ses deux principaux adversaires, le docteur Mehmet Oz et Dave McCormick ont à ce jour dépensé respectivement 12,4 millions et 11,4 millions de dollars rien qu’en publicités télévisées, Mme Barnette n’a consommé, elle, « que » 137.000 dollars en spots télévisés.

Malgré ce handicap criant, plusieurs enquêtes d’opinion révèlent qu’elle talonne désormais le candidat républicain favori, Dr Oz (chirurgien qui s’est fait connaître du grand public grâce à une émission télévisée). Le Trafalgar Group donne Oz à 25 %, Barnette à 23 % et McCormick à 22 %. Comment, alors, expliquer une telle percée, défiant toute logique politique, alors que Donald Trump lui-même a officiellement endossé Oz, le 9 avril dernier ?

Tout d’abord par son positionnement. Mme Barnette se détermine elle-même comme une puriste du « America First »/MAGA (« Make America Great Again »). À tel point que, lors d’un débat au mois d’avril, elle répondait à ses détracteurs : « MAGA n’appartient pas au président Trump. » Il s’avère qu’effectivement, les fidèles trumpistes de Pennsylvanie ont été quelque peu irrités par le soutien de leur président au candidat du « système ». D’aucuns qualifient Oz de Republican In Name Only (RINO, ou « républicain seulement de nom »), favorable par exemple à conserver l’arrêt Roe v. Wade sur l’avortement (encore une fois, le thème est décisif et pourrait faire basculer une élection).

Et peu importe que Kathy Barnette ne soit pas soutenue par The Donald, les valeurs du mouvement surpassent bien son instigateur. Très active sur Twitter, redoutable en débat, farouchement pro-vie, les analystes la qualifient même d’« ultra-MAGA », incarnant une troisième voie conservatrice plus authentique.

Ensuite, la personnalité de Kathy Barnette a de quoi plaire. L’histoire personnelle – incroyable – de celle qui se dit incarner le rêve américain n’y est pas pour rien. « Je suis le produit d’un viol. Ma mère n’avait que onze ans lorsque j’ai été conçue. Dans le monde idéal de la gauche, je ne serais jamais née. » Elle ajoute : « Les gens recherchent une voix authentique qui partage vraiment leurs valeurs, pas un politicien qui y voit une chance électorale. » Pour Rob Gleason, l’ancien président du parti républicain de Pennsylvanie, « ce serait l’histoire du siècle si elle gagnait ».

Ses alliances, enfin. Kathy Barnette a gagné l’amitié et le soutien du sénateur Doug Mastriano, favori pour la primaire républicaine à l’élection (qui aura lieu en parallèle) de gouverneur de l’État de Pennsylvanie, à côté de qui elle fait campagne. Le duo, qui n’a pas sa langue dans sa poche, partage l’anti-establishment cher à la base trumpiste de cet État rural et industriel.

À ceux qui lui disent que c’est impossible, comme à un Trump en son temps, Kathy Barnette répond qu’elle aime son pays et que cela lui donne le droit d’essayer.

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

11 commentaires

  1. En tout cas, ça change de la porte parole de Biden ! Quelle volonté, cette femme. S’en sortir ainsi, dommage que la France ne donne plus sa chance aux gagneurs, elle préfère les chouineurs.

  2. Quand je dis que j’attends l’arrivée d’un Noir au Vatican pour remettre l’Eglise en ordre de marche, c’est un peu ce que je comprends ici. Trump va passer pour un modéré…

  3. Bravo Madame Barnette, que la chance soit avec vous, les compétences, manifestement, vous les avez.

  4. Une femme extraordinaire comme l’Amérique en produit et les aime. Beaucoup lui prédisent une carrière unique voir présidentielle. Le wokisme aura du mal à l’attaquer : Femme noire, hétéro, jeune, de droite, chrétienne et pauvre !!!

  5. « Si c’est possible; c’est fait. Si c’est impossible; cela se fera » Napoléon Bonaparte

  6. Comme Zemmour pour MLP, cette dame provoque le recentrage de Trump et va le faire passer pour un modéré. çà peut marcher !

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