Étudiants en médecine : le scandale du numerus clausus

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Pourquoi, alors que le numerus clausus pour l’entrée en médecine a été supprimé, n’avons-nous toujours pas plus de médecins exerçant ? Parce qu’il faut dix ans pour former un praticien, répond le chœur des Français, sans bien réaliser qu’à la fin de cette décennie, la génération du baby-boom qui en a le plus besoin aura en grande partie quitté ce monde et que ces confrères arriveront comme les carabiniers d’Offenbach...

Mais l’affichage de cet open bar médical cache aussi un gros mensonge par omission : son remplacement par le numerus dit apertus qui, succédant à la fixation d’un quota national, donne la main aux facs de médecine de toute la France pour déterminer le nombre d'étudiants admis en deuxième année, « en fonction des capacités de formation et des besoins de santé du territoire ». Des critères décentralisés et en apparence logiques.

Le hic, c’est que ce métier de compagnonnage, la médecine, s’apprend en pratique avec des formateurs, et au lit du malade. Or, des lits, on en a fermé énormément partout, tandis que la courbe démographique des formateurs suivait celle en toboggan des médecins en activité, sans parler de ceux qui ont fui l’hôpital et ses misères bien avant l’âge de la retraite.

C’est pourquoi la réforme n’a aujourd’hui augmenté le nombre d’étudiant que de 15 %, le portant au niveau de 1970, époque où nous n’étions que 50 millions de Français et, en moyenne, plus jeunes.

Qualitativement, le changement n’est pas meilleur, puisque les étudiants en liste complémentaire (en clair, la session de rattrapage) passent désormais un oral. Pourquoi pas ? À ceci près qu’il ne porte pas sur la médecine mais sur « les compétences transversales, les relations humaines, l’aisance à l’oral, l’empathie, etc. » Oral qui peut, comme à Brest, par exemple, constituer jusqu’à 70 % de la note ! Mal disserter sur l’art contemporain peut ainsi ruiner des milliers d’heures d’étude de la médecine...

Voilà pourquoi ceux qui ont la vocation chevillée au corps continuent à partir étudier dans d’autres pays de l’Union européenne, tandis que des médecins étrangers - à la formation parfois difficile à juger - viennent boucher les trous.

Alors, que le numerus soit clausus ou apertus, on a surtout envie de paraphraser Cicéron : « Quousque tandem abutere, Macronus, patientia nostra ? » (NDLR : « Jusqu'à quand, Macron, abuseras-tu de notre patience ? »)

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

16 commentaires

  1. On devrait déja supprimer cette  » école des « hautes » études en santé publique, destinée à des littéraires désoeuvrés, créée je ne sais quand, et qui ne sert à rien sauf fiche le bazar dans notre système hospitalier qui fonctionnait bien avant, quand les directeurs d’hôpitaux étaient des pontes de médecine en fin de carrière et de baroud..

  2. Le Conseil de l’ordre des médecins, organisme au passage créé par une loi vichyste, permet à ses membres de limiter drastiquement le nombre de toubibs, assurant ainsi un gonflement incessant de la patientèle de ceux en place et donc de leurs revenus. Numerus Clausus = outil visant à éliminer la concurrence loyale.

  3. Je ne pense pas que le numérus clausus soit le problème des médecins français, le vrai problème, c’est que faire de la médecine après les études ne paie pas, par rapport à ce qu’ils peuvent gagner dans d’autres activités avec les mêmes niveaux d’études, ce qui fait qu’il y a entre 25 et 30 % seulement des diplômés qui vont vers l’exercice lié au serment d’Hippocrate. Alors que faire? Des mesures autoritaires ne feront que détourner un peu plus les étudiants de cette filière. Revaloriser leurs émoluments? Peut-être, améliorer leur conditions d’exercice, pourquoi pas, il y en a beaucoup qui préfèrent être salarié, que de s’installer en libéral. Il faudra certainement repenser tout ce fonctionnement, mais le médecin que j’ai connu dans ma jeunesse disponible 24/24, c’est fini.

  4. Rappelez-vous, les députés et sénateurs médecins des années 70 ce sont eux qui sont responsables de cette situation. Ils ont voté des lois pour se constituer une rente de situation, et bien qu’ils payent maintenant ! Sppression du numérus clausus et ce sont les patients qui feront le tri

  5. L’occasion de cet article est donné pour dénoncer le fait que plus il y a des bureaucrates pour traiter de la santé moins il y a de soignants ! Dans ces ARS ,ils sont en train d’organiser la pénurie de tout , que ce soit au niveau des lits d’hopitaux comme du personnel soignant et des medecins non remplacés après leurs départ à la retraite . Sans parler que l’on demande à ceux restant de multiplier les actes au détriment de l’écoute des patients sinon de ne pas les aider à investir ou se payer une secrétaire . Donc exercer un chantage au moins disant ! Tout cela pour rendre caduque notre système de soins et son remboursement pour mieux le vendre au privé. Des rapaces pourront se faire de l’argent sur la santé des français et l’intérêt général du pays . Macron installe l’ultra libéralisme partout ,conseillé en cela par des cabinets , y compris étrangers qui sont en même temps les supplétifs des lobbies de leurs pays . On pourrait rajouter la suppression des services publics , les commauutés de communes qui se substituent aux mairies et leurs élus et les cabinets conseils qui font doublette avec des hauts fonctionnaires de l’élite pourtant très bien payés . Un contrat à été mis sur la tête France par tous ces ennemis de l’état nation malheureusement la riposte n’est pas à la hauteur de l’attaque . Peut être parce que le peuple français dans sa diversité ne ressent pas les urgences de la même façon , parce que pas tous lotis à la même enseigne et pas touts concernés par les luttes sociales qui ont permis davoir ce niveau de couverture unique au monde ! Les personnels de ces ARS , des communautés de commune et autres associations subventionnés ou payés pour cela , constitueront l’armée au service du nouvel ordre ou l’état profond acheté avec la destruction de notre bien commun et à terme la France dont l’unité a été obtenue dans la souffrance et le sang de ceux qui avaient foi en elle !

  6. Le Numerus Clausus était une façon de faire venir en France des médecins étrangers qui n’ont pas les même compétences que ceux qui sont formés en France .

    • Faux. Il a été instauré sur exigence de Sainte Sécu, avec l’aide active de l’Etat, dans le seul but affirmé de diminuer les dépenses de santé. Car ces crânes d’œufs, prisonniers de leur idéologie et de leurs syllogismes, étaient intimement persuadés qu’en réduisant l’offre de soins ils en réduiraient la demande. Ils n’ont aucunement réduit les dépenses, au contraire, car le numerus clausus ne concernait pas les fonctionnaires, recrutés à la pelle. mais ils ont installé la pénurie, passage obligatoire pour tout socialiste. Et qui dure encore.

  7. 4 décennies de lâcheté d incompétences de mensonges de traîtrise voilà comment les politicards véreux corrompus mafieux ont saccagé la France uniquement pour leurs objectifs personnels

  8. Cette soi-disant abolition du numerus clausus est une pure arnaque ! Rien de plus facile que le décider et mettre une signature de ministres et autres en bas d’une page, et hop ! emballé c’est vendu ! Mais la suppression de ce numerus ne s’est pas accompagnée de l’effort considérable de rectification de 40 ans d’absurdités politiques universitaires. Parce que si l’état avait réellement voulu refonder ce système dans le bon sens_ à savoir plus grand nombre d’étudiants, profs et meilleur formation_ il aurait dû accompagner sa décision par la construction de plusieurs nouvelles facs de médecine réparties dans toute la France, avec tout ce qui l’accompagne:
    – plus de fac
    – plus de profs
    -plus d’ encadrement
    -plus de lits dans les hôpitaux
    -plus d’ heures au chevet des malades
    -plus de logements étudiants
    – etc … etc …
    Or rien, strictement rien de tout cela n’a été fait en 40 ans.
    Ce qui aurait pu être fait en 10 ans à l’ époque, demandera maintenant un effort colossal sur au moins 20 ans pour redresser la barre.
    Et à condition qu’on le veuille vraiment au niveau politique, ce qui est loin d’être évident aujourd’hui …. ! ! !

  9. J’ignorais que nos futurs confrères étaient notés sur la culture du maïs dans le Middlewest ou sur le vol des oiseaux migrateurs (j’ai bien dit les oiseaux). Cela me paraît fort inquiétant pour leur qualité professionnelle, alors qu’ils sont déjà peu motivés (par ex. pour les gardes de nuit)..

  10. Les jeunes qui vont se former à l’étranger, en Europe surtout, ne reviennent pas en France préférant aller exercer dans un autre pays moins « emmerdant » et où ils seront mieux payés. Macron Véran Braun ne le savent pas

  11. D aucuns veulent remplacer les médecins par des machines
    Beaucoup plus rentable que des toubibs
    Le pognon, le pognon toujours et partout

    • Les médecins d’aujourd’hui (pas tous heureusement) penchés sur leur ordi. ne savent même plus écouter, examiner,
      palper etc… L’un d’eux, un spécialiste que je voyais pour la première fois, m’a dit : « Taisez-vous car si vous parlez tout le temps, je ne peux pas me concentrer »… Je lui expliquais simplement mon parcours médical assez complexe et les différentes interventions chirurgicales subies. Je ne suis jamais retournée le voir. Professionnelle de santé, je me débrouille seule comme je peux, comme tous mes confrères en retraite.

    • J’ai hâte qu’ils soient remplacés par des machines, l’intelligence artificielle est très performante et bien plus aimable que beaucoup de médecins sans empathie.

  12. À 72 ans, j’ai l’impression d’avoir entendu parler de ce serpent de mer toute ma vie d’adulte.
    Les français ne sont pas prêts de revoir des « médecins de campagne », vous savez, celui qui jours et nuits, étés comme hivers qui était toujours disponible.

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