Eudes Baufreton : « Bientôt, le drame économique va être nettement supérieur au drame sanitaire »
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Le rapport de la Cour des comptes vient de tomber : sans surprise, la dette explose mais toutes les dépenses de l'État ne sont pas liées à la crise sanitaire. Certaines, dites « structurelles », ont continué à progresser sans effort de limitation. Peut-on encore continuer ces restrictions sanitaires qui pèsent sur l'économie ? Va-t-on échapper à la crise économique ?
Explications et réactions d'Eudes Baufreton.
Le rapport de la Cour des comptes sur les dépenses de l’État montre que les dépenses publiques explosent avec la période de Covid. Qu’en est-il précisément ?
Les dépenses de l’État ont fortement augmenté. Une partie de ces dépenses s’explique par la conjoncture : avec la crise sanitaire, des dépenses ont été engagées, mais il y a aussi les dépenses structurelles de l’État qui ont continué à progresser indépendamment de la crise sanitaire. Ce sont les contribuables qui vont payer la facture, ce n’est pas gratuit, comme disait François Hollande, et chaque euro dépensé par un élu est un euro payé par un Français. La question que l’on est en droit de se poser est la suivante : au moment où l’État aurait dû réduire un certain nombre de projets non essentiels, les bonnes mesures ont-elles été prises ? Les bonnes réformes ont-elles été faites ? Visiblement non. L’État a continué sur le même train de vie alors qu’il y a des dépenses supplémentaires. C’est un peu comme si un ménage faisait face à une crise, que l’un des deux conjoints perdait son salaire et que le ménage continuait à dépenser de la même manière. Ça pose un problème.
Peut-on continuer ces restrictions sanitaires ?
Ce n’est pas possible de continuer comme cela. Et Bruno Le Maire l’a dit à plusieurs reprises. Bientôt, le drame économique sera bien supérieur au drame sanitaire. Là, on ne le voit pas encore car l’économie est sous perfusion, le chômage partiel est payé et financé par la dette, mais les caisses sont vides. Cela va créer des tensions au sein de l’Union européenne car certains pays ont fait des choix, qui se révéleront bénéfiques. En France, nous avons tout fait prendre en charge par l’État, au nom d’un principe de précaution, et cela ne pourra pas continuer bien longtemps. Certains pays européens ne voudront pas payer cette dette commune. La mutualisation de la dette imposée par Emmanuel Macron est pourtant interdite par le traité de Maastricht. Les pays du Nord qui sont économes et vertueux ont fait le choix de la responsabilité individuelle, ils ne voudront pas payer l’addition de pays dépensiers. Et cela est bien légitime.
Peut-on échapper à la crise économique annoncée ?
Non, on ne peut pas y échapper. D’un côté, l’économie est atrophiée et va générer du chômage et une situation sociale coûteuse. De l’autre côté, il y a autant de recettes fiscales en moins et, donc, il y aura un véritable effet de ciseaux. En réalité, l’État devrait aujourd’hui s’engager dans un grand plan de réformes structurelles visant à réduire son périmètre d’intervention et son niveau de dépenses courantes. En France, on a quasiment six millions de fonctionnaires, il y en a seulement trois en Allemagne. Cela veut tout dire ! L’État a maintenu ses prérogatives et son champ d’intervention alors que l’économie privée est à genoux. Ce sont les citoyens qui sont au service de l’État alors que cela devrait être l’inverse. Ce rapport de la Cour des comptes met ce problème en lumière.
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