Europe : quelle liberté pour Viktor Orbán ?
Un esprit critique perspicace pourrait, aujourd’hui, se demander si l’existence du bloc de l’Est n’était pas le contrefort du bonheur relatif de l’Ouest. Personne ne songerait à nier le progrès connu par les anciens satellites européens de l’URSS qui ont retrouvé leur indépendance nationale et leurs libertés publiques. Il faut cependant déchanter. De façon sournoise, un certain nombre des travers du bloc de l’Est sont passés à l’Ouest, et ce sont les nouveaux venus qui en sont les premières victimes. C’est ainsi que le gouvernement hongrois de Viktor Orbán, largement soutenu par une majorité des électeurs, défend une conception traditionnelle de la famille et vient, dans ce but, d’adopter une loi visant à empêcher la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs.
La justification de ce texte est limpide : pour le gouvernement hongrois, les comportements sexuels ne se valent pas en fonction du bien commun, et il n’est pas souhaitable que les enfants ou les adolescents soient incités à des comportements moins favorables de ce point de vue. Ceci n’entraîne aucune mesure discriminatoire ou répressive envers les adultes qui les auraient choisis. Bref, la Hongrie adopte une attitude conservatrice qui a, pour l’instant, l’aval de la majorité de sa population.
Or, 17 États européens, et Emmanuel Macron en particulier, ont réagi violemment à la nouvelle législation hongroise, passant des récriminations aux menaces sous prétexte que les valeurs de l’Union européenne seraient bafouées et réaffirmant leurs engagements envers la « communauté LGBT+ ». Dans la presse française, on ose parler du « régime » hongrois, manière de mettre ce pays au ban des démocraties. Madame von der Leyen, la présidente de la Commission de Bruxelles, veut, elle aussi, défendre les valeurs de l’Union européenne et, pour ce faire, n’a pas hésité à évoquer la sortie de la Hongrie de l’Union.
Cette étonnante diatribe suscite trois remarques. La question de la reconnaissance d’une « communauté LGBT+ » et de ses droits est idéologique. Autrement dit, elle devrait se situer sur le terrain de la libre discussion et dépendre du choix des citoyens. C’est le fait d’interdire le débat et d’exiger une pensée unique qui est en contradiction avec les valeurs libérales de l’Europe. Il y a deux idéologies : la première considère que le choix de sa sexualité, ou le fait de l’assumer si on considère que ce n’est pas un choix, ne nuit pas aux autres et donc ne doit pas être entravé ; la seconde estime que le maintien de la famille unissant les deux sexes pour donner la vie à des enfants et les éduquer appartient au bien commun d’une société qui doit être défendu. La confrontation entre ces ceux conceptions doit être digne. Ce qui est stupéfiant, c’est que la caste qui dirige l’Europe fait de la première option une idéologie obligatoire. Le totalitarisme est bien passé de ce côté-ci du mur !
Dans la manière de vivre et donc dans l’idéologie du microcosme qui surplombe la vie des Européens de l’Ouest, l’homosexualité a pris une place privilégiée. La tentative récente d’utiliser un match de la coupe d’Europe de football pour exercer une pression sur la Hongrie en est une illustration voyante. La façon plus discrète utilisée par les députés français pour faire passer en douce, à la veille des vacances « post-Covid », la PMA pour les femmes, seules ou en couple, appartient au même registre. Il faut être aveugle pour ne pas voir la surévaluation de ces questions dans nos sociétés. Elles sont loin d’intéresser une grande partie de l’opinion, mais en revanche, elles sont au cœur du cœur de nos sociétés, au sein des partis politiques, des médias, des relais d’opinion, de la culture et de la publicité.
Au-delà de ce constat, on doit simplement craindre que l’importance donnée à ces problèmes ne soit une manière de détourner l’attention de la population vers des sujets moins gênants que l’effondrement économique, le blocage de l’ascenseur social, le recul de l’Europe et de la France, en particulier face à l’Asie, ou encore la submersion migratoire qui change, bien sûr, une population qui ne fait plus d’enfants mais en importe. En URSS, aussi, on détournait l’attention des questions économiques et sociales vers les valeurs idéologiques… jusqu’au moment où c’est devenu insupportable pour le peuple.
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