Europe : vers l’interdiction des boîtes en bois pour nos camemberts ?

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Il faudrait être bien sot pour prétendre que la Commission européenne n’a pas le sens des priorités, en témoigne ce texte de loi censé entrer en application à l’horizon 2030 et visant à interdire… le traditionnel emballage en bois de nos camemberts ! Ce qui prouve au moins que cette instance sait aussi raisonner dans le temps long.

Une injonction européenne

À l’origine de cette mesure, une injonction européenne répondant au doux nom de PPWR, pour Packaging and Packaging Waste Regulation (Règlement sur les emballages et les déchets d’emballages, NDLR), visant à « harmoniser les règles sur l’empaquetage des produits de grande consommation à l’échelle du continent ». Au fait, pourquoi cela est-il rédigé en anglais, le français étant aussi langue internationale ? D’ailleurs, l’Angleterre ayant quitté l’Europe, on voit encore moins l’intérêt d’utiliser cet idiome maintenant étranger.

De son côté, le site ConsoGlobe, très en pointe dans la bienveillance inclusive et environnementale, affirme : « L’objectif est de réduire l’impact écologique des emballages, un enjeu crucial à l’ère du changement climatique. Or, les emballages représentent un véritable enjeu, ils sont très utilisés, mais aussi très polluants. » Certes, il y a ce que l’on surnomme le septième continent, ce « monstre de plastique », soit « au moins 1.800 milliards de déchets plastiques qui polluent les océans […] agglomérés en une monstrueuse masse qui ne cesse de s’étendre en plein Pacifique ». Mais on n’a, pour l’instant, que rarement entendu parler d’un éventuel huitième continent, celui que formeraient près de deux milliards de boîtes de camembert flottant au large des côtes normandes. Une négligence coupable, à n’en point douter, pour laquelle nous présentons, au lecteur et par avance, nos plus plates excuses.

Sans surprise, les réactions ne se font pas attendre. Premier à sortir le clairon ? Aurélien Véron, conseiller de Paris, élu sous l’étiquette du Parti libéral démocrate dont il est le président : « Nos parlementaires travaillent dur à sortir le pays de son déclin avec des règlementations essentielles qui vont libérer la croissance et la prospérité. »

De son côté, Guillaume Poitrinal, ancien patron d'une entreprise du CAC 40, est plus direct encore sur son compte X : « Jusqu’où peut conduire la folie de la bureaucratie. La boîte en bois – bas carbone, légère, biodégradable, fabriquée en France – est meilleure pour la planète que le plastique issu de pétrole saoudien, transformé en chine avec de l’électricité au charbon, et qui finira dans l’océan. » Voilà qui n’est pas fondamentalement faux.

Des emplois en jeu

En effet, loin de nous l’idée saugrenue de donner des leçons aux brillants esprits de la Commission européenne, mais il nous semble bien que, par nature, le bois est une matière biodégradable. Vous jetez une boite de camembert dans votre jardin ? Quelques semaines plus tard, elle sera retournée vers son humus originel. Moins négligent, vous l’abandonnez dans la cheminée ? Elle servira à faire partir la flambée.

Mais il est vrai que ces cheminées sont en passe d’être, elles aussi, interdites en France au nom de la sauvegarde de la planète. Revenons-en plutôt à nos chers camemberts, bénéficiant d’une AOP (appellation d’origine contrôlée) qui stipule que leur jolie boîte ronde, tout en bois, fait partie de leur secret de fabrication. Cette appellation pourrait bien disparaître, le jour où nos claquos seront vendus sous plastique puisque, rappelle ConsoGlobe : « La boîte en bois est un élément clé de l’identité du camembert AOP. Sa disparition pourrait remettre en question cette certification, essentielle pour la reconnaissance et la valeur du produit. »

Au-delà de la boîte, la disparition de cette filière pourrait nous coûter deux mille chômeurs supplémentaires. Un drame social de plus, alors que nous ne traversons pas précisément une période de plein-emploi, tel que rappelé sur TF1 Info par Claire Lacroix, PDG du groupe éponyme qui fabrique quelque 200 millions de boîtes de camembert par mois.

Si, à ce jour, le Parlement européen n'a pas voté le texte, il menace chaque jour davantage. Force est de constater que ces règlementations nous viennent de technocrates qui s’y connaissent à peu près aussi bien en frometons que les Anglais en pinard. Chez ces gens, issus de contrées où les fromages sont à pâte molle, les cervelles ne le sont décidément pas moins.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

65 commentaires

  1. A l’image des fromages lorsqu’on les sert, la Commission Européenne devrait d’abord s’appliquer cette « Packaging and Packaging Waste Regulation » en se mettant sous cloche. Cela nous ferait des vacances.

  2. L’UE finira dans une boîte en bois.
    Son implosion, due à son sectarisme tous azimuts, sera la norme, les européens en ont ras-le-bol.

  3. Cela fait un moment que ces inutiles de Bruxelles s’acharnent sur le fromage !
    Ils ont réussi en partie, les fromages sont de plus en plus mauvais

  4. Quand donc allons-nous nous affranchir de ces technocrates de Bruxelles qui détruisent tout sans connaître quoi que ce soit ?

  5. Il faut absolument changer cette Europe, bientôt ils vont nous interdire de respirer. Et nous lui versons des milliards
    pour nous pourrir la vie

  6. Cette éventuelle interdiction confirme la volonté de tout détruire ce qui porte sur les traditions. Elle permettra aussi de transférer cette activité au marché mondialisé pour le profit des marchands apatrides.

  7. La boîte en bois ou en carton qui entoure la plus part des camemberts est elle bien nécessaire ? Ceux ci sont déjà emballés dans un papier plastique similaire à celui qui entoure par exemple la plus part des bûches de chèvres, or ces dernières n’ont pas de second emballage. Ce double emballage me paraît source de déchets inutiles.

    • Vous ne m’avez pas l’air très au fait des bûches de chèvre (de qualité).
      Ne voyez vous pas que c’est notre culture qu’ils s’échinent à détruire ?

  8. Mais ce n’est pas possible la bêtise à ce point ! Encore des imbéciles qui essaient de justifier les salaires mirobolants de ces usines à gaz européennes. Stop aux réglementations, complications, interdictions, ça devient insupportable.

  9. Tant en Europe qu’en France ou ont-ils allés dénicher cette bande de sons, n’y aurait-il pas des problèmes plus urgents et graves à traiter que des âneries pareilles. Aux urnes citoyens, il faut virer tout ça en 2024 et 2027!

  10. ils n’ont rien d’autres à faire que de légiférer sur les boites à camembert ? ils sont grassement rémunérés à nos frais pour s’ennuyer si l’on en croit la brave dame tricotant une chaussette sur les bancs bruxellois ! ma colère contre le félon Sarkozy ne s’est pas calmée depuis 2005 : sortons vite de cette union européenne stérile et destructrice.

    • Tout à fait : frexit ! Je suis fatiguée de cette Europe qui nous pourrit la vie, nous vassalise auprès des Etats Unis, et des lobbies, qui détruit la France et qui nous mène à la guerre

  11. Ce serait dommage de supprimer cet emballage en bois car en été, après les grillades, c’est bien pratique pour le camembert fondu sur les braises avec les mouillettes. Décidément, cette Europe nous enlève tout !

  12. Les illuminés bruxellois avaient jeté il y a quelques années une fatwa sur la pizza cuite au four à bois. La majorité des pizzaioli continuent, en Italie, à cuire leur production dans le respect de leur tradition. Et compte tenu des coûts de l’électricité et du gaz ils n’y voient que des avantages.

    • Mais ils ne sont capables de s’occuper que de chose de ce « très haut niveau » comme la courbure des bananes ou les lunettes de toilettes etc. etc. La vraie dictature venant de l’Allemagne par VDL interposé ! L’europe est gouvernée un peu comme la France, un dictateur.trice, et des guignols qui sont là pour « meubler » !

  13. Attention les Anglais pourraient nous rappeler qu’ils sont à l’origine des classements des grands Crus Bordelais.

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