Européennes 2024 : populisme et nationalisme ont le vent en poupe

union européenne

Près de 370 millions d’électeurs européens étaient appelés aux urnes, la semaine dernière. Principale leçon du scrutin : les partis conservateurs et populistes ont le vent en poupe. En France, c’est un véritable raz-de-marée RN qui s’est abattu sur l’Hexagone. Le verdict était pourtant attendu. Seuls l’hubris d’Emmanuel Macron et son aveuglement narcissique s’en sont offusqués, le poussant à opter avec précipitation pour la dissolution de l’Assemblée nationale dans l’espoir de laver l’humiliation subie. Un pari risqué, alors que la colère des Français vient de sanctionner son bilan… À l’exception notoire de l’élite parisienne qui, comme l’élite européenne, semble tout autant déconnectée du pays réel. L’une comme l’autre ne sauraient comprendre cette vague bleue qui a déferlé dans toute l’Europe.

Allemagne et Autriche : victoire des conservateurs

En Allemagne, le chancelier chancelle : les sociaux-démocrates du SPD (le parti d’Olaf Scholz) n’ont obtenu que 13,90 % des suffrages, face aux 30 % des chrétiens-démocrates et conservateurs du CDU et du CSU (le parti de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, PPE). Les nationalistes de l'AfD, en dépit du scandale récent qui avait jeté l’opprobre sur le parti à propos des déclarations de Maximilian Krah, arrivent, eux, en seconde position (15,90 %). En Autriche, le parti conservateur et anti-immigration FPÖ a fait son grand retour (25,70 %), devenant ainsi, pour la première fois, la plus importante force politique du pays.

Hongrie, Italie et Grèce : les partis au pouvoir en tête

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán s’impose toujours en tête, son parti populiste et ultraconservateur Fidesz ayant remporté 44,61 %. La question qui se pose est désormais de savoir quel groupe Orbán ralliera au Parlement européen. Exclu du PPE en mars 2021, il se pourrait qu'Orbán rejoigne le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) dans lequel siège le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et siègeront les députés de Reconquête. Les Fratelli ont aux aussi devancé leurs adversaires (28,77 %).

En Grèce, le Premier ministre conservateur Kyriákos Mitsotákis, porté par le parti conservateur Nouvelle Démocratie (PPE), est arrivé en tête, avec 30 %.

Espagne, Pays Bas et Suède : des partis nationaux conservateurs moins gagnants

En Espagne, le Parti populaire (PPE), emmené par le timoré Alberto Núñez Feijóo, obtient le score de 34,18 % mais Vox n'arrive que troisième (9,62 %). Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders (ID) arrive en seconde position, avec 17,70 % des suffrages, face à la coalition écologiste et social-démocrate GL–PvdA (21,60 %). En Suède, le parti des Démocrates (CRE), qui s’était imposé comme le deuxième parti suédois, a été relégué, ce dimanche, en quatrième position (13,90 %). Cela n’a toutefois pas empêché les jeunes Démocrates suédois de célébrer les résultats des élections en chantant Ausländer raus (« les étrangers dehors »).

Le PPE conforté ?

À Strasbourg, la droite, représentée majoritairement par le groupe du Parti populaire européen (PPE), conforte ainsi sa position : de 176 députés, le PPE passerait à 185. Quant à la droite dite « extrême », elle a fortement progressé : si on additionne les députés des Conservateurs et Réformistes (CRE) et ceux du groupe Identité et Démocratie (ID), ce sont 131 élus pour cette mouvance. La nouveauté de ces élections 2024 : la perte sèche des libéraux de Renew Europe dans lequel siègent les macronistes et des écologistes de Verts/Alliance libre européenne, qui perdent de nombreux élus : 19 sièges en moins pour Renew Europe et 18 pour les Verts/Alliance libre européenne. Au sein de l’hémicycle européen, le trio de tête n’est donc pas remis en cause : les droites du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D) et les libéraux conservateurs (Renew Europe) conserveraient leur place sur le podium.

Vague nationaliste en Europe : les causes profondes 

Pouvoir d’achat, insécurité et immigration : les causes ne manquent pas, pour expliquer un tel succès des idées nationalistes à l’échelle du Vieux Continent. Les partis nationaux-conservateurs progressent, au détriment des partis centristes. Emmanuel Macron, eurobéat, rêvait d’« une Europe unie, forte, indépendante ». Un vœu pieux, puisque les peuples, euroréalistes, ne voient dans la forme institutionnelle actuelle qu’une puissance désunie, incapable de les protéger et placée sous la tutelle stratégique de la puissance américaine.

Une convergence des partis nationalistes qui s’étiole, cependant, dès lors qu’il s’agit de politique internationale. Les positions à l’égard du conflit ukrainien et de la Russie de Vladimir Poutine peuvent différer (l'AfD, par exemple, reproche à Zelensky d'être « un président de guerre »), de même concernant le rôle dévolu aux États-Unis sur le continent ou encore la présence prédatrice mais économiquement prolifique de la Chine.

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

11 commentaires

  1. « À l’exception notoire de l’élite parisienne qui, comme l’élite européenne, semble tout autant déconnectée du pays réel. » Il est bien connu que la France s’arrête au périph’. Après, c’est le désert.

  2. Que feront tous ces dirigeants lorsque,obligée de concentrer ses effort sur le Pacifique, l’Amérique lâchera l’Europe ? Pas d’illusion à se faire, ils quitteront la place sans vague à l’âme comme ils ont toujours fait dans tous les conflits depuis 1945. Ils ont plus aidé l’Allemagne et le Japon que les pays co-vainqueurs de la seconde guerre mondiale. La Chine pour eux est un autre adversaire…

  3. Ne crions pas victoire trop vite quand on sait que le parti de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen est le PPE. Comme en France, les problèmes sont à la tête, Macron chez nous, Von der Leyen à la commission. Tant que ces deux seront toujours présents, le pire est à craindre.

  4. Je ne comprends pas ce sens péjoratif que l’on donne au mot « populisme » ! Encore les conseillers de Macron qui lui trouvent des manigances pour détourner le sens des mots. C’est comme le mot progressisme qu’on utilise, à tort à mon avis, lorsqu’on considère que l’avortement à tout va, l’euthanasie pour les personnes en souffrance, les interventions transgenres et autres traitements pour des gosses, etc., sont affublés du terme « progressiste ». Je ne vois pas où est le progrès dans toutes ces suppressions de vies.

  5. Tous les « bien pensants », traitent les populistes et nationalistes dont je suis, comme des porteurs de maladies honteuses, pour les ostraciser, alors qu’il faut être très fier de l’être, surtout par rapport à ces « bobos » mondialistes, qui ont mené la France à la ruine sur tous les plans.

  6. Comme avait dit Georges Marchais : « Liliane fais les valises, on rentre à la maison. »
    Ursula von der Leyen sera-t-elle virée avec armes et bagages ?
    Sauf ses téléphones portables à ligne direct Bruxelles-Pfizer.

  7. Ursula Von Der Leyen peut commencer a faire ses valises et partir en vacances avec Macron , Attal , Darmanin et les autres …

  8. J’aime le beau mot de « populisme », il signifie « qui se soucie du peuple ».
    Et son contraire est « élitisme » qui guide toute la politique du Pouvoir actuel, pour privilégier une élite mondialiste en exploitant les peuples (notamment, surtout, par l’union européenne, terriblement efficace pour ça).
    Vive le populisme ! Vive la démocratie qui protège les peuples, tous les peuples.
    A bas l’élitisme de l’u.e. d’extrême droite (= exploiter le peuple au profit d’une élite, d’une aristocratie).

  9. Partout en Europe les peuples se révoltent pour retrouver leur souveraineté et il faut continuer le combat .

  10. Ca veut dire quoi ? Il n’y a que des Français qui veulent le retour à une vraie France, et pas à ces immigrés qui nous ont mis à la porte avec la complicité du Colonel..

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