Européennes 2024 : tous unis avec l’Italie ?

GIORGIA MELONI

N’en déplaise aux proches de Reconquête, la coalition qui a porté Giorgia Meloni et ses alliés Salvini et Berlusconi au pouvoir à Rome est un scénario irréalisable en France. Néanmoins, l’union de la droite italienne a été le pari politique gagnant de l’année 2022. Presque de quoi faire naître une fraternité européenne dans les partis politiques euro-sceptiques. Vue comme une victoire par les souverainistes et patriotes, analysée comme l’avènement d’une Italie post-fasciste par les dramaturges progressistes, l’aventure italienne a fortement marqué les esprits.

Mais alors, pourquoi s’arrêter là ? Ce lundi, la presse italienne s’est fait l'écho de tractations et de négociations entre les trois leaders de droite italiens en vue de constituer une liste commune aux élections européennes. Le leader de Forza Italia, Silvio Berlusconi, a de nouveau évoqué la possibilité de former un « parti unique » avec ses deux alliés de droite, la Ligue de l’ancien Premier ministre Matteo Salvini et Fratelli d’Italia du Premier ministre Giorgia Meloni.

Un vieux souhait aujourd’hui réalisable ?

« Notre coalition est unie, crédible, faite de relations loyales entre différentes forces politiques et capable de travailler ensemble depuis presque trente ans. Une coalition qui pourrait un jour devenir un seul et même parti », a écrit l’ancien Premier ministre italien sur ses réseaux sociaux. Une information et un souhait que Giorgia Meloni et Matteo Salvini n’ont pas démenti. Un souhait émis alors que les sondages laissent supputer une érosion inexorable de Salvini et Berlusconi au profit de Giorgia Meloni. En effet, selon le sondage YouTrend/Agi Supermedia du 23 décembre 2022, la Lega est à 8,8 % des intentions de vote, tandis que Forza Italia est à 6,4 %. Au contraire, Fratelli d’Italia continue de progresser pour atteindre 30,6 %. Une intention a priori louable. « C’est l’éternelle discussion qui reprend mais l’hypothèse d’un groupe uni de souverainistes et patriotes au sein du Parlement européen est souhaitable évidemment », affirme Thierry Mariani. L’eurodéputé RN et ancien ministre de Nicolas Sarkozy ajoute que « c’est une volonté totalement partagée par Jordan Bardella », le président du RN, qui compte bien emmener son parti à la conquête du Parlement européen.

Une opposition divisée mais pas fracturée

Mais tout fantasme est-il bon et surtout faisable ? Les trois partis italiens en sont une évidente démonstration. Fratelli d'Italia, Forza Italia et la Lega siègent dans trois groupes européens différents. Les eurodéputés de Meloni siègent dans le groupe conservateur ECR avec, notamment, les Espagnols de Vox et surtout les Polonais de Droit et Justice (parti au pouvoir en Pologne) qui constituent la délégation la plus nombreuse. Ceux de Berlusconi siègent au PPE avec, notamment, les Français de LR. Et ceux de Salvini siègent au groupe ID avec le RN. « Je suis assez sceptique à vrai dire, murmure un eurodéputé français. Aujourd’hui, Salvini a plus d’une vingtaine d’eurodéputés et Meloni seulement 8. Qui dit liste unique dit enterrement de première classe pour la Lega qui verra le rapport de force s’inverser aussi au niveau européen. »

Des détails d’intendance

Pour autant, l’idée existe et demeure populaire chez les partis souverainistes qui entendent bien peser et renverser cette Europe technocratique au profit d’une Europe respectueuse de la souveraineté des nations. Mais c’est tout le paradoxe : reconnaître la souveraineté des nations, c’est aussi accepter la souveraineté des intérêts nationaux divergents. Pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s’est rendue à Madrid et à Varsovie pour promouvoir la vieille idée d’un groupe unique. Auprès d’élus notamment de l’ECR, elle avait défendu le principe avec son ami hongrois Viktor Orbán. « Nous savons que nous aurons des points de divergence et nous ne cherchons pas une Europe fédérale mais une Europe des nations libres et souveraines », affirme Jean-Lin Lacapelle. L’eurodéputé RN promu par Jordan Bardella porte-parole et délégué national des Français de l’étranger pense que le pari est gagnable. « Nous avons un socle de valeurs communes : lutte contre l’immigration, souveraineté et identité », dit-il.

D’autant que la route est encore longue avant les élections européennes, « qui peut garantir que la coalition italienne sera encore au pouvoir en Italie d’ici là ? », souffle un eurodéputé. « Les récentes victoires de nos amis portugais et suédois vont se traduire par un renouvellement du Parlement européen », rétorque Lacapelle, qui conclut : « Au fond, la structure n’est pas fondamentale. Peu importe l’administratif et la logistique, à la fin seul compte le vote. » En d’autres termes, les partis européens patriotes veulent faire le plein de troupes en pariant que l’intendance suivra.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/01/2023 à 22:48.
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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Dieu qu’il est triste de voir nos droites de regarder en chien de fiance. Il faut dire que certaines de ces Droites LR et RN sont des Socialistes qui l’ignorent…!!!

  2. L’union des droites n’est pas réalisable en France ….1 = le parti LR doit être dissous, parti de gauche infiltrée , parti de traitres, ce parti doit disparaître pour ramener de la visibilité á droite .. 2 = Eric Zemmour est un épouvantail, il doit se retirer officiellement de Reconquête ( personnage clivant de la même que Laurent Wauquiez chez LR) … 3- il reste le parti RN , dont l’emplacement sur l’échiquier politique n’est pas clair, de droite et de gauche à la fois, avec Marine qui ne convainc pas vraiment sur son objectif de prendre le pouvoir – Elle doit passer la main à Jordan Bardella pour les prochaines présidentielles .

    • Au fait vous aimez qui ??? Bardella ? un pion très pâle qui ne fera aucune ombre à Marine le Pen, vous croyez qu’elle l’a mis en place pour quoi ?? et toutes vos autres critiques!!! Vraiment haineux et plutôt extrémiste, bon vu que 40% des Français ne savent que voter pour leur nombril , sans se soucier de leur patrie !!! Je vous verrai bien en adepte de Louis XV et de sa cour gauchiste ???Lorsqu’on critique à tout va on leur ressemble et cela n’apporte rien ni à vous ni au pays !!!

      • J’aime bien ceux qui ont des convictions et des valeurs sans pour autant avoir les dents qui rayent le parquet, j’aime bien FX Bellamy, j’aime bien Marion Maréchal … et d’autres aussi

  3. En France, ce sont ceux qui se sont pris une claque à droite ux présidentielles, puis une en retour sur la joue gauche aux législatives, ceux qui ne représentent même pas 5% ,qui préfèrent faire perdre la France, que practiser pour la faire gagner.
    Zemmour ferait bien de se faire aussi petit que ses scores, et laisser la vraie droite gagner, et faire du LR, ce que les gauchistes ont fait du PS.
    Mais bin, la France est la France avec ses mitrailleuses politiques toujours en action.

  4. Bien sur qu’elle a commencé. Dès le lendemain des législatives. Entre les présidentielles, les législatives, les Européennes, les sénatoriales, les régionales, les départementales, les municipales… La France est le seul pays européen qui est en campagne permanente… et dont les dirigeants, en permanence à la recherche d’un siège à conserver ou à acquérir, ont d’autres choses à faire que s’occuper des Français…

  5. L’union pour être élu c’est bien mais en faire quoi ? Nos 89 députés sont bien au chaud maman Marine les surveille. Jusqu’à aujourd’hui Giorgia Meloni n’a pas particulièrement brillé par ses réformes ou actions sur les sujets cruciaux notamment l’émigration, après un court esclandre médiatique avec Macron tout a repris comme avant, l’Europe tient la laisse des crédits bien serrée. Quand au parlement Européen nous savons tous que c’est une pantalonnade les députés n’ont qu’un rôle consultatif limité c’est la commission qui gouverne. Il faut prendre le pouvoir dans chaque pays si l’on veut faire changer l’Europe, pour l’instant seul Orban est crédibles.

  6. Il veulent former un parti unique de droite européenne mais, déjà en France, ils sont incapables s’entendre. MLP, forte de sa deuxième place aux présidentielle, estime que le RN peut gagner tout seul, Éric Zemmour qui prétend avoir 120 000 adhérents, s’est écroulé dans les sondages et n’arrive pas à ceder la place à Marion pourtant plus cotée et préférée pas les adhérents, il réclame une union des droites, mais à condition que ce soit lui le chef, et Nicolas Dupont Aignan tel un roquet tourne autour de ces deux là, totalement inefficace mais en aboyant très fort… En réalité, tout ce petit monde se moque complètement des Français. Ils cherchent une place. S’ils voulaient vraiment « sauver la France », il y a longtemps qu’ils se seraient entendu pour faire front commun, faisant passer l’intérêt général avant leurs petits intérêts de boutiquiers.

  7. Utopique en France. Voir les commentaires de Zemmour sur MLP et le RN et ses électeurs après la présidentielle, et je ne parle pas de LR et de tous ses tartuffes qui ont appelé à voter Macron ou à s’abstenir ce qui revient au même. Seul reste le RN comme parti de droite populaire et souverainiste.

  8. Un maximum de députés  » Souverainistes » ce sera le but à atteindre, une façon de dire Stop à cette Europe technocratique qui nous mène droit dans le mur. Stop à cette immigration qui cherche à détruire nos us et coutumes. Non, à cette Europe vassale des USA .

  9. Je suis sans doute trop bête pour comprendre mais je ne vois pas en quoi l’intégralité de cet article serait la démonstration de sa première phrase: » N’en déplaise aux proches de Reconquête!, la coalition qui a porté Giorgia Meloni et ses alliés Salvini et Berlusconi au pouvoir à Rome est un scénario irréalisable en France. »
    Ou bien, dois-je comprendre qu’à BV, la campagne des européennes a déjà commencé?

    • Bien sur qu’elle a commencé. Dès le lendemain des législatives. Entre les présidentielles, les législatives, les Européennes, les sénatoriales, les régionales, les départementales, les municipales… La France est le seul pays européen qui est en campagne permanente… et dont les dirigeants, en permanence à la recherche d’un siège à conserver ou à acquérir, ont d’autres choses à faire que s’occuper des Français…

  10. « N’en déplaise aux proches de Reconquête!, la coalition qui a porté Giorgia Meloni et ses alliés Salvini et Berlusconi au pouvoir à Rome est un scénario irréalisable en France. » dites vous. Pour le moins, ne manque-t -il pas une argumentation a votre assertion ?

  11. Mais en France qui peut avoir confiance dans les LR dont les seuls objectifs étaient de conserver leur fromage, obéir à Bruxelles, et copiner avec la gauche et les trotskystes pour leur prétendu  »front républicain » afin de paralyser le vote patriote. Ils n’auront même pas l’intelligence stratégique de s’allier. Rendez-vous compte : le «  »meilleur d’entre-eux » c’est …Juppé ! Imaginez le reste …
    Laissons faire les choses : les derniers militants patriotes LR partiront et ce parti sans boussole, sans capitaine et sans équipage finira par sombrer complètement. D’ailleurs les  »officiers  » partent aussi : de Nice à la région Grand Est, en passant par l’Aveyron Les Rats (LR) quittent le navire…

    • Quand on pense que Retrailleau, durant la campagne pour la présidence du parti, avouait qu’ils ne voteraient jamais la censure, parce qu’elle risquerait d’entraîner une dissolution, donc de nouvelles élections dont les LR sortiraient étrillés, avec encore moins de députés qu’aujourd’hui… Ils préfèrent donc laisser la France s’enfoncer plutôt que de perdre leur prébendes… Les Français ne sont pas dupes. Ce partinest fini.

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