Européennes : durant le premier débat à sept candidats, la gauche à la peine

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C’est le premier grand débat de la campagne des européennes rassemblant l’ensemble des sept candidats. Dimanche, l’émission Le Grand Jury diffusé sur RTL, Paris Première, Le Figaro et M6 a donné lieu à quelques échanges savoureux sur fond de cacophonie à la limite du supportable. Au menu, de vraies thématiques : la sécurité, la transition écologique, les frontières et l’économie.

Valérie Hayer attaque d’emblée le seul point prétendument faible du candidat RN : sa cousinade légendaire avec Poutine. « Il y a un risque que, demain, nous soyons attaqués », assure la candidate macroniste, qui ne craint pas de « jouer sur les peurs », comme ils disent. « Vous êtes non pas au service des intérêts de la France et de l’Europe mais des intérêts de la Russie », accuse-t-elle très sérieusement. Poutine, sors de ce corps ? « Le général de Gaulle dénonçait les naufragés de la nation en 1954 lorsque vos prédécesseurs évoquaient ce projet d’armée de défense européenne, réplique Bardella. Emmanuel Macron veut supprimer la souveraineté de la France, il fait un saut en avant fédéraliste pour transférer des leviers essentiels de la souveraineté française vers Bruxelles. » Un point pour le mammouth des sondages. Bardella pousse aussitôt l’avantage : « Quel est le premier pays européen importateur de gaz russe ? C’est la France d’Emmanuel Macron ! Vous alimentez la machine de guerre du Kremlin et vous vous permettez de donner des leçons aux patriotes français ? » « C’est l’hôpital qui se fout de la charité », répète Hayer, faussement outrée. L’hôpital l’emporte.

Tous patriotes ?

Décidément, le patriotisme est porteur, par les temps qui courent, et taraude la gauche. « Vous n’êtes pas patriote », accuse ainsi le socialiste Place publique Raphaël Glucksmann, à l’intention de Bardella. Amusant, de la part de celui qui lançait en 2018, sur Arte, cet aveu« Quand je vais à New York ou à Berlin, je me sens plus chez moi, a priori, culturellement, que quand je me rends en Picardie, et c’est bien ça le problème. » Glucksmann explique que si Bardella était au pouvoir, les troupes russes seraient chez nous. Diable !

Le même Glucksmann, dont les réserves de mépris sont décidément inépuisables, traitera un peu plus tard le candidat RN de « petit télégraphiste du Kremlin », tout juste apte à façonner des slogans pour vidéos du réseau TikTok, non sans dauber sur « tous ces gens qui se prétendent patriotes ». La politique facile en deux leçons.

Mais Manon Aubry a quelque chose à dire : elle a déposé 3.500 amendements à Strasbourg (qui n’ont servi à rien…). Bardella, chef de parti, en a déposé 21. Cela fait longtemps qu’elle exploite le filon, alors elle a ruminé sa punchline : « Vous n’êtes pas le parti de la flamme nationale mais de la flemme nationale, un profiteur du système. » Satisfaite, elle poste aussitôt sa trouvaille sur les réseaux sociaux. Au candidat RN, dont la politique économique n’est pas précisément ultralibérale et qui a toujours été en bute au MEDEF, elle décoche ce trait : « Vous êtes le larbin des grands patrons. » Bien vu, l’aveugle !

Il faut laisser parler l’écologiste Marie Toussaint, car chacun dispose d’un temps égal. « Nous, nous sommes patriotes, nous aimons notre pays ; ça change de ceux qui détestent les autres », lance-t-elle. Décidément, tous patriotes. On croit à une conversion soudaine, naïf comme on est. Déception : « On demande que l’Europe soit plus forte » et on a « besoin de cette armée commune », explique la candidate, dont le « patriotisme » s’échappe ainsi comme une savonnette dans une baignoire.

Marion Maréchal dénonce les fédéralistes

Régulièrement, dans la cacophonie, la droite remet l’église au milieu du village : « Le sujet, ce n’est pas la défense européenne, tranche Marion Maréchal, le vrai drame, c’est qu’il n’y a plus de défense française, et cela, c’est la responsabilité des trois partis qui ont gouverné ces dernières décennies. Je tiens à rappeler que, derrière cette idée d’armée européenne de défense soutenue par Hayer, Toussaint et Glucksmann, il y a la diplomatie européenne et la création d’un super État fédéral européen. Car tous ces gens considèrent que, aujourd’hui, la France, c’est fini, que les nations, c’est dépassé, et que notre seule perspective, demain, est de tout transférer à l’UE. » François-Xavier Bellamy ne dit pas autre chose. Il prend de la hauteur. « Au fond, notre débat montre que l’Europe que veulent les Français est oubliée. Il y a des gens qui expliquent que pour que l’Europe soit forte, il faut que les nations et les États disparaissent. »

Vient le fameux Pacte vert. Hayer, qui vient de prendre dans sa liste la terreur des campagnes Pascal Canfin quelques jours après que Macron a promis monts et merveilles aux agriculteurs, ne tremble pas : « J’assume le Pacte vert. » Suivent des explications confuses où il faut comprendre que la tartine de Nutella™ doit tout au fameux Pacte. Bellamy le rappelle : « Vous tous, à gauche, vous avez tout fait pour rendre la vie impossible à ceux qui produisent en Europe. » Et il enfonce le clou : « Les vrais climato-sceptique, c’est vous ! » Bardella fait aussitôt du sinistre accord « de la ferme à la fourchette » une « faute économique et morale très lourde ».

Reste l’immigration. Les morts en Méditerranée ? « C’est votre laxisme, votre promesse d’eldorado sans frontières, c’est vous qui êtes responsable », exécute Marion Maréchal en direction de Manon Aubry et du camp des immigrationnistes assumés, comme Raphaël Glucksmann. Mais on retiendra cette question posée, cinq ou six fois, par Bardella à Valérie Hayer : « Oui ou non, y a-t-il trop d’immigration en France ? » Question simple, restée sans réponse…

Source photo : RTL

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 07/05/2024 à 13:51.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

67 commentaires

  1. Face à pareil spectacle , les seuls gens heureux sont ceux qui peuvent quitter ce pays pour partir loin.

  2. J’ai trouvé la réplique sur le gaz russe excellente.
    Le double langage est une caractéristique d’une macronie en état de décomposition.
    L’Histoire doit laisser la place à un Rassemblement puissant qui va remettre de l’ordre dans un chaos qui est la conséquence des 40 dernières années de renoncement politique.

    • Ils auraient pu ajouter l’uramium qu’on achète à la Russie pour nos centrales atomiques , et les déchets de nos centrales quand on ne les enterre pas à 500 m de profondeur dans le site le plus sécurisé de France , on les expédie en Russie .

  3. L’Enjeu est simple , Plus ou Moins d’immigration. Donc , il y’a des partis qui veulent y mettre un terme et d’autres qui en veulent encore . Reste à faire le choix entre LR RN et Reconquête. Moi RN , trop déçu par les LR , pourvoyeur de ministres pour la « macronie « .

  4. Dire à ces gauchistes de pacotille , En Tunisie la population demande er obtient le départ des clandestins pour le sud .

    Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi près de Sfax, dans le centre de la Tunisie, pour réclamer “le départ” et l’évacuation “rapide” des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne installés dans cette région.

  5. Très très grosses les ficelles de la gauche !
    Poutine, Xi Jinping, Erdoğan, ont leur carte d’adhérent au RN !
    Ils sortent une phrase et se ridiculisent illico, car ce sont eux les premiers concernés, si non fautifs…
    Ils ne sont même pas drôles.
    Quand à Hayer, elle nous ferait presque regretter Loiseau.
    Plus ils en font plus ils s’enfoncent, plus ils donnent des arguments à Bardella pour se faire battre.
    Dans tous ce tas de gauchistes grâcement entretenus par l’État, c’est-à-dire nous, le plus pathétique de tous, c’est Glucksmann, alors lui il est carrément hors-sol, il sait qu’il peut compter sur ce qu’il reste des voix du mitterrandisme agonisant pour avoir un fauteuil à Bruxelles.
    Pathétiques cette gauche qui ressort de ses réserves à farces et attrapes tous les slogans du XIXème siècle.

  6. Une chamaillerie de cour de récréation, où l’on a entendu de Hayer et Gluksmann des éléments de langage mille fois répétés par ceux qui ne font rien, pas à la hauteur.

  7. Il me semble qu’il y ait des manquants dans la liste des candidats, où sont monsieur Asselineau et monsieur Philippot? pour moi, débat de l’entre soi sans aucun intérêt. Le FREXIT et vite.

    • Eh oui, sans poser la sortie de l’union européenne au coeur du dabat, tout bavardage est stérile et inutile.

    • Pardon, je viens d’écrire un commentaire équivalent. C’est vraiment la bande de m’as-tu vus qui sont « bonnets blancs et blancs bonnets » qui tentent, dans un dernier espoir d’éviter que nous votions pour les absents qui, non invités (j’imagine) ne sont pas candidats.

  8. À votre question, cher Marc Baudriller, le RN répond non. En effet, comme l’a justement fait remarquer Marion Maréchal, le parti de Jordan Bardella a voté la loi immigration qui, avec l’histoire des fameux métiers en tension, appelle toujours plus d’immigration.

    • La loi immigration a été une arnaque macaronique. Le seul reproche à faire au en est de ne pas l’avoir vue venir.

  9. Cela a plus ressemblé à un combat qu’à un débat…
    La déconstruction de l’autre à n’importe quel prix n’a pas apporté grand chose à la compréhension des propositions des uns et des autres…
    Le petit soldat de jupiter s’est encore avérée spécialiste des archives poussiéreuses et inutiles sans être capable de défendre canfin, elle la « petite fille d’agriculteur »…
    Quant à gluksman il a quitté sa posture de défenseur de la bonne parole qui occulte celle des autres conservant en toute circonstance son sourire niais et figé !
    Encore un coup pour rien…

    • Oui : Démolir l' »autre » n’a jamais été un « débat », mais des criailleries remplaçant les coups.

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