Européennes : un débat Macron-Marine confirmerait la prééminence du RN

Marine Le Pen Emmanuel Macron

On n’attendait pas un probable troisième débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen avant 2027, à l’occasion de la présidentielle. Mais voilà qu’il pourrait avoir lieu dès le mois à venir, avant le 9 juin, date fatidique de l’humiliation annoncée de la liste Renaissance aux européennes. « Il n’y a pas eu encore de proposition directe de la part de l’Élysée, tempère la garde rapprochée de Marine Le Pen auprès de BV. Tant que nous n’en avons pas reçu une en bonne et due forme, c’est pour nous un bruit qui court. »

Selon des indiscrétions rapportées par La Tribune, l’idée existe bien dans le cercle proche du Président. « J’y pense », aurait-il déclaré (contacté par BV, le palais de l'Élysée n'a pas donné suite à notre demande de précisions). Il y a urgence en la demeure macroniste : semaine après semaine, la liste de Valérie Hayer stagne à 17 %, celle de Jordan Bardella fait la course en tête à 32 %. « Les proches de Macron sont très inquiets du score de la liste Renaissance, nous confie l’entourage de Marine Le Pen, ils voient bien que rien ne prend. »

En Macronie, la confiance ne règne pas

Ce n’est un secret pour personne, bien au-delà des rangs macronistes : « fille d’agriculteurs » et « femme de dossiers », Valérie Hayer est au-dessous du niveau requis. C’est précisément pour cela que Macron a envoyé Attal au charbon face à Bardella, le 23 mai prochain. Mais voilà que lui-même se lance dans la bataille, comme si cette confrontation était perdue d'avance… Où est passé l’enthousiasme autour du plus jeune Premier ministre de France, de la planète, de l’univers, à qui Macron s’occupe désormais de savonner la planche ? « En ce qui me concerne, j’ai confiance dans ma tête de liste », s’amuse Marine Le Pen.

Renaissance a accusé Bardella de transformer les élections européennes en sorte de référendum, voire d’élections de mi-mandat, en nationalisant les questions abordées. Si Macron entre dans la bagarre, il valide cette « nationalisation » de la campagne. Certes, en 1992, Mitterrand, président de la République, avait voulu et obtenu un débat contre Séguin pour mobiliser le camp du « oui à Maastricht » face à l’opposition du « non ». Mais c’était dans le cadre d'un référendum national sur l'Union européenne, pas dans celui d’une campagne d’élections européennes.

Le RN au centre de la vie politique

« Comment contrer le Rassemblement national ? Cette question obsède la majorité présidentielle », relevait France Info, en novembre dernier. Cette obsession n’a pas décru, au contraire. Sur le papier, il serait assez simple de faire remonter la liste Renaissance. Que Macron rétablisse un zeste de sécurité, donne un petit coup de frein à l’immigration, fixe un semblant de limites à l’islamisation, conforte le pouvoir d’achat des Français, et ces derniers le considéreront comme un dieu. Mais voilà, sa priorité est de lutter contre le RN… qui monte justement parce qu’il ne fait pas les réformes nécessaires.

Macron, Attal, le gouvernement, les élus macronistes n’ont donc que le RN à la bouche. D’où le dépit d’Éric Zemmour, sur X : « Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ce n’est pas un duel : c’est un duo. Ils répondent toujours présents pour s’entraider » - sauf que c'est une curieuse entraide où chacun des deux joue très gros. De son côté, la chef de file des députés RN imaginait plutôt un débat avec le président de la République en septembre prochain, après les européennes, indiquait-elle dimanche. Elle aurait aimé discuter avec lui « des trois longues années qui lui resteront à faire [à l’Élysée] », rapportent ses proches. Cependant, « Marine est évidemment partante, et ce, même avant le 9 juin si on nous le propose fermement », explique-t-on à BV, du côté du RN, ce lundi. En coulisse, France 2 ayant obtenu le débat Attal-Bardella du 23 mai, TF1 et BFM TV sont les concurrents les plus sérieux pour être le ring où se déroulerait le 3e round Macron-Le Pen.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Débat inutile on ne vote pas pour 2027. La tête de liste RN oui, le 9 au soir. Par contre Zemmour/Macron, là cela aurait de la « gueule ». Impossible néanmoins, hélàs.

  2. Madame LE PEN, N’Y ALLEZ PAS . Les médias seront contre vous, les questions seront pipées et cela tout en faveur du locataire de l’Elysée. vous connaissez la musique, ne tombez pas dans le panneau. Il sera plein d’arrogance, les médias ne vous laisserons pas parler, l’enjeu est trop important, s’il perd les élections, il ne pourra pas continuer à démolir la France.

  3. Elle se couchera peut-être une nouvelle fois. A moins que l’enjeu n’étant point la Présidence, elle consente à aborder les questions qui pourraient le fâcher.

  4. Il n’est pas le président de tous les Français ? Zut alors … naïf à mon grand âge, je rajeunis !

  5. Un tel débat serait complètement déplacé avant les élections européennes. Je me demande d’ailleurs si le débat Atal Va ardella est bien légal et comment seront comptabilisés le frais de campagne et les temps de parole. Je suppose que le conseil con-stitutionnel estimera qu’il faudra imputer à la campagne en ce qui concerne Bardella et ne rien imputer au groupe em marché de Hayer. Ils sont tellement impartiaux et sages.

  6. Non Marine, n’y allez pas. Ce serait se jeter dans la gueule du loup. Regardez l’image de cet article… une fois de plus, Jupiter et toute sa clique, vous demandent non pas de vôter POUR les Français, mais CONTRE le RN.

  7. Petite remarque: il y a du « sexisme bienveillant » dans votre titre; on doit dire « débat MACRON-LE PEN », ou si on veut faire plus intimiste « débat Emmanuel-Marine ». On a fait le même raccourci inadapté lors du débat « SARKO-Ségo », comme si le fait d’être une femme (politique ou non) mérite d’être appelée par son prénom par familiarité importune!

  8. Souhaitons que MLP ne tombe pas dans le piège, macron est le plus habile dans ce genre d’exercice. Et il le sait. En revanche, il ne proposera jamais un débat avec E Zemmour, trop risqué. Le vrai courage pour macron c’est quand il n’y a plus de danger.

  9. Le R.N ne doit débattre avec personne de « Renaissance  » , car ils ne feront que diaboliser et faire le procès du R.N . C’est leur seule ligne de « conduite » , ils n’ont rien d’autre .Il faut éviter d’entrer dans leurs « jeux » .

  10. Macron ci il veut débattre il doit débattre avec le président de la république,voila un débat intéressant,et Marine Le Pen n’a rien a faire contre lui lors d’un débat.

  11. Non Marine …pas de débat ..j’aurais trop peur pour vous ..ces gens sont prêts à tout .pour nuire .

  12. Un débat, pour quoi faire ? S’il y a encore des gens prêts à voter Macron après 7 ans de mandat, ça n’est certainement pas un « débat » qui les guérira de l’incurable maladie dont ils sont atteints. Donc MLP n’a absolument rien à y gagner si ce n’est la reconnaissance officielle que le RN est bien plus fort que l’improbable coalition de ce vieux « front républicain » dont l’échec est patent. Et puis, pourquoi un chef d’état, réputé au-dessus des partis, même si ça n’est que de la théorie, se confronterait-il à un leader d’opposition à l’occasion d’une élection qui ne concerne pas son mandat?

    • Un bon conseil à MLP : laisser Macron sur sa faim. D’ailleurs en principe un président de la république ne doit-il pas être au dessus des considérations politiques et être le garant de neutralité ! Oui, mais c’est sans compter sans Macron, le sbire psychopathe.

  13. Macron aimerait débattre avec MLP …Pourquoi lui céder ? Quelle obligation y a t’il à débattre avec ce monsieur qui n’écoute que lui même ? Aucun intérêt . MLP n’a pas à s’abaisser à cela et nous n’avons pas obligation à le subir davantage visuellement .

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