Euthanasie : Vers la fracture intime 

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L’avis était attendu. Il est désormais des plus clairs : « Il existe une voie pour une application éthique d’une aide à mourir, à certaines conditions strictes avec lesquelles il apparaît inacceptable de transiger. » Ces mots sont signés d’Alain Claeys, rapporteur de l’avis du Comité d’éthique présidé par Jean-Claude Delfraissy. En clair, le Comité d’éthique donne son feu vert pour quiconque voudrait légaliser l’euthanasie. Du coté des militants de la mort « miséricordieuse » de l’Association du droit à mourir dans la dignité, on exulte : « Enfin un espoir comme réponse à des drames du quotidien », s’enthousiasme son président Jonathan Denis. Une position partagée par la majorité d’Emmanuel Macron mais également par des élus de la NUPES. Ainsi, la députée Clémentine Autain affirmait, ce matin, sur LCI : « Le temps est venu [...] de prendre de nouvelles décisions pour ouvrir cette possibilité de mourir dans la dignité. »

L’éthique, le bien, le mal…

L’avis ne passe évidemment pas chez les associations et acteurs engagés sur la fin de vie qui contestent évidemment la dimension « éthique » d’une telle proposition. Rappelons à toutes fins utiles que le patron de ce comité avait notamment déclaré : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » Celui qui actait devant la rédaction de Valeurs actuelles « une certaine forme d’évolution sociétale, l’existence d’un débat qui intéresse beaucoup de monde » reconnaît que la société était prête à un tel progrès.

Pour autant, l’annonce a engendré aussi inquiétudes et hostilité : « Par un tour de passe-passe, dont on peut interroger la motivation et les pressions, les rédacteurs de l’avis tentent de concilier l’inconciliable. Ils utilisent la promotion des soins palliatifs comme caution de leur aval donné au suicide assisté et à l’euthanasie, alors que les deux démarches restent antinomiques. Quelle que soit l’édulcoration du vocabulaire, cette légitimation de la levée de l’interdit de tuer ne relève à nos yeux ni de l’éthique médicale ni de l’éthique tout court. L’interdit de tuer est en effet le premier fondement de la confiance entre soignants et soignés comme de la vie en société ; personne ne devrait être exclu de la prévention du suicide. » Les mots du délégué d’Alliance VITA Tugdual Derville sont forts. Et il n’est pas le seul à s’inquiéter. « Le gouvernement ne parle plus de la loi Grand Âge mais annonce une loi sur la fin de vie. Pas très rassurant pour les âgés », s’alarme, sur Twitter, l’ancien ministre de François Hollande Michèle Delaunay. Dans un communiqué commun, l’Association francophone des soins oncologiques, la Société française des soins palliatifs pédiatriques, Unicancer et le Conseil national professionnel infirmier s’alarment : « Si le CCNE tente de concilier l’impératif de solidarité avec celui d’autonomie de décision, il apparaît clairement qu’il propose un nouveau paradigme où, dans certaines situations, l’éthique collective pourrait s’effacer devant la demande individuelle. »

Opposition politique

Sur France Info, le président du groupe LR Olivier Marleix a pour sa part signifié son opposition à une modification de la loi et à un référendum sur le sujet : « L'aspiration à mourir dans la dignité, elle est normalement satisfaite par la loi Leonetti. » Interrogé sur le sujet, le patron du groupe LR au Sénat et candidat à la présidence de son parti Bruno Retailleau a aussi fait part de son opposition sur Sud Radio.

Du coté du RN, Marine Le Pen a aussi été très claire sur France 2, ce matin : « En ce qui me concerne, j'y suis opposée », mais défend l’idée d’un référendum sur le sujet. Un avis partagé par l’ensemble de son parti ? « En clair, on va être divisé sur cette question, affirme un député du groupe RN à l’Assemblée nationale. Marine l’a bien dit : cela relève de l’intime. » Gageons qu’il va être difficile de faire passer une consigne politique claire dans les rangs des différents groupes. Car avec l’euthanasie, on touche à de graves sujets de conscience personnelle. C’est notre appréhension du Bien et du Mal qui est intimement questionnée. Emmanuel Macron voulait rassembler, mais tout porte à croire que notre société va vivre une énième fracture. Sauf qu’en l’occurrence, c’est une question de vie ou de mort. Textuellement.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Il est tout de même surprenant que depuis un certain nombre d’années, nos gouvernants n’ont de cesse que de vouloir s’occuper de l’intime et de ne pas régler les problèmes inhérents à la collectivité. Non à l’euthanasie, oui à la vie. Donner de la sérénité, lutter contre la délinquance, offrir des structures ou des moyens pour que les personnes âgées puissent vivre dans la dignité, voilà les actions que doivent mener les gouvernants. C’est tout de même paradoxal que plutôt que de répondre aux attentes légitimes: pour nos anciens, la santé, la sécurité, la dignité, et pour les enfants, la santé, l’éducation, la formation, on préfère les éliminer. Euthanasie pour les uns, IVG pour les autres.

  2. « On achève bien les chevaux » et l’on pique sans état d’âme le vieux chien perclus de rhumatismes. Voilà à quel niveau certains êtres dits  » humains » ont décidé de reléguer leurs semblables. A quel titre s’arrogent-ils le droit de vie ou de mort sur autrui?
    Hein, M. Jacques Attali ( et consorts) qui veut éliminer les gens trop âgés, qui ne rapportent plus rien et coûtent un pognon de dingue à la société. Que ne s’applique-t-il ce principe si cher à ses convictions?

    • Il se considère comme très utile. Mon opinion est tout à fait contraire, je l’estime nuisible, mais en aucun cas je ne voterai pour son élimination physique. Laissons la justice de Dieu régler le problème.

    • Il se considère comme très utile. Je l’estime, moi, nuisible, mais en aucun cas je ne souhaite son élimination physique, laissons la justice de Dieu s’appliquer.

  3. Il y a des situation pénibles qui requiert de « l’humanité », pour étant, il faut se méfier des solutions …..finales !
    Se débarrasser des encombrants, semblent être le leitmotiv de certaines « bonnes âmes » qui n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire pour se projeter au-delà de ce qui pour « l’instant ne concerne que les ….autres !

  4. A la base du débat sur l’euthanasie, il y a le fait que la décision en la matière ne peut être qu’individuelle. Soit le choix personnel et réfléchi d’un être en peine possession de ses facultés intellectuelles et cognitives. L’idéal étant que le produit létal soit administré par voie orale, si possible par le requérant lui même s’il en a la possibilité physique, l’assistance au suicide, puisqu’il s’agit bien de cela, se résumant de la part des soignants à la mise à disposition du produit.
    En aucun cas l’euthanasie ne doit devenir un fait de société, sinon c’est l’ouverture à toutes les dérives eugénistes, et nous sommes tous conscients qu’il y en aurait…

  5. L a France est dans un tel état de déliquescence que s’occuper de l’euthanasie maintenant, est fuir tous les autres problèmes et ils sont nombreux…… L’euthanasie est un sujet tellement grave qu’il ne faut pas le traiter dans l’urgence. Pour ma part je suis contre. Ce serait banaliser la mort comme cela est le cas pour l’avortement. Le cas par cas me semble beaucoup plus sage et humain. D’autre part la loi Léonetti répond à la demande de ceux qui sont pour.

  6. Le terme MOURIR dans la DIGNITE me dérange déjà.
    Je suis d’accord pour la loi Léonetti et me méfie d’une loi sur la fin de vie .

    • Oh, je pense que cette loi est faite, en partie, pour exonérer les meurtres des malades, « vieux », à coups de Rivotril et de midazolam., donc à exonérer de « paiement » (genre chaise électrique », tous les génocides qui sont actuellement mis en place sur la planète.

      Me méfiant moi aussi, j’ai fait mes directives anticipées devant Notaire en notant bien qu’en cas de suspicion de meurtre soit disant qualifié d’euthanasie, ma personne de confiance -qui pus est est avocat- portera plainte pour meurtre contre le personnel soignant et le gouvernement.

      Au moins, si on m’exécutait sans mon consentement, ma mort servirait aux autres.

  7. pour macron euthanasie signifie assassinat assisté ,on l a vu dans les ephads avec les crimes au rivotril et midazolane sans consentement des patients cela s appelle un crime par empoisonnement Article 221-5

    Le fait d’attenter à la vie d’autrui par l’emploi ou l’administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement.
    L’empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle.

    Il est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu’il est commis dans l’une des circonstances prévues aux articles 221-2, 221-3 et 221-4.

    • Voilà donc une manière pour ce gouvernement de dédouaner tout acte douteux sur la personne, surtout si elle n’a pas toutes ses facultés…
      N’y a-t-il pas plus important pour redresser la France que ce suicide assisté (ou pas) ?

  8. Il serait « inacceptable de transiger » ? On sait ce que ça veut dire si l’on a vécu les lois sur la contraception et sur l’avortement . On importe du reste en France des gens qui vous euthanasient fort bien et sans frais .

    • Souhaitons le, car c’est plus moral, philosophique et éthique que politique, même si on sait bien que toute politique de gauche a une tendance très forte (amalgamons pas, cependant) à génocider les opposants à leurs dérives idéologiques.

  9. Pour moi l’euthanasie et ses futures dérives restent une politique nazi …procédé qui me dégoûte .seul le ciel peut décider de l’heure n’en déplaise à tous les penseurs qui le voudraient .

  10. Ayant dirigé un service de chirurgie orienté vers la cancérologie, je suis contre la légalisation de l’euthanasie, un patient bien accompagné peut avoir une fin de vie dans de très bonnes conditions, c’est ce que font déjà les médecins dans les centres de soins palliatifs, donner un permis de tuer aux médecins, pour moi c’est non, l’affaire est d’autant plus ironique que les défenseurs de l’euthanasie sont absolument contre la peine de mort, paradoxe de l’homme.

    • Ayant travaillé dans un service de Soins Palliatifs et m^me dans tous les services d’un hôpital après avoir eu mon DIU de SP, je suis entièrement de votre avis.
      Même les personnes qui demandaient l’euthanasie me disaient ensuite que « c’était pour faire plaisir à la famille », mais qu’elles voulaient vivre jusqu’au bout.
      Bien évidement, leur douleur totale était prise en charge (je dis bien douleur totale, mais vous savez ce que je veux dire).
      Enchantée d’être encore de votre avis.

      • désolée : pas la même expérience !
        et : Non : en ce qui concerne la  » douleur totale » ( donc , autre que physique), le ci-devant toubib auquel vous répondez n’y comprend rien à rien ( à moins que vous ne le connaissiez personnellement ) et ne sait pas de quoi vous parlez…

    • Les services de soins palliatifs ne sont pas présents partout en France. D’autre part , plonger le malade dans un sédation profonde, en attendant la mort , est ce vraiment mieux.
      Perso , j’ai en permanence dans mon portefeuille un document , stipulant que je refuse tout acharnement thérapeutique et j’ai fait part de ma volonté d’être volontaire à une mort médicalement assistée, quand la loi l’autorisera . .
      La suisse et la Belgique , ont un système en place depuis des années . Comme je l’ai dit dans un commentaire , j’ai vu mon cousin mourir dans des conditions que je qualifie d’atroces. il a réclamé qu’on mette fin à ses jours , car la souffrance était insupportable. un homme mesurant plus 1, 80 m et pesant 85 Kgs , quand il est mort il pesait moins de 50 Kgs ! C’est aussi dans ces conditions que meurent certains citoyens !!!!
      En Belgique , il faut avoir fait part de ses souhaits en la matière, et un conseil de médecins se réunit de façon à déterminer si l’application de la mort assistée est recevable.
      J’aimerai un référendum sur le sujet , car ça dépasse tout clivage politique .

  11. Personnellement, je n’ai pas envie de me décomposer dans un lit d’hôpital. Néanmoins, dans un referendum je voterais « contre » car nous savons bien qu’ils sont en train d’ouvrir la porte à toutes les dérives.

  12. un problème en dehors de tout clivage politique . La mort assistée existe en Belgique et en Suisse , et ce ne sont pas des pays où règne une dictature. Moi , j’ai choisi , et j’en ai fait part à mon médecin et à ma famille , j’ai en permanence dans mon porte feuille un document où sont écrits mes souhaits. Je pense qu’un référendum sur le sujet ne serait pas une mauvaise idée. Les soins palliatifs ne sont pas appliqués partout ,loin s’en faut. J’ai vu mourir un de mes cousins dans des conditions indignes, il réclamait qu’on mette fin à ses jours. quelle tristesse et quelle déchéance. Quand il est mort il ressemblait à un de ces zombies sortant d’un camp de concentration nazi ……..Il faut , comme en Belgique , que le patient ait exprimé clairement son souhait , un encadrement médical, et des conditions clairement définies, maladies incurables , etc..

  13. le droit à mourrir dans la dignité devait être un droit fondamental pour toutes personnes en fin de vie ou malade.

    • Mourir dans la dignité est d’être reconnu comme être humain digne de vivre jusqu’au bout, d’être aimé, soigné , entouré et chouchouté jusqu’au bout, à l’heure prévue par la nature et non pas au nom d’une idéologie.

    • Arrêtez ce verbiage nauséabond : Les personnes âgées diminuées physiquement et mentalement meurent-elles dans l’indignité? C’est ceux qui les regardent et n’en supportent pas la vue qui sont fondamentalement des êtres indignes!

  14. Et allez !!! Les vieux coûtent trop cher, plutôt que les accompagner dans la dignité il vaut mieux les débrancher !!! Lamentable mais tellement prévisible car cette caste qui gouverne notre pays n’a aucuns scrupules.

    • D’accord avec vous ! Si cette loi passe, cela n’empêchera pas les abus ! Ils sont pour l’euthanasie et sont contre la peine de mort ! Ils sont pour l’avortement mais sont contre la peine de mort etc

    • Vous racontez n’importe quoi. Ce ne sera jamais au toubib ou à la famille de décider qui et quand débrancher. C’est à vous de décider, à l’avance, si vous souhaitez être débranché, ou si vous préférez traîner à souffrir sur un lit d’hôpital pendant des semaines et des semaines inutiles. Ce n’est pas un permis de tuer, et c’est un permis d’abréger vos souffrances plutôt que de choisir un fin lente dans la souffrance et la déchéance physique.

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