[Exclu] Bellamy, Wauquiez, Pradié : engueulades, brouilles et tractations à LR

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Laurent Wauquiez rêve encore de l’Élysée mais, pour les LR, le défi de la reconquista devient chaque jour plus élevé. Emportés dans l’avion sans pilote de la dissolution, les LR opposés à l’alliance avec le RN donnent l’impression de frôler le crash aérien ou d’approcher du mur pleins gaz. On ne compte plus les coups de gueule en interne, les brouilles… et les départs.

La courageuse campagne européenne de François-Xavier Bellamy, brillante de l’avis général, n’aura rien changé à l’impasse dans laquelle s’enfonce un parti rongé par ses ambiguïtés, détruit de l’intérieur plus encore que de l’extérieur par les coups de boutoir du RN. Après Rachida Dati, passée de but en blanc de la droite sarkozyste au macronisme finissant, après Ciotti échappé en solitaire, c’est donc au tour d’Aurélien Pradié de quitter le navire, ce mercredi 26 juin. L’ancien numéro deux des LR désavoue la démarche du président de son parti Éric Ciotti. Mais quitte, justement, ceux qui s’opposent à cette ligne : Bellamy, Wauquiez, Lisnard, etc. Comprenne qui pourra. Aurélien Pradié n’a pas pu être joint par BV mais il s’est confié à La Dépêche : « Éric Ciotti est une coquille vide, vendue aux lepénistes. Ceux qui seront passés au milieu de tout ça, en résistant, auront une force politique pour reconstruire », assure-t-il, en pensant à lui, bien sûr. Il serait suivi d’une trentaine de députés.

 

Une soufflante de Wauquiez

 

Lui aussi se penche sur le bouleversement en cours du paysage électoral qui fait craquer toute l’armature des LR. Pradié ne croit pas à une majorité absolue du RN, au soir du 7 juillet prochain, mais ne fera pas d’obstruction anti-Bardella s'il rejoint Matignon et votera les lois proposées par le Premier ministre RN. « Il faut être capable de voter un texte quand il va dans le sens du pays, ce que j’ai toujours fait, notamment en matière d’immigration », explique Pradié. De quoi agacer encore en interne...

Son départ est un caillou de plus dans la chaussure de Wauquiez, toujours silencieux dans les médias, mais très actif dans le parti et qui ne passe pas une journée sans préparer sa future campagne présidentielle. Le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes croit toujours à un trou de souris, à une voie ouverte par un échec du RN et un refus du macronisme comme de l’extrême gauche. La preuve ? Selon nos informations, Wauquiez a gratifié Bellamy, dont il est pourtant proche, d’une soufflante de légende lorsque le Versaillais tête de liste LR aux européennes a précisé, le 13 juin dernier, sur Europe 1, qu’il voterait RN au second tour des législatives s’il avait le choix entre le parti de Bardella et le Nouveau Front populaire. Si « je dois choisir, il est évident que je ferai tout pour empêcher que La France insoumise n’arrive au pouvoir dans ce pays », tranchait Bellamy. Pourquoi cette fureur ? « Wauquiez est dans une stratégie présidentielle, il ne peut pas accepter cette ligne, sinon c’est la fin de sa candidature », explique à BV l'entrepreneur Sébastien Laye, ciottiste et candidat dans les Hauts-de-Seine face à Attal avec le soutien de Marion Maréchal. Laye était au courant de cet épisode.

 

Menaces de Manfred Weber, le patron du PPE

 

La même secousse liée au RN s’est produite dans les coulisses du Parlement européen. Au lendemain du schisme ciottiste, le patron du parti de centre droit PPE au Parlement européen Manfred Weber a, lui aussi, piqué un coup de sang et menacé d’exclure du PPE, séance tenante, les élus européens LR tentés par la ligne ciottiste : le général Christophe Gomart et l’agricultrice Céline Imart. D’où le rétropédalage par communiqué de Céline Imart, numéro deux de la liste Bellamy, qui avait, dans un premier temps, approuvé l’initiative de Ciotti. Contacté par BV, l’entourage de Bellamy évoque « une incompréhension » entre Weber et les LR. François-Xavier Bellamy et Céline Imart n’ont pas pu être joints. Au sein de la délégation RN au Parlement européen, on confirme que la CDU, le parti de Manfred Weber, est très hostile à toute alliance de ce type, selon la presse allemande.

Très critique envers von der Leyen, elle-même issue du PPE, durant la campagne, François-Xavier Bellamy, lui, n'a pas tout perdu : il a été élu vice-président du PPE au Parlement européen, ce 19 juin, voilà une semaine, aux côtés de Manfred Weber. Dans la bataille, Bruno Retailleau, le président du puissant groupe LR au Sénat, fait profil bas, les sénateurs LR craignant, pour l’instant, les effets d’une alliance avec le RN. « Retailleau ne peut pas se permettre de franchir le Rubicon », explique une huile des LR. Pour l’instant, les élus LR anti-ciottistes font donc le dos rond. Et réservent leur décision. Quitteront ? Quitteront pas ? « Ça dépendra du nombre de survivants de chaque côté après les législatives, explique notre cadre LR. On sait que cela va exploser, mais on ne sait pas comment. Ni quand. C’est un parti qui ne parle plus aux gens », ajoute-t-il, un brin désespéré. Le défi de Wauquiez repose sur un parti rongé par la crise, qui fait encore illusion avec ses baronnies régionales mais ressemble de plus en plus au PS, à la dérive. Le prix à payer des déceptions accumulées durant des décennies, des calculs politiciens et, au fond, de l'oubli des intérêts de la France et des Français.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

100 commentaires

  1. Les LR est un dinosaure qui est pris dans le sens de l’histoire. Le LRest plus que moribond et les petits minables n’ont plus comme projet leurs égos et surtout un faux pas du RN. C’est vain et tout petit.

  2. Le problème c’est que la politique c’est un métier, alors chacun défend ses propres intérêts au lieu de défendre la France, même dans les débats on ne s’affronte pas projet contre projet et on ne dit pas la vérité, le monde politique est une catastrophe. Lorsque j’étais jeune je pensais que ces gens-là avaient de vraies connaissance et une intelligence supérieure, après j’ai compris que je n’avais rien à leur envier et quelquefois je n’aurais pas voulu les voir à ma place pour régler quelques dossiers compliqués. Il serait temps que la société civile prenne les choses en main, mais ça ce n’est pas facile.

  3. Wauquiez qui pensent à la présidence en 2027 alors qu’il ne peut et ne veux se positionner clairement actuellement pour la France est déjà cramé. Depuis l’ère Macron les LR ne savent plus où ils sont. Ils se sont décrédibilisés eux mêmes, comment avoir confiance en des girouettes.

  4. Mise en place accélérée en Rhône-Alpes-Auvergne du ZAN par Wauquier : mains basses sur le foncier constructible par les communes ,  » optimisation foncière » avec surface vitale réduite pour chaque habitant et entassement des appartements neufs sur un périmètre réduit.
    C’est vendu à prix d’or, les promoteurs se frottent les mains et les communes ramassent le pactole d’argent public généreusement distribué par Wauquier aux plus zélée.
    Une vraie mafia foncière qui vise le patrimoine foncier successoral.
    Bardella veut y mettre fin et je m’en réjouis !

  5. La France et les Français n’ont plus besoin de ces girouettes qui ne pensent qu’à leur gamelle

  6. Juste des centristes opportunistes prêts à tapiner pour le plus offrant. Ces gens ont toujours fait l’appoint pour légitimer des politiques qui ont conduit la France à sa situation actuelle. Au moins Ciotti a compris et quitté ce foyer d’infection.

  7. Quelques « connaissances politiques » permettent de faire l’addition de base qui régule tout depuis mai 2017 à l’Assemblée Nationale : LR + EM = LREM ! …
    Le parti des JUDAS n’a qu’un objectif : s’installer dans les ors de la FRANCE et phagocyter tout ce qu’ils peuvent pour eux et pour leur famille proche ! …

  8. Au fait, il est payé pour faire que job ?
    Est ile président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes et que fait il de ses journées
    ou e passe toute ses journée à préparer sa future campagne présidentielle
    Mélange de genres sur nos impôts…

  9. L’élue patriote Isabelle Surply réagit après le vote de la subvention à 20.000 € à l’association d’extrême-gauche “Filactions” par la région Auvergne-Rhône-Alpes dirigée par Laurent Wauquiez (LR)

  10. Laurent Wauquiez dans la tourmente : les révélations sur les subventions versées à l’association immigrationniste Viltaïs, ainsi que la présence de son directeur général parmi les élus LR de sa majorité font polémique.
    Le président de région, Laurent Wauquiez, est sommé de s’expliquer sur les subventions versées à une association en charge de la répartition des migrants, ainsi que sur la présence de son directeur général parmi les élus de la majorité.

    A première vue, tout les oppose. D’un côté, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne Rhône Alpes. De l’autre, Viltaïs, association désignée comme partenaire des acteurs publics locaux dans le projet de répartition des migrants sur le territoire français. Figure totem de la droite, le premier nommé trace son bout de chemin à la tête de la région depuis 2016, le regard tourné vers l’Élysée. L’association s’est quant à elle fait un nom, depuis que les habitants du petit village de Bélâbre, dans l’Indre, se sont insurgés contre son projet d’implantation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile. La médiatisation de l’association a fini par jeter une lumière crue sur ses ramifications politiques, à mesure que la grogne s’amplifiait. Soutien actif des villageois, le médiatique avocat Pierre Gentillet révélait récemment les liens troubles entretenus entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et le directeur général de Viltaïs, Yannick Lucot, par ailleurs élu de la majorité LR au sein de la région.

  11. Ils sont minables,ils veulent tout simplement être le calife à la place du calife et prêts à tous les compromis et trahisons pour sauver leur carrière de petits traîtres à la nation

  12. Ceux qui sont contre le RN sont bien ceux qui ont le plus davantages à perdre et ils sont prêts à tout pour garder leurs privilèges . Le grand gagnant , si le RN sort , c’est bien le peuple laborieux qui bosse .

    • Le peuple ne gagne généralement rien dans les bouleversements ou changements majeurs mais il a au moins la satisfaction de voir évincés ceux qui se croyaient inexpugnables. Ca lui accorde une respiration le temps que les nouveaux venus ne renient à leur tour tous leurs engagements.

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