Exclusif – Éric Zemmour : « Macron n’a pas levé le petit doigt contre le remplacement de population »
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Ce 5 octobre 2021, Éric Zemmour, que le sondage ChallengesHarris Interactive donne au deuxième tour de l’élection présidentielle, s’est longuement confié, sans fard et sans tabou, au micro de Boulevard Voltaire. Son nouveau statut, Bernard Tapie, son livre La France n’a pas dit son dernier mot, les limites du libéralisme, les chefs d’État qui l’inspirent : Zemmour nous dit tout. Durant quatre jours, nous publions pour vous en quatre épisodes les confidences de celui qui fait trembler le paysage politique.
Gabrielle Cluzel : On vous prenait pour un paria et on découvre dans votre livre que, par votre métier, vous avez côtoyé tout le gratin de la politique avec lequel vous avez noué des liens d’amitié. Faites-nous peur : on ne va pas en retrouver la moitié dans votre gouvernement ?
La plupart de ceux avec qui j’ai vraiment noué des liens d’amitié sont morts. C’était Philippe Séguin, Charles Pasqua, avec qui j’avais vraiment des liens forts, ce qui n’empêchait pas les désaccords profonds, comme je le raconte dans mon portrait de Séguin. En revanche, avec Pasqua, nous n’avions quasiment pas de désaccords. Oui, effectivement, j’ai noué des liens d’amitié et de sympathie. Nous sommes des êtres humains. J’avais une manière à moi de fonctionner et d’appréhender le métier de journaliste. Ce qui m’intéressait, ce n’était pas l’information et le scoop, même si j’en ai eu quelques-uns, c’était surtout la discussion politique. Je raconte des déjeuners où on va au fond des choses. C’est cela qui m’intéressait et qui intéressait certains. Pourquoi je le raconte ? D’abord parce que je suis devenu un des personnages de cette histoire folle, surtout parce que je voulais montrer le décalage incroyable entre leurs propos privés et leurs actes publics. Effectivement, c’est un des thèmes du livre. Pourquoi ce décalage inouï ? Le général de Gaulle disait et faisait ce qu’il pensait sur la sortie du commandement militaire intégré de l’OTAN. Il y a un tel hiatus entre ce qu’ils disent en public et ce qu’ils disent en privé ! C’est un des éléments politiques du livre.
Gabrielle Cluzel : Dans votre galerie, j’ai trouvé le portrait de deux femmes, la Vierge Marie et Simone Veil. C’est un peu court ! Ne peut-on pas dire, pourtant, que Marie-France Garaud fut l’homme politique droit dans ses bottes que Jacques Chirac n’a jamais été ?
Vous avez tout à fait raison pour Marie-France Garaud, mais c’est une question de chronologie. Je l’ai beaucoup côtoyée dans les années 1990-2000, et pas tellement dans la période qui est considérée dans le livre, c’est-à-dire de 2006 à 2020. Simone Veil, c’est la même chose, mais comme elle est morte dans la période que je traite, j’ai eu l’occasion de faire un portrait d'elle à sa mort. Je raconte des événements des années 1980-90 avec Simone Veil. J’aurais, d’ailleurs, pu faire la même chose avec sa grande copine, Marie-France Garaud, parce que j’ai passé des heures et des heures avec elle. Vous avez raison, un jour, je ferai un portrait de Marie-France Garaud. Pour moi, cette femme a compris avant tout le monde. C’était l’âme du non à Maastricht en 1992 qui a été sans doute la plus belle campagne électorale de ces quarante dernières années. On lui doit cela.
Marc Baudriller : Revenons à l’actualité et à la campagne en cours. Êtes-vous candidat ? Si vous ne l’êtes pas, alors que l’on vous donne déjà au second tour, qu’attendez-vous pour vous déclarer ?
J’attends de me décider définitivement et, surtout, j’attends le bon moment. J’ai le droit de choisir mon moment. Macron n’est pas, non plus, candidat et on ne lui pose pas la question tous les jours.
M. B. : Qu’est-ce qui signera le bon moment ?
Vous verrez ! Napoléon disait : « On avance et on voit. »
M. B. : Quel est votre adversaire et comment franchir la barre des 50 % face à Macron ?
Je n’ai pas d’adversaire privilégié. Je me pose une question. Que sera la France dans les trente prochaines années ? Mon sujet n’est pas Macron, pas Marine Le Pen, pas Bertrand, mais la France ! Je ne suis pas un politique professionnel. Je ne suis pas un professionnel de la candidature. Je ne suis pas candidat tous les cinq ans parce que cela fait bien et que cela me donne un statut social. Je ne suis pas, non plus, un chef de parti qui doit faire vivre des affidés et qui a besoin du financement public et, par conséquent, doit être candidat. Je ne suis pas tout cela. Au départ, je me pose la question de la France et je pense qu’aucun des candidats de la classe politique ne résout la question que je me pose : la France va-t-elle basculer dans la civilisation islamique ? Va-t-elle devenir membre de l'Oumma ? C’est cela, notre enjeu ! C’est un basculement civilisationnel.
La France est chrétienne depuis 1.500 ans, va-t-elle devenir une terre d’islam ? Ce n’est pas rien. À partir de là, je vois le paysage politique et je vois que beaucoup de candidats se moquent complètement de cette Histoire et font comme si cela n’existait pas. Évidemment, Emmanuel Macron est le porte-drapeau de tous ces candidats. Il est d’abord le Président sortant. Pendant son quinquennat, il y aura eu deux millions d’immigrés légaux en plus. Je ne vous parle pas des illégaux qui sont évalués sur la base des 300.000 inscrits à l’AME (aide médicale de l’État). On est donc entre 600.000 et 900.000 clandestins. On a pris 2,5 millions d’étrangers en plus, pour la plupart des extra-Européens. On dit que l’Allemagne a reçu beaucoup d’immigrés, mais ils prennent surtout des Polonais, des Roumains et des Hongrois. Ils prennent beaucoup moins de Syriens qu’ils ne le disent.
Nous, au contraire, nous prenons des Algériens, des Marocains, des Tunisiens et des Africains. C’est vraiment le Grand Remplacement de population. Emmanuel Macron n’a pas levé le petit doigt contre cela. Il faut comprendre pourquoi. D’abord, parce qu’il a mis quatre ans à comprendre que c’était important. Lui, il est dans l’économie. Ils reprennent tous la formule de Cambadélis. « Ils voudront porter des Nike™. » Cette formule m’a marqué. Ils voudront porter des Nike™, oui, mais avec la burqa et la djellaba dessus. L’économisme de notre classe politique sans culture est absolument suicidaire. Emmanuel Macron est la quintessence de cet économisme. Il est le fils qu’auraient eu Valéry Giscard d’Estaing et Michel Rocard. À l’époque de Giscard et Rocard, il y avait un très gros parti gaulliste et un très gros Parti communiste. Ils étaient les deux gros poids qui empêchaient cette alliance des centres et qui tirait les deux camps vers la gauche et la droite. À partir du moment où le parti gaulliste et le Parti communiste se sont effondrés, Giscard et Rocard ont pu enfin revenir ensemble. Macron, c’est donc l’alliance qui a échoué à la fin des années 70, au moment de sa naissance, entre Giscard et Rocard.
C’est l’Europe, l’économisme et le changement de population qui est une aporie. Cela n’existe pas. Je voudrais juste mettre une petite nuance à ce que je viens de dire. Après son départ, Giscard a quand même compris beaucoup de choses. C’était le plus intelligent de tous. Dès 1990, il avait parlé d’invasion migratoire. C’est ce que je dis [« invasion migratoire », NDLR] et je passe pour un infâme type d’extrême droite. C’est Valéry Giscard d’Estaing qui avait employé cette expression. Il avait compris le bouleversement démographique. Si vous m’avez lu jusqu’au bout, vous avez vu que mon dernier texte est sur la mort de Giscard. Je crois vraiment avoir compris ce qui s’était passé. Giscard incarne vraiment le basculement dans les années 60-70 de notre classe politique française. Lorsque le général de Gaulle dit à ses ambassadeurs américains « Je vous le dis depuis 1.000 ans », cela veut dire qu’il a toute l’Histoire de France dans la tête et qu’il comprend que tout ce qui se passe à l’aune de ce qu’a fait Louis XV, à l’aune de ce qu’a fait Louis XIII, à l’aune de ce qu’a fait Bonaparte, c’est cela, de Gaulle. Giscard, lui, veut sortir de cela. Il pense que nous sommes sortis de l’Histoire et que nous avons fait la paix avec nos deux ennemis héréditaires, l’Angleterre et l’Allemagne, que cette histoire tragique est finie. Il dit que c’est désormais l’ère de la consommation, l’hédonisme et l’individualisme. C’est pour cette raison qu’il prend toutes ces décisions.
À la fin de sa vie, il a compris son erreur. Il a compris que le tragique revenait. Il a compris que nous étions de nouveau en guerre. Et il a compris que l’enjeu était la survie de la France en tant que France. Macron ne comprend pas. Je raconte mon dialogue avec lui pendant trois quarts d’heure. Il n’a pas démenti et je pense avoir été d’une honnêteté scrupuleuse. Pour tout vous dire, je l’ai noté le lendemain de notre entretien téléphonique. Là, il y a tout l’enjeu de la présidentielle. Nous sommes effectivement les deux pôles d’un vrai débat non pas de société mais de civilisation. Ce débat aura lieu grâce aux sondages, etc. Ce débat ne pourra pas ne pas avoir lieu.
M. B. : On l’attendait entre Marine Le Pen et lui et ce ne sera peut-être pas cela.
Nous avons déjà eu Marine Le Pen et elle n’a pas imposé ce débat, elle a parlé d’autre chose. Je pense que c’est cela, qui se passe aujourd’hui. Lorsqu’elle avait l’occasion, elle n’avait pas choisi d’imposer cette question-là. Elle a préféré parler de l’Europe et de l’euro, qui sont des questions importantes. Son tour est donc passé...
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