Exclusion pour cheveux roses : Gabrial Attal devrait soutenir le directeur du lycée !

©BFMTVLille
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Jeudi, Gérald Darmanin dénonçait le « canyon » entre « le monde médiatico-parisien » et le « pays réel ». Il aurait pu dire entre le pays légal et le pays réel, mais son passé à l’Action française aurait alors été un peu trop voyant et il aurait été contraint de s’auto-dissoudre. C’eût été dommage.

Pays réel

Va, donc, pour le monde médiatico-parisien. Le fait est que l’on ne peut guère lui donner tort. Un exemple dudit canyon nous est donné, ce matin, par BFM TV, aussitôt relayé par le député LFI Antoine Léaument : « Un lycéen de Valenciennes a été exclu de son lycée en raison de ses cheveux roses. » Signalons, au passage, qu’il s’agit d’un lycée catholique privé. La précision est d'importance, car elle rajoute évidemment une dimension tortionnaire et obscurantiste au contexte dans l’imaginaire collectif. La réalité est très loin de tout cela : arrivé à la rentrée avec ses cheveux roses, le jeune homme avait semble-t-il accepté de changer de coiffure dans un délai de trois semaines. Ce qu’il n’a pas fait : « Ce contrat de confiance n’a pas été respecté, explique l’école. Il a de nouveau été prévenu, plusieurs fois. Comme le veut la procédure, nous lui avons finalement proposé une continuité pédagogique avec des cours, à suivre depuis la permanence. »

Rénatan, élève, au micro de BFM TV, fait pleurer dans les chaumières : « Je vois plus personne, je suis tout seul, j’ai plus accès au cours, c’est très difficile. » Il veut simplement, dit-il, être accepté comme il est. Il aurait fait une dépression et perdu six kilos. Cette teinture rose, dit-il, « fait partie intégrante de mon identité ». Sa mère le soutient dans son combat « pour rester lui-même » et « garder sa liberté individuelle ». On apprend à la fin du reportage qu’une réunion de concertation aura lieu le 8 janvier entre la famille et le lycée afin de trouver un compromis sur une teinte acceptable pour tous. Bref, beaucoup de bruit pour rien (du tout).

Les questions évidentes, de bon sens, celles du « pays réel », sont à rechercher dans les commentaires du reportage, sur les réseaux sociaux, pas dans le reportage lui-même, qui n’en soulève aucune. Et de fait, le hiatus ressemble à un canyon.

Pourquoi rechercher le cadre d’une école privée si on ne le supporte pas ? Dans certaines écoles privées, parmi les plus réputées et courues - comme Stanislas -, les baskets sont interdites, les élèves qui contreviennent au règlement (signé par toutes les parties en début d’année) sont sanctionnés, les familles qui ne sont pas contentes sont priées de changer de crèmerie. Aucun n’a pensé à convoquer BFM TV pour dénoncer cet immense scandale. Ils ont réglé le problème beaucoup plus simplement. En mettant d’autres chaussures.

Tir de barrage 

Pourquoi vouloir changer l'école plutôt que la quitter ? (L’école publique est moins chère et juste à côté.)

Quand va-t-on arrêter de faire prendre des vessies pour des lanternes et des cheveux roses pour une partie intégrante de l’identité ? Aucun enfant ne naît avec des cheveux roses sur la tête (ni des baskets aux pieds).

À quel moment, surtout, un grand média a-t-il jugé utile de consacrer un reportage à cette affairuscule sans intérêt qui n’aurait jamais dû sortir du bureau du proviseur ? Au pays des 120 attaques au couteau quotidiennes, c’est donc LE drame que l’on a trouvé à médiatiser ? Le gouvernement prétend remettre de l’autorité dans le pays en général et dans l’Éducation en particulier… ce n’est pas gagné. Des professeurs, médusés, doivent commencer à s’inquiéter : si l'on va par là, ils ont imposé le stylo à bille bleu plutôt que le vert à paillettes, les carreaux Seyès plutôt que les feuilles blanches, le survêtement plutôt que le short… Avec toutes ces atteintes à la liberté individuelle, vont-ils faire l’objet d’un reportage de dix minutes et d’une condamnation de la part d’un député ?

Gabriel Attal - qui se prétend, comme Gérald Darmanin, proche du pays réel - n’a pas le choix : s’il veut imposer à l’Éducation nationale un uniforme qui, nécessairement, ne fera pas l’unanimité, il doit faire un tir de barrage. Et soutenir publiquement ce directeur d’établissement du lycée La Sagesse - le bien-nommé - de Valenciennes.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Effectivement, ce chef d’établissement est à soutenir. Une raison majeure à cela. Cette excentricité s’accompagne d’une indiscipline, d’un divertissement de la classe qui reçoit cet élève et d’une perte d’autorité des enseignants et de la Direction. Cet élève doit se plier à la discipline générale ou changer d’école. Dans le public il s’exprimera comme il l’entend, si Attal y consent. Mais à placer le doigt dans l’engrenage des individualités il risque fort d’y passer le bras et de perdre son aura.

  2. Et les parents ? Encore une « mère de famille( nombreuse; par parthénogénèse)  » qui n’arrive pas à faire face ? Ou un pilier de star’ac/gala, coiffeuse de son état, qui pense que la provoc au premier degré permet de se singulariser ( d’exister) ?

  3. Bon, c’est vrai que sans BFM TV, on ne saurait rien de cette « affaire »! Sans cela, donc, Renatan… plus personne!

  4. On aura bien compris que l’établissement n’a rien contre les cheveux roses. Seulement, si il cède sur une simple connerie de ce genre, tous les élèves de l’école voudront demain imposer leur singularité du moment, d’abord dans l’accoutrement, puis dans le comportement, et enfin dans la revendication, idéologique ou pas.

  5. Lorsque j’étais collégien il était stipulé dans le règlement: « Si un col appelle une cravate il faut savoir répondre à son appel », les cheveux devaient être coupé court et si le directeur les trouvait un peu long l’élève était directement conduit chez le coiffeur et il n’en revenait certainement pas avec un arc en ciel sur la tête que cela plaise ou non aux parents et à l’élève.

  6. Oh, le pauvre petit, il faut le comprendre, cette teinture rose, dit-il,  » fait partie intégrante de mon identité « . Il a du naître ainsi, aucun doute possible à moins qu’il ne soit atteint d’une maladie chromatique. Conseillons lui de porter des verres correcteurs. Ce sera moins onéreux que de demander aux autres d’en porter

  7. BFMTV s’étale un peu plus dans la fange « peoplisée » et espère peut être redresser son audimat en transformant ses auditeurs en voleurs !
    Comment réveiller LFI avec un cheveu sur la tête à Mathieu, ceci nous permet de constater que cette extrême gôôôche à un service d’épluchage particulièrement affuté pour les infos inutiles et polémiques…

  8. Les parents peuvent l’inscrire dans une école publique beaucoup plus « compréhensive ». Les écoles privées ou religieuses ont des règles que l’on doit respecter ou aller ailleurs. À l’école Alsacienne par exemple….

  9. Atal ne soutiendra pas l’établissement vu qu’il s’git d’un établissement privé catholique, blanc, de droite et donc présumé facho…

  10. Mais bon sang, il est dans une école privé. S’il ne veut pas suivre la règlementation de l’école qu’il rejoigne le public. Il pourra s’y rendre avec des cheveux bleus ou orange et peut être même en pyjama pourquoi pas ce style vestimentaire au titre de la liberté.

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