Exercice de fraternité à la NUPES : LFI exclut le PCF et EELV s'attaque au PS

La NUPES est un peu comme la chanson fétiche de Gaston Ouvrard, le comique troupier de « sa rate qui se dilate », bien connu des aïeux de nos lecteurs : « pas bien portante ». On savait déjà qu’insoumis et communistes faisaient chambre à part ; la faute à des migraines récurrentes, semble-t-il. Mais là, c’est Fabien Roussel (PCF) qui se retrouve condamné à dormir sur le canapé après avoir été sèchement congédié par Manuel Bompard (LFI). Ainsi ce dernier a-t-il envoyé un courrier aux responsables socialistes et écologistes, dans lequel il affirme « regretter la décision de Fabien Roussel de quitter la NUPES en annonçant des listes séparées à toutes les élections jusqu’en 2027 ».

La gauche au bord de la crise de nerfs

Fortuitement, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon a oublié d’envoyer ce courrier à la direction du Parti communiste. Après les migraines donc, l’amnésie : jamais la chanson d’Ouvrard n’aura autant été d’actualité. Résultat ? Les nerfs commencent à lâcher, place du Colonel-Fabien : « Nous découvrons sur les réseaux que le PCF aurait quitté la NUPES. Après les insultes, l’exclusion. » Sauf qu’officiellement, le PCF est toujours dans la NUPES.

Il est vrai que cette façon d’agir est à peu près aussi cavalière qu’un François Hollande congédiant Valérie Trierweiler par un simple communiqué envoyé à l’AFP. L’Histoire peut parfois se montrer ironique. Jadis, staliniens et trotskistes rivalisaient d’ingéniosité et d’énergie en matière d’exclusions réciproques. Au sein des autres composantes de la NUPES, socialistes et écologistes, c'est plus feutré : on ne sait trop, ayant chacun un pied dans cette nébuleuse et l’autre en dehors, qui est en phase de promotion et qui en voie de s’en retrouver exclu. L’inclusivité bienveillante ? On verra demain.

Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, le PS et EELV ne sont pas non plus très bien portants. Lors des Rencontres de la gauche, tenues ce week-end à Bram, dans l’Aude, sous l’égide de Carole Delga, présidente de la région Occitanie et dernière représentante de la gauche à l’ancienne, façon Hibernatus, nous n’étions pas loin de la dépression nerveuse.

Gauche des villes et gauche des champs

Sept cents personnes, c’est mince. Parmi les invités d’honneur, il y avait pourtant du beau linge : Jacques Attali, le prophète qu’on sait, et Pascal Lamy, ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce. Ça n’a manifestement pas suffi à rameuter le public. Il est vrai que tout cela commence mal, avec la défection de Karima Delli, député européenne EELV, qui refuse de cautionner « le principe de la défense de l’autoroute Toulouse-Castres ». Et une fracture de plus ! Il y a déjà la fracture entre communistes staliniens et communistes trotskistes, l’une des plus inexpiables, dont le nouvel affrontement entre Roussel et Mélenchon n’est que le énième épisode. Le feuilleton a commencé au début du siècle dernier. Il y a aussi la fracture entre gauche des villes et gauche des champs. Pour Karima Delli, qui ne doit voyager qu’en trottinette ou en taxi Uber, une autoroute est forcément d’un vulgaire achevé. Pour Carole Delga, il s’agit seulement de désenclaver ces campagnes dans lesquelles nos compatriotes relégués de l’intérieur n’ont pas toujours les moyens de prendre le TGV ou de s’acheter une Tesla pour aller faire les courses, chercher les enfants à l’école ou se rendre au travail ; quand travail il y a encore.

Heureusement que, pour se refaire la cerise et afficher une union de façade, l’irremplaçable Marine Le Pen prête son dos. « Que propose-t-elle, sinon ce même libéralisme autoritaire et de monter toujours les uns contre les autres ? », demande Carole Delga. Il est à craindre que tous n’aient pas lu le même programme économique, notamment Éric Zemmour pour qui ledit programme serait de gauche. Mais voilà, les trois seuls députés du département de l’Aude ont été élus sous l’étiquette Rassemblement national…