Exercice Orion : l’armée française prouve sa solidité en actes

Dans une actualité triste et qui pourrait nous inciter au misérabilisme, il y a tout de même, parfois, de belles raisons d'espérer. Ainsi des informations qui nous parviennent, de loin en loin, dans les médias, sur l'exercice Orion, conduit par l'armée française en ce moment et qui montre que, dans le cadre d'une loi de programmation prometteuse quoique floue, la France pourrait bien se donner les moyens d'une politique de défense qu'elle veut audacieuse. Voyons donc à quoi cela ressemble.
Commençons par tordre le cou à un rapprochement que beaucoup sont déjà en train de faire : l'exercice Orion était prévu depuis des années et la guerre en Ukraine n'a pas modifié le calendrier. En vérité, l'armée de terre, en particulier, se prépare depuis presque dix ans à la possibilité d'un retour de la guerre classique. 7.000 soldats sont en ce moment engagés dans un exercice interarmées s'étendant sur quatorze départements français, mettant en œuvre beaucoup de capacités décisives de nos armées : il y a de quoi faire taire ceux qui parlent d'un déclassement. Cet exercice de « haute intensité », pour reprendre les éléments de communication du ministère des Armées, décline les phases principales, jouées en conditions quasiment réelles, de la planification et de la conduite d'une opération majeure face à une puissance de rang égal. Il intègre les éléments les plus modernes des conflits (drones et cyberguerre, notamment) tout en démontrant que la France est à la hauteur de ses prétentions - pourtant loin d'être négligeables, puisqu'elle s'engage notamment sur sa capacité à conduire une opération multinationale majeure impliquant une quinzaine de milliers de soldats.
FLASH - #ORION, le "plus important exercice militaire jamais réalisé par les armées françaises depuis la fin de la guerre froide", se déroule actuellement sur 14 départements. 7.000 militaires simulent une intervention à #Arnland, un pays fictif. (AFP) pic.twitter.com/hrf06KumnP
— Mediavenir (@Mediavenir) February 27, 2023
Les premières images sont impressionnantes. Largage massif de parachutistes et de matériel de guerre, réarticulation au sol font partie des figures imposées d'un exercice militaire, certes. Ce que l'on ne mesure pas, en revanche, et dont on ne se rend compte qu'en écoutant d'anciens officiers en parler à la télévision, c'est que la synergie entre les armées, l'engagement de 7.000 militaires, tout en poursuivant les missions « réelles » qui sont assignées à nos forces armées au quotidien, est à la fois un retour aux fondamentaux et une démonstration des capacités françaises. Guillaume Ancel, camarade de promotion de l'actuel chef d'état-major des armées, ou le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre, ont tous deux rappelé (sur France 5 et LCI respectivement) qu'ils étaient, eux, les officiers des années 80, la dernière génération formée à la guerre de haute intensité, « blindée mécanisée », avant que nous ne devinssions un pays doté d'une armée expéditionnaire dont les missions principales étaient le rétablissement de la paix en Afrique, la guerre asymétrique (en Afghanistan, par exemple) et la réserve d'intervention sur des bases préétablies (en propre ou pour le compte de l'ONU).
"#Orion23 c’est un changement de cap. Ma génération est la dernière à avoir été formée à la guerre de haute intensité. On était passés sans aucun débat de société au corps expéditionnaire. Là on se réintéresse après 3 décennies à une manœuvre de haute intensité". @GuillaumeANCEL1 pic.twitter.com/cCb8cSbo44
— C dans l'air (@Cdanslair) February 28, 2023
Autre élément de poids : Orion, quoique conduit en toute transparence, n'est pas un « test ». C'est, bien davantage, rappelle le ministère, un jalon dans l'appropriation d'une guerre qui, bien qu'étant celle de toujours, s'est enrichie d'effets, notamment immatériels, et de mesures de coordination, techniques ou tactiques, qui nécessitent que les chefs acquièrent, jusqu'au plus petit niveau, davantage d'autonomie.
La séquence qui se déroule en ce moment est la deuxième de quatre phases qui se poursuivront jusqu'en mai. Pendant ce temps, on apprend par Le Canard enchaîné de ce mercredi que les Serbes vont acheter nos Rafale et que Dassault dispose de documents décisifs prouvant la faiblesse des avions de chasse américains F-35. Belle semaine pour le monde de la Défense en général, à ce qu'on dirait.
Tout n'est pas rose, évidemment : l'intérieur de notre cité commune continue de se délabrer. Mais, au moins, il y a encore du monde sur les remparts.
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21 commentaires
C’est normal qu’une armée s’entraîne, mais sans la sanction du feu ça ne reste qu’un exercice dont l’objectif est de satisfaire ses concepteurs.
« il y a de quoi faire taire ceux qui parlent d’un déclassement »
Le théâtre aux armées n’est pas nouveau, car ces manœuvres, avec un matériel souvent défaillant, un manque criant de munitions et une troupe en nombre limité, ne sont que du théâtre.
Et quid de notre autonomie en combat réel?
Aussi vaillants puissent être les militaires Français, on peine à imaginer comment cette armée à ce point réduite en moyens pourrait faire face à un adversaire d’une toute autre dimension. D’ailleurs, quel pourrait bien être cet adversaire déterminé à lancer un assaut sur le sol Français avec des moyens conventionnels? Les gens qui nous dirigent depuis 50 ans ont bien plus ravagé notre pays que ne pourrait le faire un assaillant déterminé. Tout ce qu’il y avait à piller l’a déjà été…
S’il y a une guerre, Macron enverra nos troupes d’élites au massacre. Qui restera par la suite dans ce pays pour nous défendre d’une éventuelle attaque de l’ennemi intérieur ?
Je suis sûrement dépassée, mais j’avais 20 ans dans les années 80 et me languissais de mon petit ami qui faisait son service militaire….
Au moins avions nous un énorme vivier d’hommes aguerris au maniement des armes et du pas cadencé qui, en période de guerre, ne sert plus à rien sinon de savoir obéir aux ordres.
Bien sûr, on peut également y voir de la chair à canon bon marché..
Cependant, Indépendamment des soldats professionnels, qui aujourd’hui en seconde ligne ?
Le sentiment d’appartenance à notre Nation (horreur), d’honneur fait au Drapeau (argh), de notre identité française (de quoi parlons nous !!) ne valant plus tripette pour nos dirigeants, qu’adviendrait-il de notre pauvre France, déjà si mal en point ?
Je n’ose même pas imaginer.
Gageons que la paix règnera et surtout, croisons les doigts
Le concept de guerre de haute intensité en Europe est désormais discutable. Fort heureusement, nos ennemis héréditaires Anglais et allemands ne menacent plus nos frontières. Et malgré tout ce que l’on veut nous faire croire, la guerre en Ukraine n’est pas non plus la manifestation d’une menace de la Russie qui a bien d’autres chats à fouetter à ses frontières asiatiques. Le centre de gravité du monde s’est déplacé en Asie-Pacifique où, seuls en Europe nous avons des Territoires à défendre. Dans nos réflexions stratégiques, notre regard doit désormais se déplacer de la glorieuse « ligne bleue des Vosges » vers le Grand Large de nos dépendances ultramarines. L’armée française doit se transformer en un grand Corps expéditionnaire. D’ailleurs, avec la multiplication contemporaine de nos opérations extérieures (OPEX) , comme monsieur Jourdain nous faisons déjà de la prose sans le savoir. Et Orion est un excellent entrainement aux missions extérieures.
Ces manœuvres sont surtout des exercices de communication du commandement. Elles ne disent rien sur la vaillance des hommes, sur leur esprit d(‘initiative face au véritable feu et surtout sur la logistique toujours sujette aux aléas des déplacements des combattants et aux visées de l’adversaire. Sans munitions, le plus valeureux des combattants n’est rien. De nos jours la tactique militaire est plus proche de la guérilla, du coup monté, que d’une lourdeur administrative en ligne. Les plus beaux plans se résument surtout à la mise en valeur de l’esprit d’initiative. Une vue de mon clocher.
Cher monsieur Florac, j’aurais tendance à être moins enthousiaste que vous, en cas de guerre de haute intensité, sur nos 1300 km de frontière avec l’est, notre armée ne pourrait en défendre que 100km, ce qui est un peu juste. Par contre je connais la qualité de nos militaires, en perticulier de nos forces spéciales.
Un bémol.
Que peuvent faire 7000 soldats contre un déferlement venant de l’est ?
déferlement venant de l’est ? le déferlement vient du Sud tous les jours et ça on n’en parle pas alors le « cinéma Orion » me laisse indifférent !
Le passage à une armée « blindée mécanisée » faite pour mener une guerre contre la Russie sous bannière américaine transforme, sans même que soit consulté le Parlement français, l’alliance atlantique qui était défensive en une alliance offensive qui peut entraîner le pays dans une guerre mondiale.
Comment le Général de Gaulle qualifierait-il cette soumission à l’empire américain sinon de trahison ?
Et pour l’artillerie, c’étaient des lance-pierres de quel calibre? Pardon, nous avons encore l’excellent canon de 75 qui a fait ses preuves.
Pour les blindés à chenille, pas de panique: il reste encore quelques Renault FT dans les musées. Voire, en faisant quelques efforts, un ou deux Somua S35 et un B1B.
Il reste encore de l’essence, des munitions et des pièces de rechange dans les stocks après l’exercice?
« Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts »…
Une gabgie financière qui ne sert qu’à faire mumuse aux huiles qui s ennuient dans leurs casernes
exact !
7000 militaires et plus de munitions , ils éspèrent tenir combien de temps en cas d’attaque …..
Ne rions pas, Mr Florac. 70 canons César, une centaine + de chars lourds en état de marche, 8 jours de munition, et la macronie se vante de faire une manoeuvre de guerre intensive ! Réalisez un peu l’issue en situation de combat réel.
Oui, c’est bien mais que ferait notre très petite armée et ses 120 chars en état de marche face à des centaines de milliers de soldats russes ? Et n’oublions pas que nous n’avons que très peu munitions en réserve;
Tout cela me laisse dubitatif: la très prochaine guerre sera nucléaire, même si pas grand monde veut voir cette évidence, et ces exercices ne serviront pas à grand chose.