« Exhumations à la pelleteuse » au cimetière de Pantin ? La danse macabre !

Capture d’écran (2486)

Vous vous souvenez certainement de la Danse macabre, de Camille Saint-Saëns, reprise en partie dans Le Carnaval des animaux. Dans ce morceau très expressif, le xylophone imite les os qui s'entrechoquent dans cette valse des ossements. On s'aperçoit aujourd'hui que, si on mixe Saint-Saëns avec un fond de Motörhead, eh bien, ça risque de donner la bande originale du cimetière de Pantin. Jugez-en vous-même : Pierre Liscia, conseiller régional LR d'Île-de-France, a publié, le 22 mai au matin, une vidéo Twitter dans laquelle il interroge un employé suspendu du cimetière susnommé, l'un des plus grands de la région. Il dit s'être rendu sur place le 19 mai et avoir vu des choses pas terribles, notamment un crâne à l'air libre. Face à ces accusations, la ville de Paris envisage de porter plainte contre Pierre Liscia.

Commençons par dire que certaines circonstances du tournage de cette vidéo sont sujettes à caution : les vidéos d'ossements fournies à l'appui de cet entretien datent d'il y a quatre ans. Ce sont, si vous voulez, des "images d'illustration". Pas très chic. L'entretien, lui, est bien réel, mais Pierre Liscia oublie de préciser pour quel motif ce fossoyeur a été suspendu. On n'en saura pas davantage. Ce sont peut-être des vétilles - ou peut-être pas -, mais le doute est permis.

Ces points mis à part, et quoi que l'on pense de la validité des méthodes et du discours de Pierre Liscia, on ne peut s'empêcher d'être révolté quand on apprend comment les tombes sont "libérées", c'est-à-dire au tractopelle. Théoriquement, la pelle mécanique s'arrête à 20 centimètres du cercueil (pas 19, pas 21) et le fossoyeur termine alors le travail à la pelle manuelle ; "avec respect", évidemment. Ensuite, le corps est exhumé. Le fossoyeur qui témoigne affirme que plusieurs de ses collègues vident les tombes à la pelleteuse. Les registres en attesteraient. On ne sait pas.

La poursuite de la décivilisation, aussi appelée ensauvagement, se poursuit. Les tombes ne sont pas entretenues, dit un reportage du Parisien sur cette affaire. De plus en plus de gens se font incinérer. Le gouvernement promeut l'euthanasie. Bref, nous sommes en train de renoncer à ce qui nous séparait des animaux : le respect de la fin de vie, l'enterrement de nos morts et le respect accordé aux sépultures. Dans la grande déchetterie pour macchabées qu'on nous prépare, on s'apercevra bientôt que tous ces morts, dont personne ne s'occupe, pourraient utilement être réemployés. Recyclés, quoi. C'est le sens des récentes initiatives sur les tombes biodégradables ou du compostage humain, dont il a déjà été question dans BV. C'était aussi le sens d'un vieux et prémonitoire film de science-fiction : Soleil vert.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Officiellement, les os remontent à la surface et se dispersent ? Ça alors ! On nous prend vraiment pour des … Mais les révélations de ce fossoyeur ne m’étonnent guère. Comment une société qui ne respecte ni la vie, ni les personnes âgées, ni les enfants, ni les plus faibles en général, pourrait-elle encore respecter les morts, tabou ultime de toute civilisation ? Finalement, le plus important, c’est clairement dit dans ce témoignage, c’est le pognon. Peu importe qu’on dépouille les morts, qu’on disperse les ossements, pourvu qu’on y trouve son compte. L’argent n’a pas d’odeur. J’espère que cet homme courageux ne sera pas sanctionné et que son témoignage permettra de faire tomber quelques têtes (au sens figuré).

  2. Bah la cour des comptes veut supprimer les vaches on peut, peut-être, recycler en steak de synthèse les cadavres…style « soleil vert » le film

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