Exit, le politique !
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L’élection de M. Macron nous a révélé que les partis politiques n’étaient plus que des coquilles vides depuis des lustres. La classe politique compradore s’étant déchargée depuis longtemps de toutes ses responsabilités sur la technocratie bruxelloise (et au moyen d’un endettement ad libitum) excellait néanmoins dans l’art d’accéder aux affaires et de s’y maintenir, ceci depuis le Gouvernement provisoire de juin 1944 associant gaullistes, communistes et socialistes. Or, avec la dislocation des partis nés à la libération de Paris, c’est une page d’Histoire qui se tourne, peut-être équivalente (mais en mode mineur) à la chute du mur de Berlin. Nous sortons, en effet, du théâtre de l’alliance gaullo-communiste[ref]Éric Brunet, L'Obsession gaulliste, novembre 2016[/ref] pour entrer dans un Nouveau monde macronien, relevant d’un nouveau paradigme : celui d’un libéralisme ultra-mâtiné de freudo-marxisme.
Exit, la classe politique que M. Macron et ses commanditaires ont remplacée par une sorte de fac-similé… En marche ! Un hologramme à deux visages : un palais Bourbon ultra-croupion, occupé par une écrasante majorité d’ilotes de la politique (et choisis pour cette éminente qualité sous couvert d’ouverture à la société civile) et un Élyséen aux dents blanches et aux appétits carnassiers, soigneusement drivé par ses mentors et cornacs, idéologues et magnats des affaires, de la finance et de la presse.
M. Macron, prête-nom ou fidéicommis d’une syndication de grands intérêts, ne s’est évidemment pas hissé à la seule force du poignet via le laborieux circuit partisan. Tout cela est d’ailleurs révolu, vieux jeu, ringard. Aux orties, les partis qui ne servent plus à rien, pas même à servir de caisse de résonance ou d’exutoire à la France populaire et moribonde, celle des usines délocalisées, des friches industrielles et des zones rurales livrées à l’agro-industrie mondialisée.
Bref, un coup d’État institutionnel n’ayant été possible que parce que les partis et leurs caciques avaient déjà sombré en silence corps et biens. Devenu inutile et matière inépuisable à scandales, le personnel politique devait quitter les tréteaux pour nous avoir tant de fois administré la preuve de son incapacité à tenir sa place de façon simplement crédible. Bref, ceux qui dirigent derrière le rideau, distribuent les fonctions et les rôles ont finalement décidé de court-circuiter les politiciens dont la médiocrité commençait à faire tache.
La partitocratie ayant fait long feu, le temps est donc venu de lui substituer un dispositif plus adapté aux nécessités de l’heure (européanisation à marche forcée et unification euratlantiste). Un appareil d’État par conséquent relooké et rajeuni, progressant masqué sous le visage lisse du jeune premier Macron… en réalité piètre acteur en dépit des dithyrambes qui pleuvent et l’accablent, tant ils sont excessifs.
Récapitulons : les corps intermédiaires que formait le bicaméralisme (Sénat et Assemblée nationale) sont désormais devenus inutiles. Les puissances économiques et financières qui dirigent le monde veulent gouverner les peuples en direct, sans intermédiaires institutionnels. À ce titre, M. Macron peut être considéré comme une sorte de régisseur de l’entreprise France et un syndic de faillite devant faire la part du feu entre le durable et le consommable, en sacrifiant les classes moyennes et la province au profit des grands centres urbains à vocation cosmopolitiste. Enfin un super-VRP dont les objectifs commerciaux détermineront la vision géopolitique et conditionneront la diplomatie.
Mais si l’élection de M. Macron nous montre l’obsolescence du politique, elle révèle également que ce sont les médias qui sont aujourd’hui les vrais maîtres du jeu. Que leur capacité à manipuler l’opinion publique est telle qu’ils sont parvenus à faire d’un quasi-inconnu un chef d’État. Concluons que le quatrième pouvoir (la presse) est en réalité devenu le premier : dorénavant, politiciens et médiacrates faiseurs de rois sont appelés à se fondre et à se confondre.
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