[EXPO] Le duel à travers les temps et les mondes
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L’exposition sur l’art des duels se tient actuellement au musée de l’Armée, aux Invalides, jusqu’au 18 août. À chaque culture et à chaque époque, son duel : éclairage sur une pratique codifiée et… parfois sanglante.
Contrairement au combat et à la joute, le duel oppose deux personnes et n’est pas un jeu. Il sert à sauver son honneur et à montrer son courage, essentiel pour conserver ou conquérir sa place dans la société. Il n’y a pas de pendant féminin au duel, car il est souvent un rite de passage masculin. En outre, la femme est perçue comme pacificatrice, ou est l’objet du conflit. Arts et littérature glorifient le duelliste, créant un modèle héroïque expliquant son succès et sa persistance dans les sociétés. Les épées et pistolets sont les armes les plus courantes, suivis des sabres, couteaux, poignards, masses et massues. Des objets quotidiens comme les faucilles et bâtons longs sont aussi utilisés, notamment dans des communautés en Afrique. C’est dans les gangs qu’on trouve le plus de « sobriété », avec des duels au bras de fer. Dans l'exposition, il est possible de s’essayer à différentes armes reliées à un dispositif générant des bruitages !
Une pratique variable au fil du temps
Le duel antique présente le duelliste comme un champion pour sa cité. Jusqu’au XVIe siècle, le duel ordalique est censé donner raison au vainqueur où Dieu sert de juge. Le duel sportif confronte des méthodes de combat sans visée meurtrière, appelés « duels blancs ». Le duel d’honneur, répandu dans la noblesse au XVIIe siècle, défend la réputation mais cause le plus de morts et de blessés. « Achille, Arthur ou d’Artagnan banalisent une violence touchant des milliers d’anonymes », selon l’exposition, qui dénonce cette pratique.
En France féodale, le duel est répandu dans l'armée, mais interdit partout ailleurs, sauf comme duel judiciaire. Philippe le Bel l'autorise seulement pour homicides, trahisons, violences ou maléfices, selon une ordonnance. Pour rester secrets, les duels se font à l'aube, au crépuscule ou en lisière de forêt. Au XIXe siècle, après la Révolution, le duel devient une affaire publique et est alors médiatisé. Démocratisé dans la société civile, journalistes, artistes et scientifiques s’y adonnent. Les abords de la Grande Roue, érigée près du Champ-de-Mars pour l’Exposition universelle de 1900, deviennent un lieu prisé des duellistes, où ils ne manquent pas de spectateurs. Après l’hécatombe de la Grande Guerre, les duels se font plus rares et les rencontres s’arrêtent au premier sang, c’est-à-dire à la première blessure.
Les duels épiques qui ont marqué l’Histoire
Deux duels fondateurs en Occident figurent dans l’Iliade et la Bible. Achille, le champion grec, tue le prince Hector, ce qui marque le point de bascule dans la guerre entre Grecs et Troyens. Le petit berger juif David abat le colosse Goliath, de l’armée des Philistins. Bien loin des mondes juif et grec, et dans les temps modernes, au Japon, l'affrontement en 1612 entre Miyamoto Musashi et son maître Sasaki Kojiro inspira grandement les artistes. Musashi tua son maître après un retard stratégique. On notera aussi le duel entre le capitaine Joseph d’Albert de Luynes et Julie d’Aubigny, alias « la Maupin », travestie en homme, au XVIIe siècle. Cette bretteuse également chanteuse d’opéra triomphera et soignera le capitaine, ce qui engendrera le début d’une romance entre eux.
Dans ce tableau, ne manque-t-il pas Cyrano de Bergerac et Zorro, figures emblématiques de cape et d’épée, l'un dans le domaine littéraire, l'autre dans la culture populaire ? Le terme de « panache », propre des duels où honneur et loyauté étaient de mise, manque aussi... Aujourd'hui, les duels ont été en remplacés par des combats de rue qui en sont l'inverse : des affrontements hors cadre à la violence spontanée, où l’honneur n’est pas au rendez-vous tant le combat est déloyal.
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3 commentaires
Rétrospective interessante et constat alarmant : quand verrons nous adoptée une Loi condamnant (avec sanctions immédiates) les responsables de combats de rue…??
Nous avons accepté la decivilisation, le respect et La Défense des plus faibles sont piliers de notre civilisation. A 3 sur une grand mère nous aurait couté un lynchage
» Aujourd’hui, les duels ont été en remplacés par des combats de rue qui en sont l’inverse: des affrontements hors cadre à la violence spontanée, où l’honneur n’est pas au rendez-vous tant le combat est déloyal. » Pas combats de rues mais attaques sanglantes envers une population que certains veulent éliminer avec la complicité des élus et de la justice .