Face à Fekl, Marine Le Pen persiste dans ses accusations
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Il y a quelques jours, Florian Philippot, numéro 2 du Front national, a dénoncé "des violations du secret de l'instruction" au sujet de l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs du FN au Parlement européen. En accusant les policiers "anticorruption" saisis de ces affaires, il a émis l’hypothèse selon laquelle les fuites orchestrées auraient pu l'être contre de l'argent, ou "pour des raisons politiques". Ces propos ont entraîné une réaction immédiate du ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, qui a décidé de porter plainte pour diffamation.
Interrogée ce mercredi sur CNews, Marine Le Pen, à son tour, a proféré les mêmes accusations. Dans ses propos, la candidate à l'élection présidentielle s'est notamment étonnée de ce que certaines affaires "sortent dans l'heure", faisant allusion à celles concernant sa formation politique, et à celles concernant François Fillon. Alors que d'autres, comme celles visant Bruno Le Roux, "ne sortent pas" !
Au-delà des soupçons portés par les deux hauts responsables du Front national et, en d'autres circonstances, par François Fillon - dénonciations dont les auteurs portent seuls la responsabilité -, il n'en demeure pas moins qu'un certain nombre de questions essentielles restent posées. Ainsi, comment est-il possible que nous assistions, par médias interposés, et de manière de plus en plus fréquente, à ces violations répétées du secret des enquêtes judiciaires ? Par ailleurs, comment se fait-il que nos dirigeants, si prompts à porter plainte contre ceux qui s'estiment, souvent à juste titre, être les victimes de ces procédés illégaux, soient si peu soucieux de faire respecter ce droit fondamental qu'est celui de la présomption d'innocence ? Enfin, peut-on nier, dans le contexte électoral actuel, le ciblage à droite évident qu'est celui des affaires soulevées par la presse ?
Pour sortir de l'hypocrisie ambiante, il convient de rappeler quelques faits simples. Tout d'abord, le respect de la présomption d'innocence, dans notre pays, est un leurre depuis déjà longtemps. Et les personnalités politiques accusées et poursuivies par la justice, après avoir fait la une des journaux pour ensuite être disculpées, ne se comptent plus. Ensuite, les fuites dans la presse ont, elles aussi, toujours existé. C'est avec la mention passe-partout "selon des sources proches de l'enquête" que de nombreux journalistes divulguent des informations extraites des procédures judiciaires, en général en toute impunité. Enfin, qui d'autre, selon le stade de l'enquête en cours (policière ou information judiciaire), que les enquêteurs, les magistrats ou les avocats peuvent avoir accès à des informations tenues a priori secrètes ? Alors oui, ces fuites existent. Elles sont volontaires. Et les motivations de ceux qui communiquent des informations, voire des pièces de procédure aux journalistes, peuvent être multiples, aucune ne pouvant être écartée.
Les affaires politico-médiatiques auront fait, ces derniers mois, couler beaucoup d'encre. Elles sont une honte pour un grand pays comme la France, qui n'hésite pas à donner des leçons de démocratie à la Terre entière. Il est donc grand temps de revoir les modes de fonctionnement qui régissent les rapports entre la presse et la justice. De faire en sorte que la liberté de la presse ne soit pas le prétexte pour bafouer systématiquement nos libertés fondamentales. Et de sanctionner avec la dernière rigueur tout fonctionnaire, quel que soit son grade ou sa fonction, qui aura manqué à ses obligations légales ou déontologiques. C'est aussi cela, moraliser la vie politique.
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