Face à la crise énergétique, la France dispose de nombreux atouts

ampoule

Face à la crise énergétique mondiale, la France dispose d’atouts liés à ses particularités géographiques et sociales. Encore faut-il les reconnaître et bâtir des stratégies en conséquence. On peut en évoquer trois qui pourraient bien se compléter en vertu d’un principe de solidarité.

Premièrement, la variété de ses paysages. Il est facile de comprendre que la Bretagne, la Savoie ou La Réunion n’ont pas le même climat ni la même géographie. Et donc, si on postule que les nombreuses énergies renouvelables (éolienne, géothermique, hydraulique, solaire, pour ne citer que les principales) sont liées à leurs caractéristiques physiques, il paraît évident de reconnaître que les stratégies énergétiques mises en œuvre dans les diverses régions françaises doivent être bien différentes. Seule une planification nationale doit en assurer la solidarité.

Deuxièmement, la variété des modes de vie en France. Là encore, il faut se souvenir que la nation française s’est construite à partir de cultures et de mode de vie bien différents selon les « pays » qui la constituent. À rebours d’une culture générique qui indifférencie ces différentes cultures, la réconciliation entre mode de vie et territoire doit générer des économies tirées de morphologies urbaines, d’us, de coutumes ou de civilités bien différentes d’une région à l’autre. Le retour d’un « tissu social » tricoté à partir d’une solidarité entre voisins ou copropriétaires fournit un gisement potentiel d’économies d’énergie, pour peu qu’on les laisse s’organiser entre eux sans passer par un opérateur central. Intelligence collective plutôt qu’artificielle.

Enfin, l’énergie fatale, celle qui se perd fatalement si on ne la récupère pas, peut là aussi générer de substantielles économies. Data serveur qui chauffe un lotissement d’habitations, chambre de bébé chauffée par le local de la chaudière attenant, adossement de la maison à un coteau tiède sont de multiples exemples d’organisation urbaine qui pourraient redessiner des villes sur des principes ancestraux. Des principes qui ont bâti l’architecture vernaculaire de notre pays. Plutôt que de coller aux français un DPE (diagnostic de performance énergétique) qui, comme le permis à points, a vocation à devenir coercitif, les pouvoirs politiques devraient permettre aux Français de faire ce qu’ils savent le mieux faire : employer le système D.

La crise énergétique va d’abord frapper les plus démunis. Il ne faut pas seulement leur distribuer des « chèques énergie », mais aussi leur permettre d’exploiter à leur profit le plein potentiel des champs énergétiques offerts par le pays. Pour que la couleur de leur gilet passe du jaune à l’or.

Grégoire Bignier
Grégoire Bignier
Architecte - Enseignant à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine et à l’ESSEC

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois