Face à la géopolitique manichéenne de Macron, le réalisme diplomatique de Marine Le Pen

1200px-Ministère_français_des_Affaires_Etrangères_et_Européennes_Quai_d'Orsay_Paris

Dans ses soutiens, Emmanuel Macron peut compter sur Nicolas Sarkozy et l'écrivain Marc Levy, les anciennes gloires qu’on sait. De son côté, Marine Le Pen lira avec intérêt Christian Chesnot, journaliste du Figaro retenu en otage, en 2004 et en Irak, avec son confrère Georges Malbrunot.

Et ce dernier d’annoncer en préambule, dans une tribune publiée sur le site de France Culture : « La vision des affaires mondiales et de la place de la France sur la scène internationale développée par Marine Le Pen est en rupture complète avec celle d’Emmanuel Macron. »

Voire même celle de ses prédécesseurs : « Elle rejette le droit d’ingérence humanitaire cher à Bernard Kouchner et préfère le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. » Et de la citer : « Je restaurerai la diplomatie secrète, car c’est la seule qui soit efficace. » Bref, Marine Le Pen en finirait avec les actuels discours du Quai d’Orsay, si manichéens qu’à côté, la déclaration d’une Miss France au soir de son élection ressemblerait à du Hubert Védrine ou du Roland Dumas, les affreux gauchistes qu’on sait.

Mieux, à l’heure où tous les Français sont sommés de se sentir ukrainiens, Christian Chesnot note : « Anticipant la fin du conflit entre Kiev et Moscou, Marine Le Pen plaide pour un “rapprochement stratégique entre l’OTAN et la Russie” qui, selon elle, est “dans l’intérêt de la France et de l’Europe, mais aussi des USA, qui n’ont aucun intérêt à voir émerger une étroite union sino-russe”. » D’ailleurs, à propos de l’OTAN, il rappelle les positions de la candidate en la matière : « Je souhaite simplement renouer avec une politique qui fut la nôtre entre 1966 et 2009, qui n’impliqua nullement une soumission à Moscou. […] Jamais la loyauté de la France à l’égard de l’OTAN n’a été mise en défaut. Mais je ne placerai simplement jamais nos forces armées sous un commandement qui ne relève pas de la souveraineté française. »

Voilà qui est dit, et si projet de rupture il y a, il vise seulement à en finir d’avec les trahisons survenues depuis le dernier septennat de François Mitterrand qui, de Chirac en Macron, de Sarkozy en Hollande, nous obligèrent à revenir sur la traditionnelle ligne politique fixée par le général de Gaulle, en nous remettant sous tutelle américaine.

Mais il est une autre antienne sur laquelle Marine Le Pen entend revenir : le traditionnel « couple franco-allemand ». Ce que note fort bien Christian Chesnot : « Dans sa vision stratégique et militaire du continent européen, la candidate du RN fait le constat que Paris et Berlin n’ont aucun intérêt commun. » Fin d’un tabou ? Ou d’un couple à la Dubout ? Il y a de ça. Et le même d’enfoncer le clou, la citant une nouvelle fois : « L’Allemagne considère l’OTAN comme le pilier naturel de sa sécurité, aujourd’hui comme hier, ce qui l’amène à acheter américain. » Là, c’est un autre tabou que ce journaliste lève : « Forte de ce constat, Marine Le Pen souhaite l’arrêt de l’ensemble de la coopération militaire avec Berlin, qu’il s’agisse de l’avion de combat comme du char du futur. » Logique, les Allemands ayant préféré, tel que c’était prévisible, acheter des avions américains, torpillant au passage ces initiatives d’une défense européenne de plus en plus hypothétique.

Un réalisme diplomatique que valide Christian Chesnot à demi-mot, ne serait-ce que dans ce souhait consistant à associer à la fois Iran et Israël dans le problème libanais, à restaurer nos relations diplomatiques avec la Syrie et à peser de tout son poids à venir pour que l’Allemagne ne puisse obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, préférant soutenir les candidatures de l’Inde, d’un pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud.

Jacques Bainville n’aurait pas mieux dit.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Contournant l’embargo sur les armes en 2014 suite au retour de la Crimée en Russie la France a vendu des armes à Poutine jusqu’en 2020. 348 mllions d’equipements militaires 44% de France 35% de l’Allemagne. Poutine les utilisent actuellement en Ukraine. Bombes roquettes missiles avions avec composants cameras thermiques pour tanks systemes de navigation detecteurs infrarouges pour avions et helicopteres de combat. Là Macron fournit l’Ukraine en armes.Macron incite à la guerre pas à la paix.

  2. Le couple franco allemand un mythe mitterrandien L’Allemagne agit tjs selon ses propres intérets et en matiere militaire outre s’approvisionner chez les americains elle vient aussi d’engager une cooperation militaire avec Israel cette fois pour se fournir en drones, systeme de defense aérienne « dôme de fer » … là encore la « defense européenne  » est un mythe un écran de fumée de Macron qui rêve de devenir president de l’UE en detruisant la nation française. Macron le liquidateur de la France

  3. Une fois élu Macron va nous engager dans la GUERRE contre la RUSSIE dès le lendemain de l’élection, avec les autres co-belligérants. Le réveil va être dur.

  4. MITCHELL du Parlement Européen, a fait l’annonce aujourd’hui 21 avril que l »UKRAINE allait gagner la guerre contre la RUSSIE.
    Qui a investi Mitchelle pour qu’il se permette de faire cette annonce, qui sous-entend des choses très graves pour nous : il n’y a plus de pourparlers de négociation en cours, et que d’ici 3 jours nous pourrions nous ausssi entrer dans la guerre contre la RUSSIE si nous considérons les annonces menaçantes de Poutine de ce jour.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois