Face au coronavirus : la politique macronienne, ou la ruse de la raison technicienne

macron

Le Président Macron devrait annoncer la fin progressive du reconfinement (qui a débuté le 29 octobre) face à l’interminable pandémie de Covid-19. Ainsi, la vie (moderne) oscille entre confinement et déconfinement. Cependant, le macronisme devait être initialement un saint-simonisme, en référence à la philosophie politique de Saint-Simon (1760-1825) qui préconise la pratique du pouvoir selon les modalités les plus scientifiques possibles : radicaliser le projet des Lumières en alliant humanisme et technoscientisme. Aujourd’hui, justifier l'injustice sociale sur la base d'impératifs à la fois financiers, économiques et technologiques. Et, à l’occasion de cette crise sanitaire, étendre intégralement la « start-up nation » en faisant du pays une e-commerce station.

Ou quand le technocratisme n’est que panurgisme à l'échelle planétaire, la plupart des dirigeants s'imitant les uns les autres, beaucoup plus pour se protéger pénalement que pour protéger médicalement : lors du premier confinement, le mot d’ordre consistait à rester chez soi et attendre que ça passe, sans oublier qu’il fallait laisser mourir nos anciens seuls dans leur chagrin. Seulement, les cadavres, majoritairement sociaux, ne pourront plus rester dans le placard plus longtemps.

Donc, à défaut de reprendre le contrôle sur le virus, on ne fait qu’afficher le nombre de cas positifs, notamment dans les services de réanimation (moins de 5.000 dans l'Hexagone), mais surtout le nombre de morts. Comme si d’autres morts n’existaient pas, voire comme si tout mort était un « mort Covid »… Puisque le chiffre a toujours été un formidable instrument de pouvoir. En l’occurrence, sur les deux millions de cas recensés en France à ce jour, seule une minorité garde des séquelles telle la thrombose, cette grippe « chiroptérienne » (ou « pangolinienne ») affectant les vaisseaux sanguins qui irriguent les poumons.

Voilà pourquoi le prétendu « cercle de la raison » qu'incarne l'actuel locataire de l'Élysée – de par sa filiation intellectuelle avec le mandarin Alain Minc – devait se radicaliser en offrant davantage encore nos esprits aux puissances numériques, tant françaises qu’américaines : stimuler l’émotion pour mieux dynamiser la consommation. De fait, la folie est une merveille quand elle est collective : du port du masque dès l'âge de 6 ans à la fermeture des commerces « non essentiels » en passant par les tests de dépistage permanents et la tentation de rendre obligatoire un vaccin fait à la va-vite, autant d’éléments constitutifs d’un nouvel ordre totalitaire. Irrésistiblement, « rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion », avait affirmé Hegel.

Ce philosophe de l’Histoire ne peut qu’inspirer dans cette sombre période. En effet, à présent, qui nourrit « l'angoisse de souiller la splendeur de son intériorité par l'action », si ce n’est la technocrature des élites mondialisées ? Mais « ce qui élève l'homme par rapport à l'animal, c'est la conscience qu'il a d'être un animal [...] Du fait qu'il sait qu'il est un animal, il cesse de l'être. » Alors, in fine, sommes-nous encore des hommes, aujourd’hui ? Car il faut que la bêtise l’emporte tant que les belles âmes consomment, avec ou sans « gestes barrières » !

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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