Face aux accusations de violences policières, Castaner annonce la tenue d’un séminaire
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Alors que le débat sur les violences policières commises lors des manifestations des gilets jaunes ne désenfle pas et que les demandes d’explications sont toujours aussi pressantes, Castaner se voit contraint de dévoiler sa stratégie médiatique.
Il y a eu, tout d’abord, le limogeage du préfet de police et des deux principaux directeurs qui servaient sous son autorité. Cette manœuvre, qui devait servir de solde de tout compte, n’a finalement abouti qu’à gagner un peu de temps. L’effet de choc voulu par le gouvernement n’ayant pas eu lieu. Ainsi, face à la persistance des accusations, il est vrai renforcée par le nombre important d’enquêtes ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) à l’encontre de policiers soupçonnés de violences illégitimes (250), le ministre de l’Intérieur a dû ouvrir un nouveau front, celui de la communication. C’est ainsi que, récemment, la chef de l’IGPN a, au cours d’une conférence de presse, affirmé qu’il n’y avait pas eu de violences policières. Cette déclaration, pour le moins surprenante venant de celle qui dirige les services chargés des enquêtes en cours, participe, à n’en pas douter, d’une seconde ligne de défense mise en place par le gouvernement. Celle-ci consiste à envoyer au contact des médias des hauts responsables policiers à qui il appartient de relayer le message gouvernemental. Cette tactique reste cependant des plus dangereuses. En effet, c’est l’impartialité même des services d’enquêtes qui se retrouve de la sorte au cœur des débats. Et la Justice risque fort de ne pas y trouver son compte.
Mais face aux critiques émises il y a déjà plusieurs mois par certaines instances internationales, l’ONU en particulier, Castaner ne pouvait en rester là. Il vient donc d’annoncer la tenue d’un « séminaire » relatif à l’exercice du maintien de l’ordre dans notre pays. Des experts français et étrangers, allemands, néerlandais et espagnols, notamment, seront amenés à débattre sur « l’évolution en profondeur de la doctrine et des méthodes » applicables au maintien et au rétablissement de l’ordre public. En temps ordinaire, et en dehors du contexte dans lequel s’inscrit cette initiative, il n’y aurait que des raisons de se satisfaire de cette remise en question devenue indispensable. On ne peut, toutefois, que s’interroger sur son caractère tardif. En effet, depuis plusieurs années déjà, en particulier lors des manifestations contre la loi Travail, les spécialistes du maintien de l’ordre avaient déjà dénoncé une perte de technicité de la part des forces de l’ordre qui ne pouvait, selon eux, que conduire à des dérives violentes. Tel a bien été le cas.
Par ailleurs, pourquoi Castaner annonce-t-il une réflexion sur des violences policières qu’il s’évertue par tous les moyens à réfuter ? En réalité, la posture qui consiste à nier toutes formes de violences policières n’a d’autre but que de protéger le ministre de l’Intérieur et le gouvernement auquel il appartient. Car même le nombre des blessés parmi les forces de l’ordre (1.900 environ) ne saurait justifier la façon dont ont été conduites les opérations de maintien de l’ordre au cours de ces derniers mois. En effet, nombre de policiers et de gendarmes ont été blessés car inutilement exposés lors d’affrontements qui auraient pu être évités si la stratégie employée avait été à la hauteur des événements.
Dans ce qui s’annonce comme étant un nouvel enfumage médiatique, espérons cependant que les professionnels concernés sauront faire émerger de ce séminaire de nouvelles règles plus respectueuses de nos droits fondamentaux. Tous ces blessés ne l’auront peut-être alors pas été pour rien.
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