Faut-il s’en étonner ? Les cathos n’écoutent plus les évêques pour aller voter
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« Nous n’avons pas le droit de construire notre Europe comme un ensemble d’États repliés sur leur identité, soucieux de leurs seuls intérêts […] Alors que nous nous préparons à élire, dimanche, nos représentants au Parlement européen, ne nous trompons pas de questions ni d’enjeux. » À trois jours des élections européennes, la Conférence des évêques de France avait tenu à adresser une déclaration à ses ouailles, à l’occasion de la célébration des 80 ans du Débarquement. Fustigeant, donc, le repli identitaire, elle s'était demandé, entre autres : « Comment l’Union européenne peut-elle nous aider encore davantage à faire émerger un projet national qui donne le goût de vivre et la confiance nécessaires pour être capables d’accueillir celles et ceux qui voudraient nous rejoindre ? » Une déconnexion manifeste des évêques qui ne voient pas ou font semblant de ne pas voir « cellezetceux » qui ploient aussi sous le joug de toutes ces lois imposées par Bruxelles et qui n’en peuvent plus de subir, quotidiennement, les conséquences d’une immigration non maîtrisée voire désormais imposée. Les cathos allaient-ils entendre ce message et voter en conséquence ?
Marion Maréchal a doublé son score chez les catholiques
« On peut noter le peu d’influence de la parole magistérielle sur ce type de comportement électoral malgré des textes très clairs des évêques », répond, sobrement, le sociologue des religions Philippe Portier, à La Croix. Et le quotidien de s’alarmer : « Les catholiques pratiquants ne font plus barrage à l’extrême droite. » De fait, selon une étude IFOP pour La Croix, « les catholiques pratiquants ont voté à 42 % pour des listes situées à l’extrême droite lors des élections européennes, dimanche 9 juin ». Un score qui a doublé, par rapport aux européennes de 2019. Marion Maréchal, qui n’a eu de cesse de défendre les racines chrétiennes de la France et s’opposer à la constitutionnalisation de l’avortement, à l’euthanasie, à la GPA, a doublé son score chez les cathos. Ils sont 10 % à lui avoir fait confiance, quand Reconquête totalise 5,5 % à l’échelle nationale. Preuve que même minoritaire, ce vote existe et doit être entendu.
Les évêques ont-ils conscience que le RN est le seul parti qui ferait passer le projet de loi fin de vie à la trappe ? Eux qui ont milité ardemment contre l’euthanasie et organisé des veillées de prière pour la vie ? Ont-ils bien entendu Emmanuel Macron réaffirmer en conférence de presse, ce 12 juin, qu’il souhaitait que ce projet puisse aboutir ? La défense de la vie « depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle » n'est-elle pas ce principe non négociable érigé par l’Église pour éclairer l’action des chrétiens en politique ?
Fin de vie, agriculture, congé de naissance : @EmmanuelMacron souhaite que les projets de loi en cours d'examen (ou en passe de l'être) au Parlement "puissent être repris".#LegislativesAnticipees #DirectAN pic.twitter.com/8cpgNlinn0
— LCP (@LCP) June 12, 2024
Quant à la fameuse question migratoire, puisqu'elle demeure au cœur des préoccupations des électeurs, il serait bon de relire les propos de Benoît XVI rappelés en ces colonnes par Georges Michel, récemment, pour arrêter enfin de culpabiliser les catholiques qui voteraient trop à droite de l'échiquier politique : « Les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. »
«Plus les temps sont troublés, plus nous avons besoin de sagesse, une sagesse politique ancrée courageusement dans la tradition humaniste, la fidélité au service du bien commun, l’attention aux plus petits, l’humilité de l’écoute et la solidarité universelle.» Les évêques du Nord pic.twitter.com/bfYNV4FxKJ
— LB2S (@LB2S) June 10, 2024
Hélas, dans un communiqué publié au lendemain des élections, trois évêques du Nord ont réitéré leur appel. S’ils ne nous ont pas fait le coup du sentiment d’insécurité, ils décrivent, cependant, « des profonds malaises ressentis » et un besoin de sécurité décrit comme « ambigu, car il peut verser dans la nostalgie, la victimisation de soi ou la quête d’un bouc émissaire » (suivez leur regard !). Un appel à la « tradition humaniste » et la « solidarité universelle » qui raisonnera peut-être encore chez quelques bonnes consciences de gauche sensibles à ce jargon. Mais chez une espèce en voie de disparition, faute d’avoir su transmettre sa foi : une génération qui a vidé les églises à coups de Pierres vivantes et de guirlandes en papier crépon...
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Un vert manteau de mosquées
36 commentaires
Il faut avoir la foi pour aller dans les églises, car les catholiques qui sont normalement de droite ne comprennent pas toujours la parole à gauche de certains prêtres. Que se soient les sportifs, chanteurs, acteurs de cinéma ils doivent rester neutre et chacun à sa place !