Faut-il tuer l’écologie politique pour sauver le climat ?

Depuis quelques mois, les prix de l’énergie flambent. Et, selon les premières indications de l’Agence internationale de l'énergie (AIE), 2021 battrait tous les records en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

Chacun y va de son explication et cherche un bouc émissaire, en phase avec son planning politique : blocage des prix, EDF, ISF écologique, Total, nucléaire, Poutine ou l’Europe - tout y passe. Si ces vociférations incantatoires détiennent parfois une parcelle de vérité, l’explication est bien autre.

Depuis un demi-siècle, l’écologie politique s’est publiquement constituée partie civile auprès de Gaïa dans le projet qu’elle intente à Sapiens. Si son combat officiel s’appelle « lutte contre le dérèglement climatique », son véritable engagement se trouve ailleurs. Avant de s’intéresser à Dame Nature, l’écologie politique s’est rassemblée autour d’un marxisme pacifiste portant au pinacle l’indigénisme, le féminisme, l’homophilie et le racialiste. Son engagement climatique n’est qu’une instrumentalisation grossière visant à justifier son véritable planning idéologique : détruire la société de croissance et son démon capitaliste pour installer une nouvelle société idyllique qui se voudrait égalitaire. Un égalitarisme qui se lit en filigrane du programme des Verts où le mot (in)égalité est cité 80 fois ! D’où le terme consacré de « climato-gauchisme ».

Dans cette croisade égalitariste, Sapiens n’est pas indifférencié ; le démon à abattre est (1) l’homme (2) blanc (3) riche (4) grisonnant. Il est admirablement décrit dans le nouveau rousseauisme de Sandrine ou dans les discours enflammés de Greta transformant le débat climatique en une double lutte des classes sociale et générationnelle.

En portant à bras-le-corps l’utopique croissance verte des 100 % renouvelables, le climato-gauchisme a fortement influencé les grandes orientations énergétiques de ces vingt dernières années. Dès le début du siècle, les coalitions « arc-en-ciel » ont donné des gages électoralistes inconsidérés aux écologistes en imposant la sortie totale (Allemagne 2022, Belgique 2025) ou partielle (France 2035) du nucléaire, en engloutissant des sommes pharaoniques (Allemagne 800 milliards d’euros, France 150 milliards d’euros) dans les renouvelables intermittents ou encore en arrêtant des projets novateurs de surgénération nucléaire (Superphénix 1997, Astrid 2019).

Quant à la nébuleuse des ONG climato-gauchistes, elle poussera les gouvernements à interdire toute exploration de gaz de schiste en Europe et fera pression sur les banques pour qu’elles réduisent leurs investissements dans l’amont pétrolier, passés de 780 milliards de dollars, en 2014, à 326 milliards de dollars, en 2020. C’est encore sous la pression des climato-gauchistes que l’Union européenne a imposé ses impossibles plannings inversés : réduire de 55 % les émissions en 2030 et interdire les voitures thermiques en 2035 tout en refusant de classer le nucléaire en taxonomie verte. Dans le même temps, le monde investissait 5.000 milliards de dollars dans des renouvelables ne fournissant que 5 % de l’énergie primaire mondiale.

D’un point de vue climatique, cette stratégie s’est avérée triplement suicidaire. Elle a asséché l’offre de gaz et de pétrole, accru la demande de gaz et de charbon - seuls combustibles, en l’absence de nucléaire, capables de pallier les intermittences des renouvelables - et provoqué une explosion des émissions déjà annoncées cataclysmiques en 2021. Si ces 5.000 milliards de dollars avaient été investis dans le nucléaire, 63 % de l’électricité mondiale serait aujourd’hui décarbonée ! Comme l’écrit très justement l’excellent sociologue belge Marteen Boudry, les climato-gauchistes « constituent un obstacle bien plus important à une politique climatique efficace que… les climato-sceptiques ».

Heureusement, depuis la flambée des cours, le vent tourne et les langues se délient. Le Président a enfin compris l’impasse dans laquelle nous nous étions engouffrés et a revu à 180° sa politique énergétique. Grand carénage, nouvelles EPR et SMR ont été intégrés dans les programmes des candidats sérieux tandis que les climato-gauchistes se marginalisent dans leurs passions tristes. Un climato-gauchisme qu’il faudra tuer si l’on veut sauver le climat.

Philippe Charlez
Philippe Charlez
Chroniqueur à BV, ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, expert énergies à l’institut Sapiens

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Le lecteur Gérard Laurent a écrit à juste titre que des variations climatique il en a toujours existé, l’un des exemples le plus célèbre étant le Gröeland. Il faut rappeler que l’écologie est une science et que parmi les cohortes d’écologistes déclarés, très peu sont des scientifiques. Par ailleurs, je trouve fort de café que jamais il ne soit question des conséquences quotidiennes de l’activité solaire sur notre planète, sujet pourtant incontournable.

  2. Le climat n’a pas besoin d’être sauvé, le climatisme n’est qu’un outil totalitaire, auquel s’est ajouté le covidisme pour accélérer le plan des élites. Les courbes de températures sont aussi manipulées que les chiffres de la « pandémie ». Churchill nous avait quand même prévenus sur l’usage que l’on peut faire des statistiques.
    Quant à l’écologie politique, il faut en effet la supprimer puisqu’elle consiste à prendre les décisions selon un seul critère au lieu de nécessaires compromis.

  3. Suite, donc)
    …par la fée électricité, il faudra choisir, le soir venu, pour ceux qui auront la possibilité de s’équiper de ces coûteux véhicules, entre regarder la télé, faire tourner un lave-linge, cuisiner avec l’un de ces prodigieux robots ménagers ou bien recharger sa voiture pour aller bosser le lendemain. Quel radieux avenir, n’est-ce pas?

    • Il faut ce poser cette question pour ceux qui habitent dans de grand immeubles.
      Il faut aussi de poser la question de la capacité des réseaux de didtributions…
      Sans oublier le recyclage que tous ces écolos semblent ignorer !

  4. Toujours le même discours quel que soit les sujets.
    L’Europe ne marche pas, il faut donc plus d’Europe.
    L’écologie verte ne marche pas, il faut plus d’éoliennes.
    Erare humanum est….

  5. Merci Philippe Charlez surtout pour l’insuffisance du nucléaire de plus en plus sûr qui nous permet de mieux respirer mais n’arrêtera pas le réchauffement climatique cyclique même en ère froide. On en a pour 10 ou 15 ans avant l’inversion naturelle, la taxe carbone rapporte trop pour cesser le mensonge CO2 qui impacte le climat d’à peine 1%. Macron tente un appel d’air en fin de mandat?

  6. Se rappeler qu’à ses tout débuts Greenpeace était largement financée par le KGB, il est remarquable d’ailleurs pour qui observe que jamais cette association ne s’est attaquée à l’URSS et voyez sa discrétion vis à vis de la Chine. C’est l’écologie qui ayant peu à peu asséchée la recherche pétrolière et gazière a fait monter les prix de façon stratosphérique, il serait temps que ce mouvement soit renvoyé à la niche.

    • Et au départ les Verts ne sont qu’un avatar du PC Allemand( KPD), interdit un temps pendant la guerre froide, quand celle ci était a son paroxysme, dont ce n’est qu’un « recyclage » leur ayant permis de continuer a exister! La Stasi de RDA y est pour beaucoup….D’ailleurs leur façon de faire est typiquement bolchevique d’ou leur surnom de « pastèques » (vert dehors et rouge dedans)

  7. 2021 a été l’année sans industrie ou presque . Les émissions de Co2 ont largement alors empiré . Bizarre, non ? Il faut dire qu’avec l’anthracite madame Merkel y est allée fort ! Les Français vont devoir gérer les pénuries d’ EDF avant quil pose le bilan .

    • En effet l’arrêt de l’activité est la preuve que les émissions industrielles comptent poyr presque rien par rapport aux flux naturels de CO2. On le savait déjà avant mais « ça ne passait pas aux infos ».

  8. Pour être dans « le vent » il fallait aduler Greta et les autres et puis un jour la réalité et les évènements viennent ternir l’image mais il est déjà trop tard, le temps perdu ne se rattrape pas malgré la bonne volonté tardive de nos gouvernants pris à leur propre piège.

    • pardon mais  » être dans le vent » est une ambition de feuille morte ! le temps perdu est en effet perdu, mais comme le vent tourne, l’espoir est permis !

      • J’aime beaucoup « une ambition de feuille morte ». colchiques dans les prés, la chanson, mais on est pas encore en automne. (sourire). Cordialement.

    • Pauvre Greta, pauvre gamine, qui devait déjà avoir des prédispositions, qu’ils ont rendue complètement déboussolée. Honte à ses parents!

  9. De tous temps il y a eu des variations du climat, des périodes de famine par la sècheresse ou les inondations mais aujourd’hui, le climat est aujourd’hui devenu une contrainte. Pourquoi ? Avant tout pour les loisirs il faut le bon temps pour tous dès qu’il s’agit de fainéantiser. Ensuite pour les entreprises soumises aux mêmes taxes et charges quoi qu’il arrive dans la récolte ou le rendement. Et enfin pour les services publics qui y trouvent une aubaine pour taxer toujours plus. Ecolos, Merci

    • Et on rajoutera que nous sommes en pleine période INTERGLACIERE et que s’il ne fait pas chaud maintenant, il ne fera plus jamais chaud. Dans dix milles ans nous retrouverons une nouvelle période GLACIERE, dût aux cycles solaires mais plus encore à la position astronomique de la TERRE dans le système solaire… Si toute fois « l’homme » n’a pas détruit la biosphère, y compris lui-même, par ses folies, avant. Cordialement.

  10. Ils nous ont fait perdre une avance technique et un potentiel économique considérable, ces gauchistes qui n’ont d’écolo que le faux nez qui caractérise leur fanatisme débridé, quant à comprendre quoique ce soit, il suffit d’observer les crétineries les plus délirantes des mairies dont ils ont pris le contrôle. Cordialement.

  11. Le Président a-t-il vraiment compris l’impasse dans laquelle le pays s’engouffrait, a-t-il revu sa politique énergétique ? Rien n’est moins sûr. N’oublions pas qu’il est à la pêche aux voix, qu’il essaie d’attirer un électorat écolo et que pour lui être réélu compte par-dessus tout. A la façon dont il est en train de couler EDF pour la privatiser, il montre bien que ses choix sont toujours plus politiques qu’économiques. On peut ainsi douter de sa bonne foi ou d’un choix sensé de sa part

  12. 1/ Marre des expressions péremptoires du genre » sauver le climat ou sauver la planète ».
    2/ L’écologie politique c’est de la bouffonnerie et donc les associations et partis s’en réclamant sont à dissoudre et basta!

    • « L’écologie politique c’est de la bouffonnerie » Parfaitement exact. Le seul problème, c’est que ces bouffons sont aux commandes de notre politique énergétique et jettent notre argent par les fenêtres.

    • La folie écolo (comme la folie sanitaire) n’est QU’un prétexte à bizness.
      Aucune amélioration pour l’homme ni pour la planète à attendre de ces idéologies

  13. Commençons par leur expliquer que leurs tramways ne tournent pas grâce aux éoliennes. C’est dans leurs cordes d’intégrer cela.

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