Faut-il vraiment « décoloniser » la Nouvelle Calédonie ?

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Certaines personnes aiment établir des listes. Liste des tâches à accomplir dans la journée de travail. Listes de courses à faire, afin de ne rien oublier. Liste de candidats pour un poste : embauche dans le privé, décideurs publics en quête de mandats. Et il y a des listes plus glauques. Liste des enfants par statut vaccinal à communiquer au chef d’établissement. Liste des réfractaires à la piquouse à aller chercher entre deux gendarmes. Liste des médias à boycotter établie pour les annonceurs par les « géants endormis ». Peut-être même s’établit-il, quelque part, des listes de traîtres à épurer un jour ?

Sébastien Lecornu, en ce dimanche matin, informe l’ignorant que j’étais de l’existence d’une liste des territoires à décoloniser établie par l’ONU où figurerait la Nouvelle Calédonie. Oui, cette liste existe bel et bien, et la Nouvelle Calédonie y figure, avec la Polynésie Française.

D'abord, présenter comme inéluctable cette décolonisation du fait d’engagements passés comme le fait le ministre est bien sûr un mensonge éhonté : les seuls engagements pris concernent la tenue de scrutins d’autodétermination avec des biais considérables quant à la composition du corps électoral.

Par contre la cohérence de cette liste interroge.

Le Tibet ne serait pas un territoire à décoloniser : la Chine n’y a pas consenti. N’est-ce pas étrange ?

Les aborigènes en Australie, les maoris en Nouvelle-Zélande ne sont pas eux aussi inscrits comme les occupants originels d’un territoire à décoloniser.

Il n’est fait aucune mention des territoires occupés par Israël en Cisjordanie, ni du Golan. Pourquoi s’en abstenir, même si la situation est complexe ? Les termes de « colons » et « colonies » y sont pourtant fréquemment employés.

Les kurdes présents en Turquie, en Syrie et en Irak ne sont-ils pas eux aussi constitutif de trois colonies ? Que les trois puissances administrantes soient au moins d’accord sur une chose, empêcher la constitution ou l’émergence d’une entité politique autonome kurde, n’y change rien.

Poursuivons : les peuples amérindiens pourraient demander d’inscrire sur cette liste tout le continent américain comme colonie à leur restituer. Que les odieux colonisateurs se soient affranchis des tutelles européennes il y a des lustres ne change rien non plus pour les autochtones. Allons plus loin : les alakalufs chers à Jean Raspail pourraient, s’il en reste encore, dénoncer l’odieuse colonisation des autres amérindiens et reprendre possession de toutes les terres du détroit de Béring au cap Horn…

Et puisque tout homme serait in fine originaire du Grand Rift, dénonçons ici la colonisation africaine à l’origine de tout ...

Soyons plus pragmatiques. Les interventions de Xavier Raufer sur Boulevard Voltaire en témoignent : il est des zones en France où la puissance administrante n’est plus l’état français : elle appartient à des bandes de narcotrafiquants ethniquement exogènes et dont les allégeances ne vont pas au drapeau bleu blanc rouge. Faut-il demander l’inscription de la Seine Saint Denis et de Trappes et autres zones semblables dans la liste des territoires à décoloniser de l’ONU ?

Nonobstant les manières de liquidateur judiciaire dont abuse le gouvernement, peut-être serait-il bon que la Nouvelle Calédonie restât française lors du prochain scrutin d’autodétermination. Préférer une « colonisation » caldoche à une autre chinoise peut répondre à l’intérêt des kanaks. En outre, traiter par le mépris cette liste onusienne peut sembler pertinent.

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