Femme voilée assesseur dans un bureau de vote : la grande hypocrisie

Le drame de la déculottée de LREM aux élections régionales en a caché un autre, combien plus terrible, celui de la blessure morale de Mme Rachida Kabbouri, associative multicarte et élue EELV, mais surtout initialement désignée par le maire PCF de Vitry-sur-Seine comme présidente d’un bureau de vote. Problème : la dame est voilée alors que ce poste - représentant symboliquement l’État et, donc, sa neutralité - ne peut être tenu par une personne affichant un signe religieux ostentatoire…
Sur avis de la préfète, on dira, comme les amateurs d’échecs, que cette térébrante question a été réglée par un roque en reléguant Mme Kabbouri à un poste d’assesseur, lequel, étant en principe désigné par les candidats, n’est pas soumis à une règle aussi stricte.
Compatissante à « l’humiliation » subie, « Les Grandes Gueules » de RMC donnèrent la parole à l’offensée qui, d’emblée, expliqua qu’elle ne portait pas un voile mais un simple accessoire. Comme une alliance ou une montre, en sorte : « J’aime les foulards. » Ce qui change évidemment tout et, d’ailleurs, elle le porte « à la manière de Benazir Butto »[1] , pas plus islamique, donc, que les ultra-classiques carrés Hermès bien de chez nous…
Et pour bien illustrer l’affreuse discrimination dont elle a été victime, « un des assesseurs portait un béret typiquement français »… On ne sait pas s’il avait une baguette sous le bras, mais personne n’a fait à ce salopard le reproche de son couvre-chef. Si c’est pas une preuve !
Commensal de l’émission, Gilles-William Goldnadel voit les choses plus simplement : « J’ai du mal à comprendre cette victimisation. La loi, c’est la loi. On peut gloser longtemps sur les réactions, mais sur le problème de principe, c’est difficile de gloser. »
Pour Isabelle Saporta, on n’est pas loin du en même temps macronien : « Je ne suis pas très à l'aise avec le voile. Je fais partie de cette génération qui voit, à tort ou à raison, quelque chose qui relève de la soumission des femmes et ça me gêne. Mais hystériser ce débat me rend malade. » En résumé, ça la gêne, mais il ne faut pas en parler… Et quand Mme Kabbouri assène que « tous les autres pays ont des femmes voilées », Saporta prend sa roue avec : « Si on a la loi la plus bête du monde, on peut la changer. »
Nous y voilà ! Parce que si on change la loi pour les président(e)s de bureaux de vote, au nom de quel principe n’aurions-nous pas des juges ou des policières en hijabs et des enseignants en qamis ? Dans le plus pur style des pays qui ont déjà cédé au communautarisme ? Bien essayé, mais pour cette fois, c’est raté !
Reste à savoir pour combien de temps…
[1] Ancien Premier ministre du Pakistan, pays bien connu pour ses mini-jupes et halter tops moulants
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