Femmes, migrants, homosexuels ou musulmans : la divergence des luttes

Être de gauche, acquis aux causes noblement consensuelles, n’a rien d’une sinécure, tant les contradictions générées par le réel sont nombreuses. Quoi de mieux que de plonger dans l’actualité pour s’en rendre compte, plus encore lors d’une semaine où se suivent la « Journée de la jupe » et la « Marche des fiertés », gâchées pourtant par le réel, assez peu docile à l’idéologie progressiste.

D’abord, l’inénarrable « Journée de la jupe » invite des lycéens ayant troqué bon sens contre bêtise à se déguiser, en enfilant une jupe à la place du pantalon. Comme d’habitude, les opérations de communication sont d’autant plus ridicules qu’elles sont mues par de nobles sentiments, comme la solidarité avec les femmes qui se font traiter de « putes » ou de « salopes » lorsqu’elles ont le malheur d’en mettre une. En réalité, on sait depuis longtemps que cette « Journée de la jupe » n’est qu’un énième plan de communication LGBT, l’exaspérante mouvance sectaire des attirances sexuelles identitaires, et que, si les lycéens servent de pantins, c’est surtout pour brouiller les frontières entre le genre « homme » et le genre « femme ». La cause prétendument défendue est pourtant celle des femmes, à qui on doit tout naturellement un respect sans faille.

Ironie de l’actualité, les mêmes femmes subissent plus que jamais les provocations masculines exacerbées dans les rues de la Chapelle-Pajol, et cela tombe fort mal qu’on s’en rende compte cette semaine. Les mêmes qui pousseront vos adolescents mâles échevelés à enfiler leur plus belle robe n’auront rien à redire aux populations « issues de l’immigration » à l’origine des attitudes méprisables et répétées envers le genre féminin. Tout au plus les féministes mettront en cause la largeur des trottoirs et l’éclairage municipal pour les justifier. Cette population étant sacralisée, l’être progressiste se trouve dans l’incapacité de décrire la réalité et de réagir dignement, prisonnier de ses propres préceptes. De quoi rassurer ces dames.

Il n’aura pas non plus le courage de houspiller davantage ces mêmes populations de quartier présentant quelques symptômes d’intolérance chronique à l’égard des personnes homosexuelles. Confortablement installé dans l’idée que l’homophobie ne peut venir que de catholiques, il évitera de souligner que les auteurs d’agressions envers les homosexuels vont rarement à la messe le dimanche. SOS Homophobie, profitant de la « Marche des fiertés » pour publier son ridicule rapport sur l’homophobie, condamne pareillement les tweets de monsieur Truchemolle dans le Calvados et les agressions en chair et en os par ceux-là mêmes qui peinent à respecter les femmes. De quoi rassurer les homosexuels.

Dogme oblige, défendre les femmes n’a d’intérêt que si on parle d’IVG. C’est ainsi que les médias relaient le viol d’une petite fille de 10 ans en Inde (bien que les viols de petites filles soient nombreux dans le monde). Dans ce cas, il s’agit surtout de dénoncer le fait que la petite, enceinte, n’ait pas pu avorter sur-le-champ. Vu d’un canapé progressiste, c’est proprement scandaleux, au point de faire oublier le violeur et condamner ceux qui hésitent à faire un mort supplémentaire (par ailleurs le moins coupable). Si avorter est une évidence pour nos grandes prêtresses occidentales, on aurait apprécié que l’indignation médiatique se porte avant tout sur le viol d’une enfant. Le droit à l’IVG ne s’attarde pas à une telle décence ; avorter étant devenu une évidence, cela aurait l’avantage de résoudre tous les problèmes de cette fillette, désormais si bien défendue. Ainsi, on arrangera tout le monde, de la bonne conscience féministe jusqu’au violeur. De quoi rassurer les fillettes.

Finalement, les circonvolutions progressistes empreintes de morales contradictoires ont de quoi inquiéter. Le jour où il vous arrivera malheur, il se peut que votre détresse ne coïncide pas avec la divergence de leurs luttes. De quoi nous donner de bonnes raisons de résoudre nos problèmes sans eux.

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