Femmes policières : elles sont devenues des cibles privilégiées
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La féminisation… grand mot, grande ambition de ces dernières décennies. Les femmes, en effet, ont gagné leurs galons dans les métiers de la fonction publique. Les chiffres récents sont curieusement difficiles à obtenir, mais on a malgré tout une idée de la progression vers « une juste parité des métiers ». Plus question, en effet, de réserver certaines fonctions aux hommes – d’ailleurs, c’est quoi, un homme ? Dans l’actuelle conception des rôles et des genres, ce ne serait là encore qu’une construction sociale.
Bref, selon le Rapport annuel sur l'état de la fonction publique de 2019, portant au mieux sur des chiffres de 2017, 62 % des agents publics étaient alors des femmes, contre 46 % parmi les salariés du privé. Pour la répartition : 56 % dans la fonction publique d’État, 61 % dans la territoriale, dont près de 90 % parmi les agents communaux.
On recense, à la même époque (sur des chiffres de 2015 !), 16 % de femmes, tous grades confondus, dans la police municipale, 27,3 % dans la police nationale et 18 % dans la gendarmerie nationale. Ce n’est rien à côté de l’Éducation nationale, dont les femmes représentent 68,3 % de l'ensemble du personnel : 70 % parmi les non-enseignants, 67,8 % chez les enseignants, dont 82 % dans l'enseignement primaire.
C’est un progrès notable mais non encore suffisant, affirment les militants de la parité totale. Admettons que cela soit vrai sur le papier, mais qu’en est-il dans la réalité ?
Après l’assassinat barbare de Stéphanie Monfermé, vendredi dernier, à Rambouillet, Le Point est allé à la rencontre de ces femmes policières qui, toutes, l’avouent : pour elles, la peur « est omniprésente ».
« On ne se sent pas moins bonnes ou moins équipées que nos collègues hommes, bien au contraire. Nous avons en revanche conscience de notre féminité, de ce qu'elle peut impliquer sur le terrain a fortiori dans les quartiers difficiles », dit la déléguée nationale du syndicat Unité-SGP Police. Cette femme « qui souhaite à tout prix éviter une polémique avec les féministes », précise le magazine, reconnaît néanmoins : « Il y aura toujours des voix pour dire que les capacités physiques des femmes et des hommes sont équivalentes. Mais nous, sur le terrain, on a conscience que ce n'est pas vrai. Il ne s'agit pas de dénigrer la femme en tant que telle, mais c'est un fait, il existe un déséquilibre qu'il convient de prendre en compte. » Car, n’en déplaise aux féministes et autres « négationnistes » du genre, « en tant que femme, on n'a pas la force physique des hommes et on sait aussi que les terroristes susceptibles de nous attaquer sont des lâches, qu'ils choisissent des cibles plus fragiles et qu'ils nous prennent par surprise ».
Une autre, collègue du couple de policiers assassinés à leur domicile, aux Mureaux, confie : « Je pars de chez moi armée, je vais chercher mon fils chez la nourrice armée et je rentre chez moi armée. » Elle ajoute : « Avant cela, on se disait qu'une fois passée la porte du commissariat, on était en sécurité. Ce n'est plus le cas. »
Tous le savent : ils et elles sont des cibles. Peu importe qu’ils appartiennent ou non au personnel administratif, qu’ils soient ou non en uniforme, ils représentent l’institution, ce qui équivaut pour certains à une sentence de mort.
« On sait tous que le danger est omniprésent et les événements survenus vendredi à Rambouillet nous confirment qu'aucun de nous n'est à l'abri », dit l’ancienne coéquipière d'Ahmed Merabet, le policier exécuté en pleine rue par l'un des frères Kouachi. Elle a quitté la région parisienne, « un terrain qui serait devenu pour elle, en tant que policière mais aussi en tant que femme, "impraticable" ». Ce que confirme la représentante syndicale : « Dans certains quartiers, être une femme représente un "double péché". »
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