« Fête de tous ceux qu’on aime », mais encore ?

Dans certaines écoles, la fête des Mères est devenue « fête de tous ceux qu’on aime » : peut-on applaudir tout ce qui met en péril nos habitudes, nos relations, les rites qui permettent le fonctionnement de notre société ?
fete des meres 2019-05-25 à 15.01.24

Dans certaines écoles, la fête des Mères est devenue « fête de tous ceux qu’on aime », y compris, je suppose, mon chien, mon chat et mon poisson rouge, initiative qui a suscité nombre de réactions parfois positives, plus souvent négatives. Mais, alors que la fête des Pères se profile à l'horizon, on n’a guère souligné une conséquence inéluctable : plus de fête des Mères entraîne forcément plus de fête des Pères, ni de fête des Grands-Mères, ni de fête des Grands-Pères – celle-là moins connue -, ni sans doute de Saint-Valentin, fête des amoureux puisque tous pères, grands-mères, grands-pères, amoureux sont compris dans « ceux qu’on aime ». Gardons, en revanche, la « fête des voisins » : on peut bien boire un pot avec eux mais on n’est pas obligé de les aimer.

Un doute vient à propos de la fête nationale : doit-elle être comprise dans la fête de tous ceux qu’on aime ? Devons-nous aimer la nation ? Certes, notre Président l’évoque parfois avec enthousiasme, mais en même temps, il affirme : « Le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme. Le nationalisme en est sa trahison. » Que comprendre ? Pas grand-chose, comme d’habitude, les mots lui viennent au gré des circonstances. Pourtant, l’exaltation de la nation vient de la Révolution, ce qui fait d’elle une icône honorée lors de la fête nationale. Mais de la nation aimée au nationalisme honni, le pas est aisé !

Revenons à nos moutons, mères, pères, etc. Si la nouveauté l’emporte, cela ne posera pas seulement le délicat problème des jolis petits cadeaux préparés par les écoliers. Chacun choisira qui il veut honorer ce jour-là et la maîtresse se cassera la tête à aider chacun différemment. Cela dit, dans l’indifférenciation des sexes, on pourra imaginer le collier de nouilles pour tous, uni-statut et unisexe bon pour papa, maman, papy, mamie, sans oublier parent 1, parent 2, bien sûr, en attendant 3 et 4 (pour ne pas stigmatiser les familles polygames exaltées par Assa Traoré chère à notre nouveau ministre de l’Éducation nationale).

Mais question plus difficile : dans notre société où tout passe par la consommation, comment survivront les commerces qui, comme les chocolatiers à Noël et à Pâques, font le gros de leurs ventes lors de ces fêtes ? Nous avons tous subi, ces dernières semaines avant la fête des Mères, les publicités pour parfums, les affiches de fleuristes dans les rues et sur les sites, les suggestions insistantes dans les journaux. Et les réservations dans les restaurants, champagne et petits fours...

Si, en face de ces débauches commerciales, beaucoup pensent qu’un peu de retenue, de modération, de simplicité seraient moralement, écologiquement nécessaires, peut-on pour autant applaudir tout ce qui met en péril nos habitudes, nos relations, les rites qui permettent le fonctionnement de notre société ? Surtout après l’espèce d’effondrement moral produit par les confinements, les restrictions - rappelez-vous papy et mamie mangeant la bûche de Noël dans la cuisine, les bises interdites, la distance imposée, la peur instillée par les recommandations « bienveillantes » des pouvoirs publics, l’augmentation des dépressions, même des suicides…

Fêter les mères, même si nous n’oublions jamais que certains en sont privés, puis, quelques semaines plus tard, les pères avec la même pensée, consommation ou non, n’est-ce pas ramener quelque normalité dans ce monde plein de confusion ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/06/2022 à 9:52.
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Olga Le Roux
Professeur

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Merci madame Le Roux, vous lire fait du bien et rassure ceux qui comme moi se sentent dépassés par tant de bêtises.

  2. Ils devraient aussi, tant qu’à faire, promouvoir une fête des gens qu’on n’aime pas. Comme par exemple tous ces crétins qui pensent qu’une maman n’est pas celle qui vous a donné un ovule, et qu’un papa n’est pas celui qui a fourni le spermatozoïde. Il est plus que probable qu’un enfant pour qui on fête la « fête des non mamans », un jour, arrivant à l’âge adulte cherchera à savoir qui est son vrai père et sa vraie mère, les deux dont il a hérité du patrimoine génétique.

  3. Et pourquoi pas, tant qu’on y est, la fête des grenouilles, ou la fête du porc ? Ah, non c’est vrai cela indisposerait certains… Mais disons, la fête des footballeurs ou des repris de justice ou encore des Ministres… Ah, là aussi comme ce sont les mêmes cela ferait double emploi. Tous ces bien pensants croient qu’en changeant les nom on change les réalités. Des riverains pour des voyous par exemple. C’est pareil !

  4. La grande destruction de la famille a commencé depuis longtemps avec la perte de tous ses repères. Pauvres enfants!

  5. Sûrement qu’à cette aune, notre pays ne fait pas partie de « ceux qu’on aime » pour une grande part de la population et sans doute même pas pour notre gouvernement !

  6. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt… Ceux qui cèdent par opportunisme, par renoncement ou par lâcheté à ces nouvelles injonctions faussement philanthropiques d’une minorité sont des traîtres à la Nation, des ennemis. Je leur souhaite d’en payer demain les conséquences.

  7. Une poignée de bobos voudraient que nous fassions table rase du passé. Après fêtes de printemps au lieu de Pâques, fêtes de fin d’année pour éradiquer Noël, fêtes des mères remplacées par fêtes de ceux qu’on aime, jusqu’où vont-ils nous emmener ces fol dingues de l’écriture inclusive? Dans quel monde décérébré voudraient-ils que l’on vive?

  8. C’était tout ce qui nous restait de Pétain. honorer les mères pendant que leurs hommes en grande majorité étaient prisonniers, d’autres résistants…
    La vie de la famille reposait uniquement sur la responsabilité des mères…Ces mamans qui chaque jour faisaient preuve d’un grand courage pour donner le nécessaire à leurs enfants…
    Mais voilà autres temps autres moeurs..
    Ainsi va la vie…

  9. Je le redis, ça ne marchera pas, cette fête des gens qu’on aime. Tout comme l’écriture inclusive que les bobos progressistes ont tenté d imposer sans succès.

  10. Macron évoque les valeurs morales.
    C’est amusant toutes ces personnes qui revendiquent ce qu’elles n’ont pas.
    Il aurait dû évoquer aussi la droiture et l’honnêteté… On aurait pu sourire.

    • en effet , il faudrait d’abord qu’il en ait de la morale, quand à ses valeurs à lui, en dehors de l’accumulation de biens et du pognon ( de dingue) je vois pas de quoi il parle !

    • Une nation, c’est aussi une culture commune (il n’y en a pas), une histoire commune (largement falsifiée), une langue commune (consciencieusement sabotée et surtout pas enseignée)…

  11. Quels sont les andouilles qui ont trouvé cette idée .une mère reste une mère et ne gâchons pas le jour .mais c’est une femme et pas une rafistolée .alors …c’est honteux.

  12. Je continuerai à respecter les traditions qu’ils le veuillent ou non !
    Ne cautionnons pas leurs folies, il suffit de perpétrer nos traditions (fête des mères , des mères, fête de Pâques , de Noël , faire la crèche de Noël etc…) et boycottons les entreprises qui acceptent le wokisme (le parc Disneyland , les spectacles , les cinémas, les concerts, les médias des belles âmes , etc…) l’argent c’est le nerf de la guerre !

  13. Si effectivement la « Fête de ceux qu’on aime » vient à remplacer les différentes fêtes citées, il me semblerait juste de prévoir une journée de la haine où l’on pourrait faire la fête à tous ceux que l’on n’aime pas, avec modération bien entendu. Ce serait un exutoire indispensable à la bonne santé psychique de la population, à qui les têtes de Turc ne manquent pas.

  14. Ce gouvernement me dégoûte, égale aux écologistes la destruction est en marche et surtout le sentiment de plus en plus avéré de ne plus faire partie de mon pays : le grand remplacement est bien en marche aussi.

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