Fillon soutient Pécresse : objectif, sauver les meubles et faire oublier le grand absent

Ce serait presque caricatural, et certains pourraient trouver dans cette rhétorique antifasciste à la sauce bourgeoise un parfum légèrement vintage si ce n’était le destin de la France qui est en jeu aujourd’hui.

C’est officiel, l’ancien candidat malheureux à la présidentielle et ancien Premier ministre François Fillon soutient Valérie Pécresse dans sa course à l’Élysée. Le soutien de celui qui s’est retiré de la vie politique après ses démêlés avec le parquet national financier apparaît comme une tentative à vrai dire désespérée de repêcher les derniers fillonistes tentés par un vote Zemmour ou Macron. Un cautère sur une jambe de bois pour retarder, peut-être un peu, la probable déconfiture des LR et, à plus ou moins court terme, l’explosion du parti. Les deux messages que les protagonistes se sont échangés sont intéressants à plus d’un titre.

Via Twitter, François Fillon reprend la dialectique (ou ritournelle ?) LR éculée, enfilant les lieux communs comme on enfile des perles : « La démocratie, c’est d’abord la possibilité de l’alternance et l’alternance est menacée quand le pouvoir campe au milieu des extrêmes. Valérie Pécresse et Les Républicains constituent aujourd’hui le seul chemin viable vers cette alternance. » Ce serait presque caricatural, et certains pourraient trouver dans cette rhétorique antifasciste à la sauce bourgeoise un parfum légèrement vintage si ce n’était le destin de la France qui est en jeu aujourd’hui. On pourra, objectivement, admirer l’absence apparente de rancune de François Fillon envers son ex-amie Valérie Pécresse : n’était-ce pas elle qui l’avait lâché, lors des primaires LR de 2017, lui préférant Alain Juppé ? On pourra aussi penser que ces échanges, ces postures ressortent d’un mauvais jeu de rôle dont on peut espérer que les Français sont définitivement las.

Quoi qu’il en soit, c’est un soutien a minima qui ne fait pas oublier le grand absent de cette campagne LR. Nicolas Sarkozy, qui n’a pas ménagé, non pas son appui mais ses critiques virulentes envers la campagne de Valérie Pécresse, n’a même pas daigné faire de la figuration au meeting LR du week-end dernier. Nicolas Sarkozy qui, selon Le Point (24/3/2022), a déjeuné au mois de mars avec Bruno Le Maire afin de négocier les investitures aux législatives : selon l’hebdomadaire, 60 des 100 députés LR seraient prêts à rejoindre la Macronie, accélérant la chute de la maison LR.

Pas plus que dans le tweet de François Fillon il n’est question d’Emmanuel Macron dans la réponse de Valérie Pécresse, comme s’il fallait le ménager : « Merci cher François pour ton soutien qui me va droit au cœur ! Ton diagnostic sur l’état de la France était le bon en 2017. Après le quinquennat d’Emmanuel Macron, il est plus que jamais d’actualité. Mon projet pour la France reprend beaucoup de nos combats communs. »

Un clin d’œil appuyé à tous ces électeurs qui ne se sont pas remis de la fin brutale de l’aventure Fillon en 2017 et qui estiment qu’une victoire qui leur semblait acquise leur a été volée par le grand prestidigitateur, bien aidé par le PNF. Et qui n’ont toujours pas compris qu’à reprendre sempiternellement la petite musique « jamais avec l’extrême droite » et adopter ainsi le logiciel de la gauche morale, le parti LR fait définitivement partie du monde d’avant-hier. Voué à l’extinction.

Une question se pose inévitablement : Valérie Pécresse, le soir du premier tour, adoptera-t-elle les mêmes mots que François Fillon, qui déclarait lui aussi, le soir du premier tour à son QG de campagne : « Il n'y a pas d'autre choix que de voter contre l'extrême droite. À titre personnel, je voterai pour Emmanuel Macron » ? On peut sans peine l’imaginer.

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Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Une trahison de plus ? Fillon pour qui j’ai voté il y a 5 ans nous avait déjà déçus après s’être lui-même défini « de droite » . Ne pas se fier aux costumes ni aux mots .

  2. Ce chat coupé est bien là ou il est. Quand on s.est fait humilier de la sorte par Macron et qu.on appelle a voter pour lui a 20h02, on ne merite pas mieux que de soutenir la cruche Pecresse. Qu.il disparaisse du champs politique, avec son pote a bracelet Sarko.

  3. Il ne s’est pas assez fait avoir lors de la dernière campagne électorale ? Quel tas puant toute cette politique

  4. Comment peut on encore voter pour ces gens-là ? A la moindre occasion ils retournent leur veste ! Ils ne font que se servir du système pour protéger leurs places, le reste, c’est à dire la France, ils s’en moquent éperdument.
    Ils combattent les extrêmes ? Pourtant ce sont eux les extrêmes ! Notamment en ne remettant pas en cause le quinquennat du p’tit Jupiter !

  5. Jamais avec l’extrême droite… « ben voyons »! La droite « extrême » n’a d’extrême que le nom, c’est juste la droite du bon sens. La droite « classique »qui, à chaque fois, préfère rejoindre la gauche et l’extrême gauche pour faire barrage à Le Pen depuis toujours, est responsable de l’état du pays aujourd’hui. Le curseur n’est pas au centre puisqu’on ne parle jamais d’extrême gauche. Le guignol Fillon, dézingué par le pnf, appelle à voter Macron… Tel un crocodile entrant dans une maroquinerie…

  6. Pécresse, Fillon, Sarkozy et consorts, le club des vestes retournées, la cinquième colonne à Macron et à cette Europe des mécréants et autres malfaisants.

  7. François et Valérie : ca me rappelle le nom d’un chanteur mièvre du début des années 70 qui avait choisi le pseudo de François Valery en souvenir du duel entre Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterand.
    En ce temps là, monsieur, il n’y avait pas encore cette immigration ni cette violence jusqu’à ce que Valérie, pardon, Valery, permette le regroupement familial. Comme quoi..

  8. Quelle honte, on est les seuls à le soutenir quand il trébuche, et il y retourne après s’être soi-disant reitré. C’est Zemmour, qu’il faut soutenir, et Marine la première. Vous voulez gagner, votez là où on peut gagner. Pécresse et Marine, c’est des votes pour Macron, in fine

  9. « Ton diagnostic sur l’état de la France était le bon en 2017″…On se demande encore sur quel bilan Fillon pouvait s’appuyer en 2017 pour s’autoriser un diagnostic et devenir président…Ce « Père la vertu » a participé à la descente aux enfers de notre pays, en mettant comme les autres les mains dans le pot de confiture…

  10. J’ai commencé le militantisme à 65 ans et ce fut pour Fillon. Par quels bas calculs politiciens vend t’il son âme à celle qui l’a trahie de la façon la plus ignoble? Quand je pense à tout ce temps passé pour allez de meeting en meeting, à arpenter les marchés le dimanche matin. Je suis écœuré. II ne vaux pas mieux que toute la clique LR qui a contribué à son lynchage et heureusement à leur perte. Peut être qu’au second tour il soutiendra même Macron, cela me donne la nausée.

    • J’ai adhéré au RPR en 1981 .. et pourrais vous raconter une histoire à peu près semblable. Le clignotants se sont allumés un après l’autre avec Sarko, les premières alarmes ont sonné en 2012 avec l’élection de Copé à la Présidence de l’UMP, l’espoir est revenu avec Force Républicaine et la primaire de 2016, douche glaciale au printemps 2017 et gros ébranlement avec l’appel de Fillon à voter Macron. Rupture définitive avec l’éviction de Wauqiez mais pas seulement.

  11. Les LR se suicident et certains de leurs adhérents l’ont bien compris. Il n’est pas nécessaire d’attendre le 10 avril pour savoir que ce parti, à l’image du PS est mort.

  12. M. Fillon, heureusement que vous n’avez pas été élu président. Vous vous êtes défendu comme un pied dans l’adversité. Vous avez démontré par quelques sorties (gilets jaunes) votre mépris pour la France modeste et moyenne. M. Fillon, vous comme tous les dirigeants LR, vous avez trahi vos électeurs pour vos intérêts personnels. Je pense que vous auriez été pire que Macron…Merci d’avoir perdu et par anticipation merci à Mme Pécresse de perdre aussi.

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