Fin du grand débat : va-t-on, enfin, baisser les impôts des classes moyennes ?

impôts

Le grand débat tire à sa fin et le pouvoir se gratte la tête pour choisir les annonces qui prétendront prendre en compte les discussions. Bien entendu, les propositions qu’il sera amené à faire ne seront pas le résultat d’un consensus quelconque, car le grand débat n’a été - comme il fallait s’y attendre - qu’un stérile gloubi-boulga où chacun a émis sa petite proposition dans un chaos total. Les participants ont fait preuve d’une grande naïveté et ont demandé des mesures irréalistes qui coûteraient, au bas mot, une trentaine de milliards d’euros.

Les annonces qui vont être faites ne seront donc que des décisions gouvernementales. Cependant, le pouvoir tire à hue et à dia, chacun des ministres ayant sa propre idée qu’il développe dans les médias dans une cacophonie assourdissante.

Dans ce désordre ambiant, M. Le Maire propose de diminuer de 5 % les impôts sur le revenu de ceux qui y sont assujettis, en modifiant la première tranche. Les Républicains, son ancien parti, souhaitent avec raison qu’on aille jusqu’à 10 %, mais 5 % serait toujours bon à prendre, d'autant plus que ce geste trancherait avec les politiques précédentes consistant à exonérer de plus en plus de contribuables, au point que l’impôt sur le revenu est principalement concentré sur les 20 % des Français qui sont, soi-disant, les plus riches. On parle de redistribuer, au total, cinq milliards aux classes moyennes, celles qui sont à l’origine de la révolte des gilets jaunes. Bien entendu, le pouvoir revient sur sa promesse irréaliste d’éradiquer le déficit en 2022. Actuellement, avec la baisse de la croissance, le déficit sera encore à 1,2 % du PIB à la fin du quinquennat de M. Macron, mais cette prédiction est sans doute trop optimiste.

Néanmoins, les forces qui ne voient dans les classes moyennes que des vaches à lait à traire sans vergogne, ceux qui voudraient qu’on sorte du grand débat en augmentant l’impôt sur le revenu et non en le diminuant, sont passés immédiatement à l’offensive et leurs arguments - présentés par l’INSEE et repris par des médias bien-pensants - sont particulièrement stupides et malhonnêtes. En distribuant cinq milliards aux classes moyennes, on augmenterait le taux de pauvreté de 0,2 % !

Bien entendu, M. Le Maire n’a jamais parlé de taxer les « pauvres » pour donner aux riches, et les cinq milliards seront financés par le déficit, mais le revenu moyen va croître et, du coup, le seuil de pauvreté qui se définit par rapport à lui va augmenter. Si le revenu moyen est à 1.700 €, le seuil de pauvreté (60 %) est de 1.026 €. Si le revenu moyen grimpe à 1.780 €, le seuil de pauvreté passe à 1.084 € sans qu’aucun des plus défavorisés ne soit dépouillé ou ne perde un euro. C’est juste une définition comptable sans aucun effet notable.

Évidemment, les bien-pensants, qui sont sourds et aveugles sur les raisons de la révolte des gilets jaunes, trouvent tout de suite un meilleur usage des cinq milliards : augmenter le RSA et autres minima sociaux. Dans un monde idéal, il faudrait sans doute aider les plus pauvres et les classes moyennes, mais là, vu les contraintes budgétaires, vu que depuis 2008 ceux qui payent encore l’impôt sur le revenu ont supporté hausse sur hausse et n’en peuvent plus, c’est à eux qu’il faut penser en premier : question de justice et d’équité !

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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