Finalement, pas de coup de rabot sur la niche fiscale !

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On n’osera pas l’hypothèse qu’Édouard Philippe a lu Boulevard Voltaire mardi matin. Ce serait présomptueux. Quoique… Mais voilà, le Premier ministre a annoncé, mardi après-midi, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, qu’il renonçait au coup de rabot fiscal sur les emplois à domicile, une mesure qui allait toucher les plus de 70 ans non dépendants.

Un camouflet pour Muriel Pénicaud et Gérald Darmanin, chargés d’effectuer, lundi soir, sur les plateaux télé, avec le talent qu’on leur connaît, le service après-vente de cette décision. La première était, il est vrai, quelque peu confuse et balbutiante dans ses explications ; le second, en revanche, sûr de son fait, tel le marchand de cravates vertes à poids violets sur les marchés d’antan. « Cette décision aurait nécessité une concertation plus approfondie », a reconnu le chef du gouvernement dans l’Hémicycle.

On reste tout de même perplexe devant ce qui ressemble à une reculade ou, tout du moins, un repli tactique. On pensait que tout était bien réfléchi, pesé, soupesé avec ce gouvernement de professionnels, de technos. Pas tant que ça, finalement. Le député LREM Benoît Simian déclare, au Parisien, que cette mesure « n’avait jamais été évoquée » en commission des finances. Ça la fout mal. Du coup, on est presque rassuré : cela donne un petit air d’improvisation qui nous les humanise, les rend moins sûrs d’eux. On n’ira pas jusqu’à dire plus sympas. Du reste, c’est le même en-marchiste Benoît Simian qui souligne le caractère « moralement contestable » de cette annonce mais aussi « politiquement inflammable, surtout à quelques mois des municipales ». Pas faux. Re-du coup, on a envie d’ajouter que cela leur donne aussi un petit côté pieds nickelés. Mais à quelques mois des municipales, alors que la catégorie visée par le coup de rabot participe plus que la moyenne des Français aux élections, un instant de honte sur les plateaux télé vaut sans doute mieux que de prendre le risque de longs moments de grogne.

On imagine que les menuisiers gouvernementaux vont retourner à leur établi, refaire leurs calculs, reprendre leurs outils, avant de venir représenter leur petit chef-d’œuvre budgétaire bien raboté tout comme il faut, en espérant qu’ils n’y laisseront pas trop de copeaux.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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