Fiorina Lignier : « Les gilets jaunes blessés n’ont pas eu le même traitement que Michel Zecler »
3 minutes de lecture
Fiorina Lignier, 22 ans, a été grièvement blessée et a perdu un œil, après un tir de LBD, en décembre 2018, au cours d'une manifestation de gilets jaunes.
Boulevard Voltaire a pris de ses nouvelles, deux ans après les faits. La jeune femme déplore le deux poids deux mesures dans le traitement des dossiers. L'enquête n'avance pas auprès de l'IGPN alors que l'affaire Michel Zecler a été surmédiatisée et, selon elle, soutenue politiquement.
Alors que le débat tourne autour des violences policières, avec notamment ce producteur de musique, Michel Zecler, nous avons voulu savoir où vous en étiez puisque que rappelons-le, vous avez été victime d’un tir de LBD à bout portant qui vous a ôté un œil.
Où en est l’enquête ?
Au niveau santé, j’attends toujours une prochaine opération puisque j’ai toujours très mal.
Au niveau de l’enquête, c’est toujours au point mort. Cela fait presque deux ans qu’ils ont les noms de tous les policiers qui étaient présents, mais l’enquête n’avance pas. Et judiciairement, c’est également au point mort.
Concernant votre opération, vous ne savez toujours pas quand la situation pourra s’améliorer.
Hier, j’ai eu un scanner et j’ai appris que mon nez allait être lui aussi reconstruit, puisque j’ai un problème avec mes voies lacrymales. Pour le moment, aucune date d’opération n’est encore posée.
Ressentez-vous de la douleur continuellement ?
Au niveau de l’œil, le nerf a été touché. Par conséquent la douleur est toujours présente. On m’a vissé des plaques sur les os et je ne les supporte plus. On va donc me les retirer. Quasiment tous les jours, je souffre au niveau des os et à la tête.
On ne s’est toujours pas quand l’enquête sera rendue publique. Vous n’avez aucune nouvelle de l’institution policière depuis le début.
J’ai eu un dernier rendez-vous avec l’IGPN en avril 2020. C’était juste pour me dire que l’enquête n’avançait pas. Je devais également avoir un rendez-vous avec le juge, mais cela fait un an que j’attends.
Êtes-vous en accord avec ces différentes prises de position par rapport au débat sur les violences policières ?
Cela dépend. Dire que la police est violente de manière systémique, je n’y crois pas du tout. Certains policiers font des bavures et des choses qu’il ne faudrait pas faire, mais de là à dire que toute la police est violente, je ne crois pas. Macron ne voulait pas avouer que les violences concernant les Gilets jaunes étaient des violences policières. On voit très bien que pour les affaires comme celle de Michel Zecler, il faut l’appui politique et médiatique pour que les enquêtes avancent. En quelques jours, l’affaire de Michel Zecler est bouclée, alors que moi j’attends depuis deux ans et je ne suis pas la seule à attendre.
Vous dénoncez le deux poids deux mesures. Selon vous, à quoi est dû ce deux poids deux mesures ?
Ils sont opposés au pouvoir donc l’appui politique n’est pas là. Le système s’est totalement opposé aux Gilets jaunes. Pour eux, il est complètement normal de ne pas donner suite et de ne pas appuyer pour que les enquêtes aboutissent.
Avez-vous pu reprendre des études ?
J’ai essayé plusieurs fois, mais j’ai beaucoup trop mal. Aujourd’hui, j’ai peur de sortir. J’ai peur de la police en elle-même. Ne serait-ce que pour sortir toute seule, je n’y arrive plus. Il faut tout le temps que mon conjoint soit avec moi. Dans les universités, il y a énormément de monde, ce n’est pas possible.
Pour vous, le confinement dur depuis deux ans…
Je n’ai pas ressenti le confinement puisque je suis dans la même situation depuis deux ans.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :