Flambée de violence : Rama Yade agressée par une statue de Colbert
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Vous vous souvenez, quand Rama Yade était dans le gouvernement Sarkozy ? C'était l'une des icônes de la diversité sur papier glacé, avec Rachida Dati (garde des Sceaux) notamment. Une France Benetton, mais en tailleur strict. Rencontre de la deuxième génération de l'immigration et de la bourgeoisie libérale.
Le temps a passé. Chacune de ces icônes a suivi son propre chemin. Rachida Dati, autrefois mère célibataire ambitieuse, est devenue maire du VIIe arrondissement de Paris. Elle pourfend le libertarisme d'Anne Hidalgo. Son entrée au Jockey club n'est plus qu'une question de féminisation. Rama Yade, elle, a tourné à gauche à la croisée des chemins.
Dans un récent entretien accordé à L'Express, elle se prononce en faveur de ce que l'on appelle le mouvement woke, dans lequel elle voit un noble combat. Expatriée aux États-Unis, elle considère que « passer devant la statue de Colbert, à Paris, est une micro-agression ». « Surprenant », commente l'hebdomadaire. L'est-ce vraiment ?
Une carrière politique est faite d'une ambition démesurée, éventuellement appuyée sur quelques considérations philosophiques. Si l'on veut durer, il faut savoir se parjurer. Michel Barnier, jadis européiste forcené, souhaite un moratoire sur la politique d'immigration, à rebours de ce qu'il a toujours défendu. Xavier Bertrand, autrefois centriste du juste milieu (on n'ose pas écrire « du ventre mou »), est devenu un patriote sourcilleux, qui redoute la guerre civile. Et Rama Yade, donc, qui fut une républicaine et une modérée, est devenue une militante au goût du jour.
Signalons à Mme Yade que de nombreux Français rêveraient de se faire « micro-agresser » par des statues au lieu de finir tout bêtement poignardés, volés, violés, squattés, insultés, empêchés de vivre. Précisons, également, que Colbert, à qui elle reproche probablement son Code noir, fut à l'origine, avec ce texte, d'une harmonisation des pratiques des possesseurs d'esclaves et, donc, d'une relative amélioration de la condition de ceux-ci, ce qui n'enlève rien à l'ignominie de l'esclavage mais permet de remettre les choses en perspective. Enfin, suggérons-lui, si elle tient à participer au débat national, de revenir chez nous... ou, si son projet est plus audacieux encore, de porter ce message au Sénégal, où elle est née, et qui me semble un peu moins en pointe sur la question de ces combats « nobles ».
Tout jugement moral mis à part, c'est un positionnement habile pour Rama Yade qui espère ainsi, on le pressent ou, tout du moins, on en fait l'hypothèse, revenir sur la scène politique. Bon courage à elle. Assa Traoré occupe déjà le créneau. Et elle ne lâchera pas comme ça la poule aux œufs d'or.
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