Fortune de France : France Télévisions revient aux origines du service public

Affiche Fortune de France

Fortune de France marque un retour aux fondamentaux du service public. Diffusée, tous les lundis depuis le 16 septembre, en première partie de soirée sur France 2 (et entièrement disponible, en avant-première, sur le site de France TV), cette série adaptée des célèbres romans de Robert Merle se distingue par une reconstitution historique solide et une narration rigoureuse. Pour une fois, le service public renoue – consciemment ou non – avec les grandes heures des téléfilms français comme Les Rois maudits (1972). Il était temps… Invité de France Info, le créateur de la série, Christopher Thompson, confie : « J’ai eu envie d’adapter Fortune de France dès mon adolescence. » Cette passion pour l’œuvre de Robert Merle transparaît dans la série qui évite les écueils de la réécriture historique ou de la moralisation excessive, privilégiant un récit qui se veut fidèle à l'époque des guerres de Religion : les enjeux politiques et personnels s'entremêlent de manière crédible et nuancée. La série ne cherche ni à imposer une grille de lecture contemporaine sur le passé ni à prendre de trop grandes libertés avec les œuvres littéraires dont elle est issue. Ce retour à une forme de rigueur narrative et historique est bienvenu, dans un contexte où le service public semble parfois plus soucieux de suivre les tendances du wokisme que de remplir sa mission première : informer et éduquer le public à travers des œuvres de qualité.

Une réalisation sobre et efficace

Le choix des acteurs est un point fort de Fortune de France. Nicolas de Siorac, le personnage central, est incarné par Nicolas Duvauchelle, dont la performance apporte une intensité discrète mais efficace à l'écran. Les autres acteurs ne sont pas en reste, chacun contribuant à donner de la profondeur aux personnages et à enrichir le récit. Les dialogues, bien que modernisés, respectent l'intention de Robert Merle de plonger le spectateur dans l'époque des guerres de Religion sans pour autant trahir l'esprit de l'œuvre originale.

Et la réalisation est à la hauteur des attentes. Les scènes de bataille, les débats animés et les moments plus intimes sont filmés avec une précision qui montre un réel souci du détail. Chaque plan semble avoir été conçu pour servir l'histoire, créant une immersion efficace. Rien ne fait mentir le réalisateur et les scénaristes qui, dans leur note d'intention, affichent un objectif clair - mais si simple : « Renouer avec la tradition populaire du feuilleton historique tout en cassant les conventions du film d’époque pour être de plain-pied avec l’humanité de ces femmes et de ces hommes. »

Un exemple à suivre pour le service public

Rêvons un peu... Fortune de France pourrait servir d’exemple à France Télévisions pour ses futures productions. Alors que certaines séries du groupe ont une fâcheuse tendance à privilégier une approche idéologique woke, Fortune de France rappelle que le service public peut encore produire des œuvres ambitieuses respectueuses de l'Histoire et captiver le public sans sacrifier aux tendances actuelles. Cette série pourrait bien être un tournant, une occasion pour le service public de réaffirmer son rôle : celui d’offrir au public des productions de qualité, à la fois divertissantes et enrichissantes. On attend d’autres projets de cette envergure, capables de réconcilier exigence historique et plaisir du récit sans tomber dans les travers de l'époque.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

19 commentaires

  1. @Julien Telliers: Les héros sont Pierre et Jean de Siorac et non Nicolas de Siorac.
    @Philiberte: Je partage votre surprise sur le comportement de Sauveterre qui n’est ni violent ni ivrogne dans le roman. Je regrette surtout l’abandon de l’ancien français qui fait le charme du roman. Dans le roman, Pierre est le narrateur, ce qui fait de lui le héro naturel . Si vous aimez Robert Merle, avez-vous lu: La mort est mon métier ?

  2. Je possède les 13 volumes de Robert Merle (plus celui de son fils sur Miroul, qui m’a énormément déçu, à croire qu’Olivier n’a pas lu les romans de son père!), Je je relisais à partir du 1er tome, à chaque achat. C’est dire que je connais bien le premier tome! Mais pourquoi diable faire de Sauveterre un ivrogne?
    à suivre ce soir…

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