Français mais pas gaulois, de Daniel Cohn-Bendit

cohn bendit
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 27/01/2023.
L'été : l'occasion pour beaucoup de lire enfin ce livre dévoré des yeux toute l'année sans pour autant avoir eu le temps de s'y plonger. À cette occasion, BV vous propose une sélection de ses meilleures recensions. Aujourd'hui, Français mais pas gaulois. Comment Daniel Cohn-Bendit, né sans patrie, ne s'en est jamais consolé.
Fort de ses nombreuses vies et avec le culot qu’on lui connaît, l’inoxydable Daniel Cohn-Bendit publie, aux Éditions Robert Laffont, avec le journaliste Patrick Lemoine, Français mais pas gaulois, sous-titré « Des étrangers qui ont fait la France ».

Vous vous direz, on a compris, on a déjà lu ce livre-là mille fois et bien davantage. On a entendu, réentendu la démonstration pendant des décennies, en long, en large et en travers, avec la délicatesse qui caractérise les zélateurs de la France plurielle, façon marteau pilon. La gauche ne se renouvelle pas beaucoup : nos ancêtres n’étaient pas gaulois, ils étaient étrangers. Et heureusement, sans quoi les pauvres Franco-Français chasseraient toujours le mammouth dans les vallons du Périgord.

Pourtant, on aurait tort de jeter par-dessus l’épaule ce livre testament, un double livre. Car on peut facilement supposer que l’éditeur a appelé Cohn-Bendit pour jeter une poignée de poivre dans l’évocation par Patrick Lemoine, ancien rédacteur à L’Équipe, de ces fabuleux étrangers sans qui la France ne serait rien.

Défilent ainsi une liste d’immigrés méritants dont la qualité principale est donc… leurs racines étrangères : Marie Curie, Marc Chagall, Jacques Brel, Karl Lagerfeld… Les auteurs ont oublié Mazarin. Ils ont aussi omis d’évoquer nos rois et reines, ces Français qui, après tant de mariages européens, avaient bien peu de sang… français.

Des étrangers ont donc aimé et même servi la France ? Cette révélation en peau de lapin nécessitait bien 320 pages encadrées des pensées, convictions et souvenirs foutraques de l’ex-Dany le rouge. S’il ne brille pas par la force de ses avancées conceptuelles, notre révolutionnaire embourgeoisé a le mérite de dévoiler les méandres et contradictions d’un cerveau qui a beaucoup œuvré pour le délitement du pays. Car « ce livre est une tentative, écrit-il. Il envisage que l’identité française proprement dire n’existe peut-être pas. » CQFD.

L’entreprise fait florès à gauche, entretenue notamment par le journaliste de L’Obs François Reynaert dans Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises. Il s’agit de démonter l’idée d’une identité française sur la base d’une idéologie de CM2 : les Français sont des immigrés comme les autres, et vice versa. C’est simple : si les Français n’existent pas, ceux qui prétendent le contraire sont… d’abominables racistes. Fermez le ban ! Avec cette leçon sur la nationalité pour les nuls façon Cohn-Bendit, la longue conversation sur l’identité de la France qui culmina avec Renan est close. La nationalité française n’existe pas pour les Français, elle est réservée aux immigrés.

En réalité, Cohn-Bendit montre lui-même très bien comment cet étrange regard sur la France et l’identité française est né de circonstances très particulières : « Français, c’est ce qui, d’un point de vue strictement bureaucratique, est inscrit sur la carte d’identité, écrit-il. Moi, Dany, je l’ai eue à 68 ans. C’est-à-dire sur le tard. Comment pourrais-je donc me dire français au sens où on l’entend généralement […] Pendant longtemps, je n’ai même pas été un Français "de papiers". »

Ses parents, de gauche, ont fui l’Allemagne en 1933. Aussitôt déchus de leur nationalité allemande, ils se sont retrouvés à Paris. Ils veulent partir pour les États-Unis, aussi ne déclarent-ils pas leur second fils Dany, né le 4 avril 1945 à Montauban. « Dès lors, je ne peux plus être français et me retrouve apatride comme eux », écrit-il. Son frère est français. Son père retournera en Allemagne au début des années 1950 « afin d’y retrouver son identité allemande ». L’attachement à la patrie existe donc chez les Cohn-Bendit. En 1959, Dany prend la nationalité allemande « totalement par opportunisme »… pour éviter de faire son service militaire. Dans la geste cohn-benditienne, la nationalité est un accessoire administratif opportun ou non, c’est tout. Voire une souffrance. Il a souffert d’avoir été expulsé par le pouvoir français parce qu’allemand, après 68. « Je me suis soudain trouvé replongé dans ce qu’était l’essence de mon identité d’apatride. Car de nationalité, je n’en ai toujours eu qu’une, européenne. »

Au fond, Cohn-Bendit est un grand blessé de la nationalité, un brûlé vif de l’identité, un orphelin de la patrie, un enfant du divorce entre la France et l’Allemagne. De la France, il conserve les équipes de football et le steack-frites mais s’avoue incapable du moindre élan pour ce pays qui a accueilli ses parents. Cet homme n’a pas pu ni su embrasser l’amour d’un pays et il en souffre, finalement, au point de se réfugier dans un monde virtuel. Lui se donne une nationalité qui n’existe pas. Une nationalité sans nation : il se veut européen.

Ainsi réfugié sur un Aventin construit de toutes pièces, Cohn-Bendit vomit les autres, ceux qui ne pensent pas comme lui, ceux qui s’attachent à ce tissage subtil de peuple, de langue, d’histoire et de culture qu’on appelle depuis des siècles un pays. « Une partie de l’opinion croit que se recroqueviller autour de la défense d’une prétendue identité nationale rabougrie suffira pour s’en sortir », balance-t-il. Ce n’est pas la question. L’identité nationale est forcément « prétendue » et nécessairement « rabougrie » : Cohn-Bendit continue à voir midi à sa porte. Et répète les éternels arguments éculés. Comment la France tournerait-elle sans ses immigrés, demande-t-il ? « Ce n’est pas d’un Grand Remplacement qu’il s’agit mais d’une grande évolution. » Les progrès de l’islam radical auprès des musulmans français de deuxième ou troisième génération, voire de Français de souche, ne l’effleurent pas. Et s’ils haïssent la France, c’est qu’ils ont été mal accueillis, qu’ils ont « grandi dans l’exclusion ». Mais mal accueillis par qui, cher Dany, si les Français n’existent pas ? Par les immigrés ? On n’en sort pas. Dany tourne en rond. Logiquement, tout sentiment de fierté nationale lui est « insupportable ». « L’identité de ce pays est on ne peut plus fluide », tente-t-il. En réalité, la France de Cohn-Bendit revient lorsqu’il s’agit de faire le mal, les étrangers surgissent pour faire le bien.

Il ne reste plus à Cohn-Bendit qu’à vomir sur la nation, l’attachement à son pays, sur l’existence même d’un des pays les plus anciens d’Europe. Il en veut particulièrement aux Gaulois devenus les ennemis des wokistes français. La Gaule ? « Une pure fiction géographique, politique et ethnographique de César », lance-t-il. César rejoint en enfer les révisionnistes et propagateurs de « fake news ». Vae victis ! Cohn-Bendit ose tout. Pour lui, la France « est le produit de ceux qui la peuplent ». Donc, elle n’est rien. Pour l'ancien eurodéputé vert, « elle appartient à ceux qui y vivent et y travaillent avec ou sans papiers ». Mais comment un pays qui n’existe pas peut-il appartenir aux derniers arrivants ?

Pour s’en sortir, Cohn-Bendit s’oblige à oublier. Il oublie volontairement que les familles françaises vont au cimetière chaque année déposer des fleurs sur les tombes de leurs chers défunts. Que parmi ces défunts, beaucoup ont donné leur vie pour que cette terre reste française. Il oublie les églises, les abbayes, les bibliothèques, les châteaux, les fermes, les masures à croisées de bois, construites et habitées par ces mêmes Français. Il oublie les généalogies, les us et coutumes, tout ce qui fait la France, au-delà du steack-frites, loin des travées bleues du Parlement européen. Il oublie que la grande masse des Français n’ont pas choisi, pas plus leurs ses ancêtres, de naître français.

Ce champion de l’amnésie volontaire sera-t-il puni de son vivant ? Il raconte qu’en 2020, une jeune Américaine lui explique que la grande et fameuse manifestation de 68 sur le thème « Nous sommes tous des Juifs allemands » n’était qu’une « appropriation culturelle malvenue étant donné que les participants n’étaient majoritairement pas juifs. Quelle époque vivons-nous où le séparatisme identitaire fait des ravages ? », commente Dany le rouge. Il faut lire les errances de notre révolutionnaire embourgeoisé avant qu’il ne soit définitivement débordé sur sa gauche. Et enseveli sous ses propres contradictions.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:19.
Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. « Ses parents, de gauche, ont fui l’Allemagne en 1933. » Toujours aussi courageux, les gens de gauche.
    « Aussitôt déchus de leur nationalité allemande, » Si les Allemands le peuvent, pourquoi pas les Français?

  2. J’ai le même âge que ce monsieur et je me demande de quel droit il ose ce présenter devant les Français, Cohn Bendit est un pédophile. Je demande même pourquoi il n’est pas en prison.

  3. Le véritable Français est celui qui fait allégeance au Drapeau Français dans tous les sens, au propre et au figuré. Tous ceux qui ne remplissent pas leur devoirs envers ce qui est l’emblème de notre pays ne sont que des oportunistes.
    Victorine31

  4. Rien à faire des états d’âme de Cohn Bendit, ce n’est pas NOTRE problème….Quant à cette distinction entre Français et Gaulois, c’est du flan….Les Francs ont donné leur nom à la France et lui ont apporté autant que les Gaulois, faisant de l’espace où vivaient les Gaulois avant l’invasion romaine une Nation….Ces vaillants guerriers, bien organisés (c’étaient des Germains) ont sauvé l’Europe entière des invasions Arabes puis Normandes…..Rien à voir avec Cohn Bendit…..

  5. On se fiche complètement de ce que dit ce pédophile autoproclamé , qui n’a honte de rien et que les médias anti-France accueillent avec bienveillance .

  6. Je suis quand même rassuré, j’avais compris de premier abord qu’il avait écrit un livre sur ses turpitudes avec les enfants, me voilà rassuré ,il nous fait encore la leçon, mais est-il crédible ? C’est vrai que jacques Brel a écrit une chanson sur les bourgeois qui lui convient parfaitement.

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