France Inter et Europe 1 en hausse : la polarisation de la société accélère

pavlenko

Le paysage de nos radios se polarise à grande vitesse. Médiamétrie a livré, ce 9 janvier au matin, les résultats d’audience des grandes stations françaises sur les deux mois de novembre et décembre 2024. Elle révèle deux grands vainqueurs, deux antennes idéologiquement marquées, l’une à gauche, l’autre à droite, et un scandale qui dure.

Premier phénomène : parmi la famille des grandes stations généralistes, Europe 1 poursuit sa course en avant. La radio du groupe Bolloré a encore gagné 470.000 auditeurs supplémentaires sur un an, soit un peu moins que la ville de Toulouse (511.000 habitants). Ce qui en fait de très loin la deuxième meilleure progression parmi les radios généralistes (hors musicales). De quoi gâcher la galette des rois des militants anti-Bolloré qui foisonnent dans les groupuscules d'extrême gauche ! Grrr, encore raté ! Le rallye haussier se poursuit donc pour Europe 1, qui mise sur de nombreuses voix venues de CNews (Charlotte d’Ornellas), du groupe Figaro (Alexis Brézet, Vincent Trémollet de Villers, Eugénie Bastié) ou de Boulevard Voltaire (Gabrielle Cluzel). Dans le détail, la matinale de Dimitri Pavlenko fidélise 603.000 paires d’oreilles, tous les matins : c’est 100.000 de plus qu’un an auparavant. Le soir, Cyril Hanouna a, lui aussi, battu le rappel : son émission On marche sur la tête a rassemblé, chaque jour, une moyenne de 270.000 auditeurs, faisant mieux que doubler les audiences enregistrées entre 16h et 18h, la saison dernière, par Sophie et les copains, le jeu présenté par Sophie Davant. Re-grrr. Les Français préfèrent à cette heure les témoignages d'auditeurs sur la société française que le divertissement pur. Europe 1, qui avait touché le fond en passant sous la barre des 4 %, a sans conteste trouvé la bonne formule. La radio poursuit et accélère son redressement, tranchant sur RTL, qui perd 409.000 auditeurs sur la même période, ou RMC (-194.000), deux stations moins marquées politiquement et en crise.

La France boude les stations neutres

Mais, plus encore qu’Europe 1, France Inter atteint des sommets. Un peu de baume au cœur de la France de gauche qui n'a pas tout perdu. La radio publique engrange 542.000 auditeurs supplémentaires sur un an, soit la population de la ville de Lyon ! Avec près de 7,5 millions d’auditeurs chaque jour, France Inter bat un record historique et cumule près de trois fois l’audience moyenne d’Europe 1. Au sein de Radio France, France Info gagne aussi 220.000 auditeurs sur cette vague. De très bons résultats : l’absence de publicité sur les antennes publiques, rémunérées (cher) par le contribuable, et la couverture du territoire français par les antennes publiques supérieure à toute la concurrence, là encore aux frais du contribuable - merci aux Français de droite ! -, n'expliquent pas tout.

Le constat semble s'imposer : à l'origine de leur dynamique, les deux stations profitent d’un positionnement politique, voire militant, extrêmement clair, au centre droit pour l’une, à gauche et à l’extrême gauche pour l’autre. France Inter n’assume pas plus qu’Europe 1 ce positionnement politique et sociétal, pour des raisons publicitaires mais aussi pour ne pas froisser les susceptibilités en interne. Y penser toujours, n’en parler jamais.

Il n'empêche, elle a la force de l'évidence. La France délaisse la neutralité du ton. Comme si la polarisation de la société française se reflétait dans le miroir des médias, rejetant dans le déclin les antennes moins marquées politiquement. Le signe d’une société en proie à une bataille d’idées de plus en plus structurante, qui transforme le paysage médiatique. Plus de place pour les tièdes !

Un scandale permanent

Mais la poussée des deux antennes de Radio France, France Inter et France Info, repose sur un scandale qui reste : elles campent sur une ligne éditoriale marquée par un wokisme d'extrême gauche militant, alors même que leur économie repose sur des fonds publics levés de force auprès des Français et des entreprises auxquelles on ne demande pas leur avis sur la politique éditoriale poursuivie. En clair, on fait payer un discours militant de gauche sur les antennes publiques aux auditeurs des autres radios. Il faut le redire : l'appartenance de ces stations au service public devrait imposer à ses cadres et ses journalistes une obligation majeure de neutralité. Radio France comme France Télé se fixent d'innombrables obligations, de diversité, de parité et bien d'autres. Pour la neutralité, on attendra !

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Malheureusement, à ma grande déception, chez moi je ne capte que France Inter, et je ne suis pas la seule.

  2. France-Inter peut faire une propagande outrancièrement de gauche sans aucun risque d’être inquiétée par l’ARCOM, alors qu’Europe 1 est obligée de rester très neutre. Ceci explique cela.

  3. Le problème avec Europe 1 est qu’on ne le capte pas partout chez moi par exemple alors que Rance inter …

  4. Il faut comparer ce qui est comparable. France Inter bénéficie du réseau de la télécommunication nationale tandis que Europe 1 d’un réseau plus restreint et négocié avec les petits hommes gris du pouvoir qui attribuent les parts de marché de telle façon à ce que le privé m’empiète pas sur le public et que le monopole soit respecté. France Inter, on pourrait même l’entendre dans le fond des clos de Normandie et même dans le trou du C.. des vaches…ce qui, sans aucun doute, affecterait la qualité du lait ! Les gens l’écoute en « bruit de fond », par habitude, il n’y a qu’en ville que cette radio est écoutée de façon militante….Europe 1, son écoute correspond à un choix véritable.

  5. Cette affaire mériterait d’être débattue au Conseil Constitutionnel . Même une question préalable de constitutionnalité devrait être envisagée.

  6. Grosse inégalité cependant puisque sur radio comme télévision, le service public détient les trois quarts du pouvoir car des fréquences.
    Que fait l’Arcom contre cette propagande d’État allié à la gauche voire l’extrême gauche?
    A quand Radio Elysée?

  7. Je pense que tout cela traduit une sorte de rélfexe pavlovien ou même psychologique qui fait que la gauche a besoin de se rassurer elle même qu’elle n’a pas eu tort depuis plus de 40 ans de règne sur la parole publique alors que la France va de mal en pis. Et qui mieux que les médias du service public pour les aider à s’en convaincre ? C’est pour cela que leur discours semblent tourner en boucle depuis les années 80 comme de vieux disques vinyles rayés .
    Pour ce qui est des médias Bolloré , c’est plutôt l’heureuse surprise qui fait que des gens réalisent qu’ils ne sont pas seuls à se rendre compte de la réalité de l’état de la France que ce soit à travers des faits qui les touchent au quotidien comme ceux de l’actualité.
    La gauche n’admettant pas la véracité des choses mais scotchée à ses idéaux , a trop longtemps relativisé le ressenti des gens devant l’augmentation des faits qu’ils soient migratoires , sécuritaires ou religieux , en psychologisant cela par un sentiment d’insécurité , et en utilisant la facilité de faire parler les français par leur intermédiaire : » les français pensent ceci ou cela » comme si ils étaient incapable de penser par eux mêmes ! Vieux réflexes gauchistes liés à l’époque de l’URSS de staline qui internaient les gens qui contestaient le paradis sur terre qu’était le régime soviétique . Il fallait être fou pour cela !
    Il faut bien se dire que les français sont très peu encartés dans des partis politiques, ni militants mais ils ont du bon sens , des yeux pour voir , on leur avait juste enlevé la parole . Voici que certains médias leur ont rendu leur liberté d’expression !

  8. RTL paie surtout la disparition des grandes ondes, car la bande FM en réalité est exécrable dès son sort des grandes villes. Et encore même dans une ville comme Metz, je capte peu de stations dans ma voiture. Mis à part quelques stations de radios locales, globalement j’arrive à réceptionner convenablement sur la bande FM uniquement France Bleu (qui ont plusieurs fréquences), France info (qui ont plusieurs fréquences aussi), France inter, France culture, France musique, Fun Radio, Nostalgie, RFM, Skyrock et NRJ. Le reste c’est toujours plein de grésillements, Europe 1 et Europe 2 c’est même impossible à choper. Donc tant que les stations n’amélioreront pas la qualité de leurs ondes, je j’écouterai toujours que NRJ, la radio de Max Guazzini. Le reste de ce que j’arrive à recevoir c’est pas vraiment de mon goût…

  9. Reste à savoir quelles émissions font le succès de France inter. C’est peut-être le jeu de 1000€ et je journal d’info qui le suit. Pour le reste…..?

  10. En effet en province et dans les campagnes nombreuses sont les radios qui n’ont pas d’émetteurs. Je rejoins le commentaire précédent disant que moi aussi j ai quitté la matinale de sud Radio avec JJ Bourdin que je ne supporte plus (il a fait son temps !) pour partir vers Europe 1. A midi j’écoute Bercoff avec un petit passage le matin sur RMC les Grandes Gueules. 17h retour sur Sud Radio pour Philippe DAVID et les vraies voix. NB le Hanouna de l’apm est mille fois mieux que son émission le soir sur C8

  11. Ces statistiques sont biaisées. Dans de nombreux « territoires », on ne reçoit que les radios publiques.
    La Pravda radiophonique…

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