France Inter : les blagues lourdingues à caractère raciste passent crème ?

MARINE BAOUSSON

France Inter, maître des élégances humoristiques en tout genre, pris à son propre piège, tel l’arroseur arrosé ? La preuve par Marine Baousson. C'est qui, ça, Marine Baousson ? Une « humoriste, comédienne, autrice, podcasteuse et metteuse en scène et animatrice de radio », pour reprendre texto sa fiche Wikipédia, longue comme le bras, qui anime depuis fin août une émission de la radio du service public intitulée « Jusqu’ici, tout va bien », diffusée à 17 h 00, chaque jour en semaine. À la même heure que la fameuse émission de Jacques Chancel, « Radioscopie », au siècle dernier. Après, on s’étonne qu’un grand philosophe comme Patrick Sébastien publie un livre intitulé La Nostalvie dans lequel il semble nous dire que c’était quand même pas si mal que ça, avant… Mais on s’éloigne du sujet.

Jusqu’ici, tout va bien, donc, jusqu’au moment où ladite Baousson Marine, pour écrire comme un gendarme, commet un premier impair (homologué, car il a pu y en avoir d’autres, allez savoir…), dans son « billet d’humeur » du 25 septembre dernier. Billet dans lequel elle s’est attaquée à la chaîne Public Sénat. « J'ai testé une activité insolite et, une fois n'est pas coutume, gratuite, donc accessible à toustes [NDLA : ?] et en particulier à ceux qui ont perdu leur télécommande et ne peuvent plus changer de chaîne. » C’est vrai que s’intéresser un tant soit peu à la vie politique de notre pays, notamment en suivant les débats au Sénat, relève aujourd’hui des activités insolites. Hier, Arnaud Florac évoquait l’armée d’hoplites que Macron va mettre sur pied pour les Jeux olympiques, mais l’on pourrait évoquer aussi, pour rester sur le thème de l’Antiquité, ce peuple d’ilotes dont rêve sans doute toute une faune qui se pense l'élite de ce pays. Un peuple écervelé qui n'écouterait plus que les chroniques de Mme Baousson, par exemple. Bon, s’en prendre aux sénateurs, à leur âge, à leur manque de notoriété - parce que, aujourd’hui, ce qui compte, c’est d’être connu -, ça ne mange pas de pain et ça plaît toujours. Étonnant (quoique...) que la dame ne se soit pas attaquée à la charge pondérale de Gérard Larcher. Cela dit, il semblerait que plus on le moquera sur ce sujet, plus il reprendra du rabe de frites à la cantine du Sénat : s’ils n’ont pas compris ça, faut qu’ils fassent autre chose dans la vie. Mais ce n'est pas le sujet. On y arrive au sujet, pardon.

Vient donc l’objet de la polémique : « Moi, j'ai beaucoup aimé regarder Public Sénat, parce que la présentatrice, c'est Tâm Tran Huy, le sosie de Lilo et Stitch, accompagnée de Thomas Hugues », ironise Baousson. Tâm Tran Huy est une journaliste, diplômée de Science Po Paris, qui présente sur Public Sénat les émissions « Questions au gouvernement« et « Parlement Hebdo ». Et Lilo, c’est qui, pour qui n’est pas familier des Disney d’aujourd’hui ? Une fillette hawaïenne qui vit tout plein d’aventures intersidérales et sidérantes. Dans un premier temps, on peut se dire que ce n’est pas bien méchant. Voire. Et voir la réaction de Tâm Tran Huy : « Souligner ma ressemblance avec Lilo ou Pocahontas ("tiens, on l'a retrouvée à l'Assemblée", avait dit l'amuseur), c'est pareil qu'appeler un Noir Kirikou ou un Hispanique Pepito. C'est raciste et simplement s'amuser de mon origine. » Bien vu !

Il est vrai qu'aujourd'hui, il est interdit de faire des blagues sur les Noirs ou les Arabes (les sketchs de Michel Leeb et des Inconnus frôlent, désormais, la correctionnelle). Mais l’on pourrait y aller franco sur les Asiatiques ? Suite à la réaction de Tâm Tran Huy et de nombreux confrères, Manon Baousson s’est répandue en excuses : « […] Je ne voulais ni être blessante, ni indélicate, et certainement pas tenir un propos raciste. Il semble que j'aie échoué à tout cela : je suis désolée. » C’est déjà ça. Imaginons, maintenant, une blague du même genre lancée, par exemple, par un sociétaire des « Grosses Têtes » sur RTL (on n’est jamais à l’abri d’un dérapage), au sujet, toujours par exemple, du ministre de la Mer, Hervé Berville, originaire du Rwanda, qui serait comparé à Kirikou. Imaginons… juste un instant. Des excuses lâchées à la va-vite sur X auraient-elles suffi ?

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:34.
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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

23 commentaires

  1. France-Inter et lourdingue est un pléonasme. On ne sait ce qui anime ces « humoristes »: niveau collégien, blagues pour bobo petit bourgeois parisien, jeunisme puisqu’ils sont restés à ce niveau collégien. La vulgarité de leur langage et leur mépris de tout ce qui n’est pas eux, sont la sauce pour lier le tout. Je n’écoute plus depuis longtemps; il n’y a pas de raison qu’ils changent jamais, car c’est leur classe sociale toute entière qu’ils représentent.

  2. Il y a des catalogues de vêtements ( ou sous vêtements ) pour personne en surpoids et des magasines dits  » de charme » qui photographient volontiers de charmantes créatures parfois souvent en tenue  » d’Eve ». Qui solliciterait qui, à votre avis dans cette sordide et idiote affaire d’ aspect physique ? A tendre le bâton…. Vraiment l’ appauvrissement culturel est un fait. R. Devos , tu nous manques.

  3. Mais n’oublions pas que les c… çà osent tout et que c’est à ça qu’on les reconnait. Je précise , à l’intention de la dame Bouasson , que l’on retrouve cette réplique dans plusieurs films du grand Audiard , ce grand du cinéma qu’elle ne doit pas connaitre . Trois péronnelles dans un studio, que c’est triste , elles qui sont bien les seules à rire de leurs « bons mots »

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