France-Israël, le match de tous les dangers

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La rencontre de tous les dangers. Le 14 novembre prochain, un match de football opposant la France à Israël doit avoir lieu au Stade de France, dans le cadre de la Ligue des nations. Un événement sportif banal sur le papier mais qui, dans le contexte actuel de guerre au Proche-Orient, revêt des enjeux inédits. Dès le 29 octobre, plusieurs associations pro-palestiniennes ont lancé une pétition, adressée à la FIFA, afin de réclamer l'exclusion de la fédération israélienne de foot et l'annulation du match. Lundi 4 novembre, quelques dizaines de ces mêmes militants ont investi le siège de la Fédération française de football en portant les mêmes revendications. Le député LFI Louis Boyard a, sans surprise, soutenu cette entreprise de boycott, estimant qu’il était inconcevable que la rencontre puisse se tenir « comme si de rien n'était ». « Le football a toujours été du côté des opprimés, a-t-il ainsi tweeté. Devant le génocide à Gaza, les Bleus ne doivent pas accueillir Israël au Stade de France. »

https://twitter.com/LouisBoyard/status/1851613228150751539

Plus à droite, l’annulation du match par principe n’est pas envisagée. Le député macroniste Mathieu Lefèvre, par exemple, s’il se dit compréhensif de la « révolte » des pro-palestiniens, estime qu’une sanction footballistique serait sans effet. « Ce n’est pas une façon de protéger les populations civiles que de stigmatiser un État », a-t-il déclaré, tentant de ménager la chèvre et le chou. Moins spécieux, Jordan Bardella a dénoncé l’irresponsabilité de la « mouvance islamo-gauchiste » qui, avec une telle revendication, « fait des équipes et des spectateurs des cibles ».

Car, au-delà des postures idéologiques et des condamnations au nom du respect des « droits humains », la question de l’annulation du match France-Israël se pose avant tout pour des raisons de sécurité. La rencontre pourra-t-elle réellement se tenir dans le climat de tension actuel, qui plus est à Saint-Denis, territoire acquis à l’extrême gauche et où le philosémitisme semble, hélas, très « résiduel » ? Invité, vendredi matin, sur RMC, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est voulu résolument volontariste. « J’ai fait un point avec le préfet de police Laurent Nuñez. Nous allons adapter le dispositif de sécurité parce qu’il y a des risques, a-t-il déclaré. Nous sommes en France et nous devons être capables de faire respecter l’ordre public. J’espère que ce sera un bon moment pour le sport et pour cette relation particulière qui unit Israël à la France. »

Les précédents européens

Ce « bon moment » n’a, hélas, pas pu avoir lieu à Bruxelles, en septembre dernier. La Belgique avait alors dû renoncer à organiser un match l'opposant à Israël car les autorités locales estimaient que la sécurité ne pouvait être assurée. La pression antisioniste l'avait emporté. On se souvient, aussi, de la dernière édition de l’Eurovision à Malmö, en Suède, où l’extrême gauche européenne avait réclamé la disqualification de la candidate israélienne, tandis que des hordes d’islamistes avaient afflué autour de l’hôtel où était hébergée la malheureuse, l’obligeant à s’entourer d’une équipe de sécurité rapprochée pour le moindre de ses déplacements.

Alimentées par des flux migratoires extra-européens, excitées par l’extrême gauche, les foules anti-israéliennes jouissent en France, aussi, d’un pouvoir de nuisance croissant. Aujourd’hui, elles organisent des boycotts dans les supermarchés, perturbent des rencontres sportives, découragent un président de la République à marcher contre l’antisémitisme. Et demain ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/11/2024 à 2:43.
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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Mais d’un autre côté les gauchistes ont en partie raison car à partir du moment où on interdit la Russie de participer aux compétitions sportives, il n’y a pas de raisons qu’on n’interdise pas aussi à d’autres pays. Je suis donc favorable à la réintégration immédiate de la fédération de Russie dans les compétions sportives avec les excuses qui vont avec aux sportifs.

  2. Ce match de « tous les dangers » est toujours maintenu, qui décide ? Apparemment pas le gouvernement pourtant chargé du maintien de l’ordre regalien. Par contre, celui-ci a fait interdire la présence des industriels de la défense israéliens au salon Euronaval. Pourquoi ? Etaients-ils dangereux ??? Où est la cohérence ? Il est vrai qu’avec Macron, il faut s’attendre à tout.

  3. Tiens, je n’ai pas encore vu au J.O d’arrêté interdisant la venue au stade de supporters anglais !

  4. cher Monsieur, expliquez moi pourquoi, du fait qu’elle est en guerre, la Russie est privée de toute compétition sportive, alors qu’Israël, qui bombarde quotidiennement Beyrouth , capitale d’un pays indépendant (qui d’ailleurs n’a pas de défense anti-aérienne) continue à envoyer ses sportifs dans toutes les compétitions.

    • La Russie a envahi l’Ukraine pour lui prendre des territoires. L’évincer du sport international était une sanction pour ce fait. Israël répond à l’attaque du 7 octobre 2023. Russie attaquante, Israël défense contre Hamas, Hezbollah, Iran…

  5. Demain comme avant la seconde guerre mondiale : la judeophobie deviendra une institution. Cela dit, ce n’est pas gentil pour l’équipe d’Israël de les faire jouer en Seine Saint Denis. Quel supporter Juif osera se déplacer en ce terrain miné ?

    • « Demain comme avant la seconde guerre mondiale : la judeophobie deviendra une institution.  »
      Il est certain que vu comment ils se débrouillent cela risque d’arriver.

      Car il est difficile pour un grand nombre de ne pas assimiler le peuple avec les dirigeants et c’est dommage.
      En effet , , mais ce n’est pas écrit ou rarement dans la presse française, le peuple is raélien manifeste très fréquemment contre ce que fait subir leur pays aux pays voisins.

      • Vous accusez de nouveau Israël d’agression sur leurs voisins. C’est fantastique d’omettre la réalité et de ne pas voir qu’ils ne font que se défendre. Regardez une carte et vous constaterez que la position géographique d’Israël n’a rien de confortable. Devant la haine de leurs voisins ils n’ont pas d’autre choix, sinon ils disparaissent.
        Ensuite, comme c’est un pays malgré tout démocratique, les opposants politiques ont le droit de manifester. Mais comme c’est un pays démocratique, il y a aussi des élections, Netanyahu n’a pas pris le pouvoir depuis 15 ans par la force. Peut-être perdra t’il son poste aux prochaines élections mais pour l’instant la majorité des israéliens le soutiennent. Peut-être est-ce compliqué à comprendre en France dans un pays habitué à ne plus écouter son peuple ?

  6. Et demain? Question lancinante. Si Brussels, la capitale de l’Europe, soi disant, n’ose pas organiser une compette entre l’équipe de France et Israël, comme on dit vulgairement, « ça craint »…

  7. Le sport et la politique sont 2 domaines séparés : si la politique empiète, ce sera la mort du sport. C’est pareil pour l’Art et la Culture où déjà le wokisme fait des ravages

  8. La gauche comme beaucoup d’autres oublie de se rappeler que l’élément declencheur a ete le veritable pogrom organisé le 7 octobre par le Hamas, qui n’a visé que des civils, femmes, enfants, personnes agées et qu’on n’en serait pas là s’il s’était abstenu. Pour ce qui concerne ce match, je crains que « les supporters anglais » viennent encore semer le trouble au stade de France. Les « antifascistes » prônent une nuit de cristal comme les nazis les 9 et 10 octobre 1938…

    • Les nazis étaient de gauche. La gauche a commencé à agir comme eux et comme les bolcheviques. La seule dictature de droite en Europe a été l’Espagne franquiste. Pour ceux qui ont vécu à St Denis, allez donc au marché samedi matin et vous verrez ce qu’est un bastion de la gauche. C’est loin du Champigny-sur-Marne des années 70. Cela dit chapeau à la préfecture de police de tenter de sécuriser cette rencontre.

  9. Et demain?
    Demain, je ne sais pas. Mais avant-hier, le président Macron avait décrété le boycott de la délégation israëlienne au salon Eurosatory. Hier, le président Macron a décrété le boycott de la délégation israëlienne au salon naval. Pour demain, je ne sais toujours pas mais pour après-demain, on est en droit de se demander si Yacine Bellatar ne pourrait pas remplacer Michel Barnier au poste de Premier ministre.Ce serait tout ce qu’on veut, sauf incohérent compte tenu de la situation du pays et des décisions et discours du président.

  10. Très surpris par les images du hall de la fff envahi par des parasites agressifs…ce sont des locaux prives..a faire evacuer Manu Militari..les matches qui se sont déroulés en Hongrie n’ont posé aucun problème..et pour cause! Dans ce pays il n’y a pas d’associations pro hamas…et grâce à son president ,il n’est pas envahi par une « extrême gauche islamiste »

  11. J’espère que la FIFA ne se couchera pas devant 40 écervelés plus pationnés par le désordre que par le fameux vivre ensemble.
    Vu les slogans déployés et chantés il devraient être poursuivis pour antisémitisme, il est tant d’appliquer une tolérance zéro pour ces semeurs de trouble…

  12. Lors des matchs « amicaux » France-Algérie, France-Maroc et France-Tunisie, des milliers de « supporters » avaient sifflé la Marseillaise et conspué l’EDF pendant tout le match, tout en soutenant chaleureusement l’équipe visiteuse. Là, ils risquent d’être bien embêtés…

  13. Et demain ?!? Elles investiront les plus hauts sommets de l’État, c’est déjà d’influence alors, ne nous attendons pas à ce que cela s’arrange.

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