France-Maroc, un passé commun long de plus d’un siècle
4 minutes de lecture
Après la demi-finale France-Maroc, penchons-nous sur l’histoire qui lie nos deux pays à travers les épisodes de sa colonisation jusqu’à son indépendance. C’est par le dernier acte de la monarchie du roi Charles X (1757-1836), entraînant la conquête de l’Algérie, en juillet 1830, que le destin de la France va rencontrer celui du Maroc, une rencontre qui commença par un conflit.
En effet, le sultan du Maroc, Abderrahmane (1778-1859), se laissa entraîner, en 1844, dans une lutte contre la France conduite par l’émir Abdelkader El-Djezairi (1808-1883), désireux de contrer la présence européenne sur le sol subsaharien. Ce conflit, connu comme la guerre franco-marocaine, s’acheva par le bombardement de la ville de Tanger ainsi que la victoire, à la bataille d’Isly, des troupes françaises menées par le général Bugeaud (1784-1869), alors gouverneur de l’Algérie.
Défait, le sultan du Maroc demanda la paix qui fut signée lors du traité de Tanger, le 10 septembre 1844, par lequel les vaincus reconnaissaient la présence française en Algérie et cessaient tout soutien officiel à Abdelkader. Mais ce traité permit aux autres puissances européennes, dans leur politique de colonisation de l’Afrique, de pouvoir s’installer sur le territoire marocain. En effet, ils pouvaient désormais y établir de nombreux comptoirs commerciaux et grignoter peu à peu les terres des sultans qui succédèrent à Abderrahmane. Le phénomène fut même accepté et légalisé par le sultan Hassan Ier (1836-1894) lors de la conférence de Madrid en 1880 permettant aux pays européens de posséder des terres marocaines, concédées avec l’accord du souverain marocain, et mettant fin à l’indépendance de ce royaume placé, de façon informelle, sous le contrôle de l’Europe.
Grâce à cet accord, le pays maghrébin s’ouvrit plus facilement au reste du monde. Ainsi le français Charles de Foucauld (1858-1916) réussit, avec l’aide du rabbin Mardochée Aby Serour (1826-1886), à cartographier, pour la première fois, certaines régions d’un pays mal connu et autrefois inaccessible aux étrangers et encore plus aux chrétiens. Ce travail valut au futur saint la médaille d'or de la Société de géographie de Paris, le 9 janvier 1885, ainsi que les Palmes académiques à la Sorbonne.
Mais la présence, de plus en plus importante, des Européens, notamment français et espagnols, sur le sol marocain fit monter un courant d’hostilité et entraîna l’assassinat de plusieurs personnes suspectées d’être des espions. Le meurtre du docteur Émile Mauchamp (1870-1907) poussa la France à faire occuper, en représailles, la ville d’Oujda par le général Lyautey (1854-1934).
La situation fut telle que le sultan Abdelaziz (1881-1943), jugé trop indulgent envers les Européens, est renversé par son frère Abdalhafid (1876-1937). Pourtant, ce dernier dut demander, à contrecœur, l’aide de son adversaire français, en 1911, en raison du soulèvement des différentes tribus qui composent le Maroc et qui assiègent le souverain, à Fès. Libéré par l’armée française, Abdalhafid accepta de signer, le 30 mars 1912, le traité de Fès, faisant du Maroc, non pas une colonie, mais un protectorat. C’est-à-dire un régime dans lequel un État protecteur contrôle un État protégé qui garde son autonomie politique intérieure.
Le pays fut alors placé sous l’administration du général Lyautey, nommé commissaire-résident général de la France au Maroc et qui s’efforça de moderniser le protectorat en le dotant d’infrastructures dignes de rivaliser avec certaines nations européennes ainsi que de nouvelles zones agricoles et voies de communication comme ce qu’avait pu faire la France en Algérie. Cette situation d’apparence paisible malgré quelques soulèvements dura jusqu’au début des années 1950. En effet, la Seconde Guerre mondiale ayant affaibli l’Europe, l’émergence du concept du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes permit la naissance, au sein du Maroc, d’un esprit d’indépendance et de liberté auquel le sultan Mohammed V (1909-1961) apporta son soutien, au risque d’être déchu, en 1953, de son trône par les autorités françaises. Ces dernières finirent par le rappeler au pouvoir en 1955 afin de procéder à la déclaration de l’indépendance du Maroc, le 2 mars 1956, et clôturant ainsi un chapitre de l’histoire franco-marocaine.
C’est par l’union de ce passé commun, jugé bon ou mauvais, que la France et le Maroc entretiennent aujourd’hui des relations apaisées.
Illustration : le général Lyautey remettant la Légion d'honneur au caïd El Glaoui et à son frère (Marrakech, octobre 1912).
Thématiques :
Maroc
14 commentaires
Ce que l’on remarque dans cette histoire franco Marocaine, c’est que ce qui paraissait une main mise insupportable des français sur l’Algérie, était plutôt bien accepté par les marocains . Les infrastructures créées , qu’elles soient matérielles ou administratives ont permis aux sultans puis aux rois d’assoir leurs pouvoir et d’assurer une certaine paix civile . Pour moi la question est donc essentiellement politique . Ce que l’on remarque en Algérie, c’est que ceux qui ont pris les commandes se revendiquaient d’un socialisme proche de l’URSS , hors celui ci a reproduit les mêmes erreurs ! Mais pendant que le modèle s’effondrait, la nomenclature FLN s’accrochait pour entretenir l’illusion que cela pouvait marcher , mais au prix d’une guerre civile qui s’acheva sur un compromis avec les islamistes ! C’est ce qui explique aussi que nos gauchiste fassent de cette question algérienne leur cheval de bataille puisque ce semblant d’entente contre nature a permis à l’ineffable FLN d’éteindre les braises dans un pays aussi fracturé . Ce qui explique peut être, et en partie, l’islamo gauchisme de nos partis de gauche ! Quand je pense à l’Algérie , je pense aussi à son opposition qui est complètement bâillonnée par la double allégeance, islamo socialiste
Dans votre article, vous oubliez la guerre du Rif (au cours des années 1920), laquelle a pourtant été déterminante du fait qu’elle a sauvé le trône du sultan des intentions d’Abd-el-Krim, qui voulait faire du Maroc une république islamique…
Dans votre article vous oubliez la guerre du Rif, au cours des années 1920, et qui a pourta
SAS Hassan II, Roi du Maroc, n’avait-il pas lui-même expliqué très honnêtement que JAMAIS un marocain ne s’assimilerait à une autre nationalité ?… fusse t-elle française ?…
Ce n’est donc pas son fils régnant actuellement qui va aller à l’encontre de ce précepte. En outre, et si toute la racaille de son pays, si elle peut migrer vers d’autres cieux, ce n’est que du bonus pour ce pays qui se débarrasse ainsi de ce qui lui est inutile. Sans oublier les dividendes européens en retour qui engraissent la Banque royale du Maroc…
Un Marocain éduqué ayant une situation dans sont pays ne vient en France que pour les vacances ou pour faire des affaires nous récupérons les chômeurs les délinquants et tous la fange que les Marocains ne veulent pas nous sommes en sorte la poubelle sociale généreuse avec des personnes qui n’ont rien a nous apporter a part délinquance et violence
« poubelle » le terme est bien choisi , et il ne concerne pas que la Maroc , mais tout le continent africain , et le Moyen-Orient.
La France reçoit toutes ces « richesses » attirées par nos aides les plus généreuses d’Europe , et elle accueille aussi les migrants refusés dans les autres pays de l’UE.
Ne pas oublier la guerre du Rif , une succession de conflits armés opposant les armées des puissances coloniales espagnole (de 1921 à 1927), alliées aux troupes françaises (de 1925 à 1927), aux tribus berbères du Rif, coalisées autour de leur chef, Abdelkrim el-Khattabi. Les Marocains du Rif , hostiles au roi du Maroc et pratiquant un islam rigoriste ont migré vers les bassins miniers du nord de la France et en Belgique , apportant avec eux la drogue et l’islam rigoriste.
Merci pour cet éclaircissement qui explique certains comportements hostiles, et aussi l’apport en France du Kif du Rif , l’or vert du Maroc …
Ne pas oublier la guerre du Rif , une succession de conflits armés opposant les armées des puissances coloniales espagnole (de 1921 à 1927), alliées aux troupes françaises (de 1925 à 1927), aux tribus berbères du Rif, coalisées autour de leur chef, Abdelkrim el-Khattabi. Les Marocains du Riz , hostiles au roi du Maroc et pratiquant un islam rigoriste ont migré vers les bassins miniers du nord de la France et en Belgique , apportant avec eux la drogue et l’islam rigoriste.
… « des relations apaisées » ?
Vraiment ?
Pour les français qui vivent au Maroc peut-être ?
Sûrement pas pour les dernières générations de marocains qui vivent en France.
Mohammed VI reste pourtant d’un silence particulièrement assourdissant sur les exactions de « ses » ressortissants en France.
Il faudrait que la France soit « équipée » d’un « vrai » président, afin que celui-ci exigea du Roi du Maroc qu’il prenne en main l’éducation de ses enfants.
Avez-vous remarqué que le couple infernal Macron et Le Drian nous ont mis à dos presque tous les pays de l’Afrique francophone par leur méconnaissance, leur bêtise et leur arrogance : Maroc, Mali,Centrafrique, etc… Et ce n’est pas cette palichote de madame Colonna qui pourra y changer quelque chose. Nous avons perdu l’Afrique mais les Africains continuent, eux, d’affluer !
Dommage que les marocains si hospitaliers chez eux deviennent si différent en France
C’est, hélas, parce que nous ne récupérons, à 80%, que la crème de la crème en France !
+++