France TV : La facture très salée des JO

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Delphine Ernotte boit du petit lait. Critiquée de toute part en raison de son militantisme idéologique ou de ses notes de frais exorbitantes, la patronne de France TV croit enfin tenir sa victoire. La rentrée médiatique a été l’occasion de dresser le bilan des derniers mois écoulés et l’humeur est au beau fixe. « Ces Jeux à Paris resteront des souvenirs pour la vie pour toute une génération, se félicitait Delphine Ernotte, dès la fin des JO. Quelle fierté pour nous à France Télévisions d’avoir été à la hauteur de cet événement pour nos publics conquis et d’avoir donné à voir un service public soudé, joyeux et qui s’est dépassé. Un immense bravo à nos équipes qui se sont passées (sic) le relais jour et nuit pendant 15 jours. »

 

Il faut reconnaître que ces Jeux ont tenu leurs promesses. Les performances sportives comme les champions français ont été au rendez-vous et les audiences ont naturellement suivi. Après une cérémonie d’ouverture vue par 24,4 millions de téléspectateurs - avec même une pointe à 29 millions lors de la prestation de Céline Dion sur la Tour Eiffel -, France TV a enchaîné les records : 15 millions de supporters pour applaudir la quatrième médaille d'or du nageur Léon Marchand, 13,2 millions pour la victoire de l'équipe de France de judo, 11,8 millions pour la médaille d'or de l'équipe de France de rugby à 7, 10,7 millions pour la finale de football masculin entre la France et l'Espagne, etc. Grâce aux JO, France 2 est passée devant TF1 pour la première fois depuis la privatisation en 1987.

Des recettes…

La popularité de Paris 2024 s'est logiquement traduite en monnaie sonnante et trébuchante. Les annonceurs ont joué des coudes et mis la main à la poche afin de profiter de cette exposition hors du commun. Selon un premier bilan de la régie publicitaire, le chiffre d'affaires net dépasse les 100 millions d'euros pour les Jeux olympiques et paralympiques. Une jolie manne financière dont se réjouit Delphine Ernotte. « Notre préoccupation est d'équilibrer tous les ans les comptes de France Télévisions, d'équilibrer le surcoût que représente le fait d'accueillir les Jeux en production et en droits, expliquait-elle, mardi 10 septembre au micro de France Inter. Il se trouve que la publicité a permis d'équilibrer. Donc on a dépensé l'argent public au plus juste. »

Et surtout des dépenses !

Mais les comptes sont-ils réellement à l’équilibre ? Pas vraiment. Selon des experts en droits sportifs cités par Le Point, les droits de diffusion de Paris 2024 auraient coûté à France Télévisions la bagatelle de 130 millions d’euros. À cette facture déjà salée, il faudrait encore rajouter entre 20 et 40 millions d'euros de coûts de production, soit un total de 150 à 170 millions d'euros au bas mot. L'ardoise pourrait donc dépasser les 50 millions de pertes…

Cerise sur le gâteau, la parade des athlètes français organisée sur les Champs-Élysées samedi 14 septembre devrait coûter 5 millions d'euros. Une somme que, d’après Le Canard Enchaîné, Emmanuel Macron compte faire payer à France Télévisions ! De quoi faire hurler encore un peu plus le contribuable…

Du côté de l’audiovisuel public, on veut coûte que coûte garder le sourire. « Personne ne regrette, à France Télévisions, cet investissement, jure Laurent-Éric Le Lay, directeur des Sports. C'est le moment majeur de notre année 2024 et nous avons été à la hauteur de l'événement. » Et aux esprits chagrins qui s’inquiéteraient de ces 50 millions de pertes, France Télévisions rétorque que les chaînes de service public n'ont pas vocation à être rentables.
Circulez, y' a plus rien à voir.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

Un commentaire

  1. Que le service public (tous azimut) n’ait pas vocation à dégager de la marge, ça peut s’entendre. Toutefois que le service public n’arrive pas à l’équilibre, alors que la France est noyée par sa dette, me semble « regrettable » Et que je le « jeune homme aux yeux bleus » charge la mule me semble irresponsable. Durant mes dernières études (ça remonte un peu, 15 ans) on m’a expliqué que la comptabilité analytique permettait de mettre en miroir les recettes et les dépenses d’une activité. Je crains que Bercy ne connaisse pas la compta analytique ou alors qu’ils ne la connaissent que trop bien et ne passe leur temps à la maquiller!

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