François Bayrou : ses séquences télé les plus mémorables

Qui est vraiment François Bayrou ? Les archives télé nous donnent quelques pistes...
Capture d'écran RTL
Capture d'écran RTL

C’est un visage qui nous est devenu familier. Nommé Premier ministre, vendredi 13 décembre, François Bayrou est un professionnel de la politique depuis bientôt quarante ans. Mais qui est-il, exactement ? Est-il un macroniste pur jus ? Va-t-il respecter le RN et ses électeurs ? Est-il réellement aussi mou qu’on le dit ? Certaines de ses prises de parole dans les médias permettent de mieux cerner le personnage…

Un macronisme à géométrie variable

En visionnant quelques anciennes interviews, on observe tout d’abord que sa romance avec Emmanuel Macron a connu des hauts et des bas. Avant de sceller avec le futur Président une alliance déterminante dans la course vers l'Élysée, François Bayrou s’était montré très critique envers celui qu’il qualifiait de candidat des « forces de l’argent ». « Il y a derrière cet hologramme de très grands intérêts, financiers et autres, qui ne se contentent plus d’avoir le pouvoir économique. Ils veulent avoir le pouvoir politique, alertait le centriste, en septembre 2016, sur BFM TV. Posez-vous une question : pourquoi ces heures et ces heures de télévision en direct, pourquoi ces couvertures de magazines ? » À ces attaques, Emmanuel Macron avait répondu en pointant « un discours simpliste qui n’honore pas celui qui l’émet ».

Qu’en est-il de son attitude envers le RN ? On dit François Bayrou dénué de tout sectarisme au prétexte qu’il aurait accordé son parrainage à Marine Le Pen en 2022. Mais là aussi, les archives nous rappellent que l’homme est difficile à lire. Il se trouve qu’il a déjà fait sienne, par le passé, la rhétorique du barrage républicain. « Je n’ai jamais dîné avec Marine Le Pen, s'enorgueillissait-il, en juillet 2024, sur BFM TV. Il y a entre nous et l’extrême droite un fossé infranchissable. Parce que ce qu’il y a de plus profond, dans l’extrême droite, ce n’est pas dans les mesures annoncées – déjà choquantes –, c’est les arrière-pensées. »

En juin dernier, encore, à la veille du premier tour des législatives, François Bayrou profitait d’un passage dans C à vous pour alerter sur la vague raciste qui déferlerait sur la France en cas d’une victoire du RN. « Un de mes amis a rencontré une jeune femme qui pleurait : "J’ai adopté un petit garçon haïtien et je me dis, depuis quelques semaines, comment va être sa vie si on recommence à regarder la couleur de la peau ?" »

Quid de sa vision de l’immigration ? Inutile de se le cacher : François Bayrou n’est pas sur la ligne d’un Jordan Bardella ou d’un Éric Zemmour. En 2015, il affirmait que la France devait prendre sa part dans l’accueil des migrants, au nom du « chaos » que « nous » aurions mis dans leurs pays d’origine. Ben voyons !

Interrogé, fin 2023, dans Le Grand Jury, il s’était également exprimé sur la très controversée aide médicale de l’État et avait jugé sa remise en question « inacceptable ». « Lorsque vous avez un jeune homme tuberculeux, qui a passé les frontières… Vous ne le soignez pas ? Vous le laissez dans la nature répandre une maladie très grave ? », déclarait-il, ignorant - ou faisant mine d’ignorer - que toute personne, y compris un clandestin ne bénéficiant pas de l’AME, est prise en charge à l’hôpital en cas de maladie grave ou contagieuse.

https://twitter.com/bayrou/status/1736352127092465720

Décidément peu inspiré sur les questions de santé, le maire de Pau s’est également illustré durant la crise du Covid en appelant à une vaccination de tout citoyen français, consentant ou non. « Il n’y a pas d’autre issue dans cette situation épidémique que la vaccination obligatoire », tranchait-il alors, sur BFM TV. Sa supplique ne fut pas entendue.

Son coup d’éclat

Enfin, impossible de passer en revue la carrière télévisuelle de M. Bayrou sans évoquer ce qui demeure sa prestation filmée la plus mémorable : celle de la gifle. Nous étions alors en avril 2002, dans la cité sensible de la Meinau, à Strasbourg. Candidat à l’élection présidentielle, il avait réagi avec spontanéité et mis une claque à un jeune voyou qui lui faisait les poches. Un geste d’autorité qui en avait choqué certains, auxquels François Bayrou avait répondu en invoquant une réaction « de père de famille ».

Qu’est-il advenu du garçonnet, depuis ? Son CV parle pour lui : en 2012, à 21 ans, il a été condamné à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour outrages et violences envers des policiers. Il avait, alors, déjà six condamnations à son casier… Autant dire que notre nouveau Premier ministre ne pourra pas se contenter d’une gifle s’il veut remettre cette jeunesse dans le droit chemin.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

40 commentaires

  1. « Lorsque vous avez un jeune homme tuberculeux, qui a passé les frontières… Vous ne le soignez pas ? Vous le laissez dans la nature répandre une maladie très grave ? »
    Ca c’est un prétexte qui me fait toujours rigoler !
    Demandez aux pays européens qui ne pratiquent pas l’AME si des contagions galopantes circulent sur leur territoire …

  2. C’est grandiose ! Merci pour ces rappels. Un parfait exemple du sempiternel « girouetisme » politique. C’est important la politique. La France et les français ? Bah, beaucoup moins ! Et le problème de fond, c’est que forcément, ça ne peut intéresser qu’une certaine catégorie d’individus, celle qui a les dents qui rayent le parquet. Pauvres de nous !

  3. Il a critiqué Zemmour en lui reprochant de citer la reconquestida espagnole qui auraient dus selon lui ne pas avoir lieu , les espagnols auraient dus selon plier encore plus ceder et s allier avec l islam

  4. Dans ce tableau il manque pour cet homme fidèle à ses convictions, lui qui n’a jamais retourné sa veste ni trahi!!!…ce qu’il a pu dire il y a des années , qu’il était touché par la grace et que dieu guidait ses actions politiques et que ça l’amènerait à un poste de Président de l’état .

  5. Le jeune délinquant avait eu le culot de répliquer, levant la main vers sa victime, réaction en ligne avec la culture de ces minorités déjà majoritaires dans beaucoup d’endroits de notre belle France.

  6. « …en 2012, à 21 ans, il a été condamné… » : Il avait 21 ans en 2012 ??? Une relecture avant mise en ligne ne serait pas superflue, je crois.

  7. Son seul mérite est d’avoir teu tête au petit coq Macron……
    S’il garde Bruno Retailleau, il peut tenir un « tout petit peu plus  » que Michel Barnier !
    Vive cet été et la nouvelle dissolution !!

  8. La France est en bas de l’échelle et après Bayrou ……Melanchon la je doute que la haute finance acceptent une seule issue Macron part définitivement lâché par ceux qui l’ont mis en place il ira rejoindre Bachar el Assad mais Poutine le renverra chez Zelinsky après tout les amis ça sert à ça non

  9. Ce Monsieur veut un gouvernement de ce qu’il considère comme des « pointures politiques » c’est à dire des gens comme lui europeistes sans autres convictions que leur gamelle,et les noms avances par la presse vont tout à fait dans ce sens…

  10. F.Bayrou est un moindre mal. On n’a pas grand choix et il ne faut pas user ceux qui sont capables de briller dans un avenir proche. Bayrou se prend pour Henri IV…
    «  in cauda venenum « …

  11. Quand j’ai vu F. Bayrou hier soir à la cellule de crise à Beauvau il semblait complètement déconnecté, il a planté tous les ministres démissionnaires ça en dit long pour la suite je ne lui donne pas 2 mois.

  12. Quand ont vient d’écouter Mr Bayrou qui parle du RN et de l’aide d’état AME il ne va pas tenir 1 mois face à nous le RN car il va tous faire pour nous nuire,adieu Bayrou au suivant.

  13. Où est l’intérêt du pays chez monsieur Bayrou? Quand on connaît son parcours politique on n’y voit que l’ambition pour le poste suprême avec du chantage à la clé.

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