François Bayrou : un vieux singe en hiver au chaud ! Et après ?

On savait qu’avec la décision du Parti socialiste de ne pas censurer le gouvernement, arithmétiquement, l’affaire était pliée : la censure défendue par LFI, les écolos et les communistes, après que François Bayrou a décidé de faire passer le budget de l’État par le biais du 49.3, était vouée à l’échec. Le Palois, en achetant la non-censure des socialistes, a joué finement. Il pourra passer l’hiver au chaud.
Durer...
Tout le monde s’accorde à dire que ce budget est mauvais, voire très mauvais, mais sans pour autant être d’accord sur les raisons pour lesquelles il est mauvais. Plus de prélèvements sur les ménages, les entreprises, disent les uns, moins de services publics, disent les autres. Même François Bayrou reconnaît à la tribune que ce budget est « imparfait ». Euphémisme. « Une étape d’urgence parce que le pays ne peut pas vivre sans budget », ajoute le Premier ministre. Un Premier ministre, on l’aura compris, qui a pour objectif de durer. Aurélien Pradié, ancien LR et désormais non-inscrit, l’a pointé du doigt, non sans talent : « Vouloir bâtir plutôt que durer » devrait être la ligne de conduite d’un gouvernement. Certes, mais pour bâtir, il faut avoir une majorité ; et Bayrou n’en a pas. Donc, faire avec, louvoyer, godiller. Le centre, c’est fait pour ça.
Les socialistes : des socio-traîtres !
Quels enseignements tirer de cette non-censure ? D'abord, que le NFP a pris un sacré coup dans la coque. Pour faire court, les socialistes sont des socio-traîtres, pour LFI. À quelques mois du début de la campagne pour les élections municipales, cela laissera sans doute quelques traces de freinage dans le grand mouvement populaire que nous promettait le rafistolage électoral concocté entre européennes et législatives. Mais rassurez-vous (ou pas !), à la fin, la gauche, comme depuis toujours, finit par se rabibocher. Le tout est de s’entendre (dit ou non dit) pour savoir qui sera le mâle dominant.
RN, UDR : des « invertébrés » ?
Et maintenant, à droite ? C’est-à-dire au RN et à l’UDR. Après avoir fait durer le plaisir (ou pas !), il a été décidé de ne pas censurer Bayrou, malgré son mauvais budget. Incohérence après la censure de Barnier en décembre ? C’est ce qu’affirme le macroniste Jean-René Cazeneuve en qualifiant d’« invertébrés » les députés du camp national. Il oublie pudiquement d’appliquer cette quasi-insulte aux socialistes, qui en font de même aujourd’hui et sauvent la peau de Bayrou. RN et UDR balaient du revers de la main ce reproche d’inconsistance politique. Ils auraient voté la censure, le même Cazeneuve leur aurait reproché de mener le pays à la ruine (les cartes Vitale, les impôts, les sauterelles et tout ça). De toute façon, avec la Macronie, pile vous perdez, face, elle gagne. L’avantage d’être dans le camp supposé de la raison.
Les remontées du terrain
Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut voir les choses. Certes, tactiquement, à court terme, RN et UDR, liés comme les doigts de la main, paraissent hors du jeu, contrairement à la période Barnier. Mais il faut voir les choses au plan stratégique, à plus long terme. La semaine dernière, l’auteur de ces lignes, recueillait les impressions, le sentiment (c’est à la mode !) d’une députée RN de terrain. Elle confiait être partagée personnellement par cette question shakespearienne : censurer ou ne pas censurer. De même qu’elle constatait, sur le terrain, cette même interrogation : entre maires de petites communes craignant (à tort) l’absence de budget et électeurs à bout de patience après sept ans de Macronie. Probablement que cet électorat sera plus ou moins déçu que Bayrou ne soit pas censuré (mais, de toute façon, l’affaire était réglée avec le choix du PS), mais il ne partira pas pour autant sur la rive islamo-gauchiste de LFI.
En revanche, Marine Le Pen, si elle veut l’emporter en 2027, doit construire, voire consolider sa crédibilité auprès des classes moyennes supérieures, des retraités qui veulent de la stabilité et, donc, que le gouvernement, aussi mauvais soit-il, ne tombe pas tous les quatre matins. Bayrou, en vieux singe de la politique, a gagné un hiver au chaud. Une victoire tactique. Mais la victoire stratégique est peut-être ailleurs…
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65 commentaires
Je ne suis pas sûre d’avoir empêché quelqu’un de dormir, mais je dois rectifier un oubli regrettable :
…. les avantages des ANCIENS premiers ministres & Présidents ….
J’enrage d’entendre la clique Macron reprocher au RN ( Barnier) de ruiner la France car il, il ne faut plus attendre. Macron a mis 50 jours pou les nominations de Ministres.
Bayrou est un européiste comme macron, Barnier et les faux culs Lr.
L immobilisme en marche!
Lamentable solution que de prolonger une situation sans possibilité, sinon celle d’accentuer notre plongeon économique, et de maintenir Macron à l’Elysée. Bravo, pioncez tranquilles, les vacances approchent !
Les socialistes ? Parti de toutes les compromissions pourvu qu’ils continuent à occuper leurs postes en politique, Faure Hollande etc.. quelle belle clique !!
Dans des situations économique et politique très mauvaises, et c’est un euphémisme, on ne peut pas espérer un budget qui ne soit pas autre chose qu’un collage de rustines. Macron aurait-il fait mieux ? Réponse : non il aurait fait bien pire.
C’était bien la peine, assurément, de changer de gouvernement.
Mais combien de temps faudra t’il pour comprendre que dans ce pays la droite ne sert à rien ! Et ceux qui pensent que le RN est la solution se mettent le doigt dans l’oeil. Le RN est une clef qui n’ouvre aucune porte ! Pour illustrer le propos, pourquoi censurer Barnier et préserver Bayrou alors que son budget est plus dommageable pour la France avec 27 milliards de prélèvements et 3 milliards d’économies ! Pourquoi accepter le mauvais sort fait aux auto-entrepreneurs, une des rares choses qui marchaient, pour gagner des clopinettes et encore rien n’est moins sûr, car nombre vont rendre leur tablier et s’inscrire à France travail.
Je ne suis pas d’accord avec vous Placidus. Si le RN/UDR n’est pas la clé à tous nos problèmes, il offre une solution. En tout cas, tout sauf le NFP avec sa dominance LFI. Mais j’attends tout de même que le RN modifie sérieusement son programme économique : du socialisme faisons table rase. Il en va de la survie de la France.
Ils ne modiefiront rien car leurs électeurs sont à 70% de gauche !! J’ai assisté à une soirée débat Ciotti/Lavalette dans le Var, Ciotti lui cirait les pompes et c’était d’un niveau à pleurer !!! Seule leur prémonition sur l’insécurité due à l’immigration est valable malheureusement. Toulon avait coulé après le passage du maire Lechevalier!!! les gens ont la mémoire courte !!
Modifier un programme quand il n’y a plus un fifrelin…
La non-censure revient à reculer pour plus mal sauter bientôt. Le maintien du « gouvernement » Bayrou n’est qu’une bouffée d’oxygène pour l’occupant de l’Elysée. Tous ces gens-là sont en sursis. Cela fait 7 ans qu’ils saccagent le Pays. Un an de plus serait un an de trop. Rendez-vous à l’occasion d’un prochain 49-3.