François Hollande, ou l’attente insoutenable du programme d’Anne Hidalgo
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François Hollande n'est pas une girouette. Il votera pour la candidate officielle du Parti socialiste dont il est un des vestiges touristiques de la ville de Tulle. « Je suis socialiste, je suis constant dans mes engagements, je n'ai jamais changé, je n'ai jamais varié », a-t-il déclaré, sur France 5, le 20 octobre dernier. Le sort a voulu qu'Anne Hidalgo se porte volontaire pour se jeter dans l'abîme. Il l'accompagnera dans ce saut dans le vide. Sans parachute ventral, sans élastique… Un homme de conviction méprise la pesanteur.
Pour tenter de ralentir la chute, l'irréductible socialiste appelle sa kamikaze à « proposer et convaincre ». Un signe, un mot, une idée… Un semblant de programme ferait sa joie. Une image, un coloriage… Il est preneur.
À l'occasion de la sortie de son livre Affronter, François Hollande manifeste son entêtement à soutenir l'insoutenable. « Il y a une candidature socialiste, Anne Hidalgo, je suis socialiste… C'est un syllogisme assez facile, je voterai donc Anne Hidalgo. » Tant de fidélité l'honore. Extrémiste de l'abnégation, le moine Hollande est entré en prière pour le salut de sa protégée. Sur le plateau de « C à vous », une fois encore, il psalmodie son incantation : « Elle doit maintenant faire la présentation de son projet. » L'ex-Président consulte sa montre à intervalles réguliers. « Ça devrait pas tarder à arriver… C'est une question de minutes… »
La candidate est créditée de 5 % d'intentions de vote, mais un sondage au sortir des urinoirs en bois parisiens la donnent à 6 % ! Le public bobo est chaud comme la braise. François Hollande reprend espoir. Même sans l'ombre d'un programme, elle peut racler les fonds de tiroir des nostalgiques, rameuter du Bisounours à trottinette et, au bout du compte, coiffer Macron pour le débat de l'entre-deux-tours. Une place de choix dans la salle de maquillage serait une consécration.
« Les électeurs iront vers la canditure (sic) qui leur paraîtra la plus sérieuse et la plus capable d'assurer l'avenir. » Face aux chroniqueurs macronistes de l'émission, le potentat tullois démontre son aisance dans la pratique de la méthode Coué. « Elle a eu le courage de se présenter, c'est pas si facile… » Après cet acte de bravoure, la candidate pourrait retourner dans sa mairie de Paris pour hiberner jusqu'au premier tour. Puis ressortir avec un programme-puzzle inspiré des diverses mouvances mondialistes. Le temps du collage des divers morceaux sera long. Tout l'hiver.
Dans l'improbable éventualité où elle ne ressortirait pas au printemps, en le suppliant nuit et jour, en l'implorant à genoux, François Hollande pourrait, dans un élan de grande bonté, remplacer au pied levé l'ingrate Hidalgo… S'élancer dans le vide en solitaire… Connaître l'ivresse de la chute libre. Méritons-nous ce héros de la gauche ?