François Sureau, macroniste de la première heure, livre un bilan sans concession de la présidence Macron

françois sureau

Je ne connais guère François Sureau, guère ses livres. Je n'ai fait que vagabonder dans L'Or du temps, cet hiver, mais le Remonter la Marne, de Jean-Paul Kauffmann, il y a quelques années, m'avait semblé, avec une autre modestie, avoir assez frayé ce chemin. Depuis que je sais l'homme à la fois conseiller de Fillon et ami d'Emmanuel Macron, et même rédacteur des statuts d'En marche ! en 2017, il ne m'inspire pas la plus grande sympathie. Sa famille est prestigieuse, sa carrière aussi. Énarque, colonel de réserve, il aurait accompli des missions importantes en Afghanistan et au Mali, nous dit Le Monde. Homme de foi et fana mili, c'est lui qui souffle à l'oreille de son ami Président quand il faut s'adresser aux soldats ou aux cathos, toujours selon Le Monde. Vu les résultats du quinquennat en ces matières, je ne sais pas pour qui, finalement, c'est le plus gênant : Macron, Sureau ou les publics en question... Quai Conti, se côtoyaient donc jeudi Fillon, Cazeneuve, le général Lecointre et bien d'autres. Le fauteuil du Président, protecteur de l'Académie et ami du héros du jour, était vide. Brigitte Macron était là, flanquée des deux anciens Premiers ministres. Il y avait même Xavier Niel, BHL et Jean-Marc Sauvé : « les différents mondes de François Sureau »...

Comment dire ? Depuis ma petite place, cela fait beaucoup. Et le malaise s'accroît quand j'écoute son discours de réception à l'Académie, prononcé ce jeudi 3 mars. Il faisait donc, selon l'usage, l'éloge de son prédécesseur, Max Gallo, que ses origines modestes, son caractère entier - et moins « en même temp s» - et son parcours cohérent, depuis la rupture avec Mitterrand jusqu'au souverainisme, me rendent nettement plus proche.

Le passage le plus cité et le plus relayé sur les réseaux sociaux, notamment par les oppositions de droite et de gauche, est celui décrivant le « moment où nous sommes, où la fièvre des commémorations nous tient, pendant que d’un autre côté le sens disparaît des institutions que notre histoire nous a léguées : une séparation des pouvoirs battue en brèche, les principes du droit criminels rongés sur leurs marges, la représentation abaissée, la confusion des fonctions et des rôles recherchée sans hésitation, les libertés publiques compromises, le citoyen réduit à n’être plus le souverain, mais seulement l’objet de la sollicitude de ceux qui le gouvernent et prétendent non le servir mais le protéger, sans que l’efficacité promise, ultime justification de ces errements, soit jamais au rendez-vous [...] où chacun [fait] appel au gouvernement, aux procureurs, aux sociétés de l’information pour interdire les opinions qui le blessent ; où chaque groupe se croit justifié de faire passer, chacun pour son compte, la nation au tourniquet des droits de créance ; où gouvernement et Parlement ensemble prétendent, comme si la France n’avait pas dépassé la minorité légale, en bannir toute haine, oubliant qu’il est des haines justes et que la République s’est fondée sur la haine des tyrans. La liberté, c’est être révolté, blessé, au moins surpris, par les opinions contraires. »

Mais un mot de ce long et beau discours a semblé chargé de plus de poids que les autres : « En un siècle d’histoire constitutionnelle, nous aurons vu se succéder le système des partis, le système de l’État, le système du néant. » Le néant lancé à la face d'un fauteuil présidentiel vacant. François Sureau retrouvait, peut-être malgré lui, l'analyse même d'Éric Zemmour : « En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans. » Dit par un ami, ce néant fait encore plus mal. Le nouvel académicien a eu droit à une ovation.

En fait, quelque chose sonne vraiment creux et faux, dans ce spectacle de la Macronie qui nous joue la comédie de son propre effroi devant ses errances pourtant crânement assumées. Cela doit s'apparenter à de la triangulation pour réélection assurée.

Mais la même semaine où M. Sureau participait à sa façon au ballet, Jean Castex annonçait la suspension du passe vaccinal et Twitter débranchait, vendredi, des milliers de comptes d'opposants à Emmanuel Macron, partisans d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen. Sans raison. Arguant, après coup, d'une « erreur ». Ce genre d'erreurs qui touche systématiquement les uns et pas les autres. Des illustrations parfaites de l'abaissement sans précédent des libertés sous Emmanuel Macron. François Sureau a-t-il appelé son ami pour le sermonner ?

Peut-on alors se contenter des mots, même critiques, de celui qui lui souffle ses bonnes phrases ? On a peut-être là l'essence du macronisme et de son chef : ils se payent - et nous payent - de mots. Selon les jours, l'un parle de « bain de sang » et de « tête au bout d'une pique » ; l'autre du « néant » du moment. Incohérence totale ou comédie ? De François Sureau, on est en droit d'attendre autre chose.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Nous avons déjà eu une « force tranquille » Mitterrand dont nous payons encore aujourd’hui ses errements, mais cela reste encore très loin de ce que nous coûte déjà aujourd’hui la nouvelle « force tranquille » imaginez ce que cela va nous coûter pour 5 ans de plus ! la faillite annoncée de la France et une République entre les mains des escrocs à col blanc qui eux s’en mettent plein les poches sans oublier leur train de vie Royal. Jamais un Président n’aura coûté aussi cher dans notre pays.

    • « Mitterrand dont nous payons encore aujourd’hui ses errements ». Vous voulez dire les sabotages.

  2. Reprenons Talleyrand: quand je me vois , je me désole, quand je me compare, je me console!

  3. Le pseudo-succès de la macronie a été de ne plus faire de politique mais de jouer sur les sentiments des français. L’empathie et la peur ont pris le dessus sur tout. La manipulation des foules a fonctionner, au début, mais les résultats de ce quinquennat se font jour et les français, fatigués par les certitudes de Macron qui se présentent toujours en sauveur, ne sont plus dupes.

    •  » jouer sur les sentiments des français.  » Non sur leurs émotions, ce qui est différent.

      De même ici, pas d’empathie ( étant selon Carl Rogers qui est le créateur de ce nom, une « sympathie froide qui fait ressentir les émotions de l’Autre, sans les prendre pour les nôtres »).
      Mais de l’identification projection (selon Freud , c’est dire croire que l’autre aime la même chose que nous, ou ferait la même chose que nous dans la même situation), qui amène ainsi à une manipulation de l’Autre.

  4. « Foutriquet » de Michel Onfray, une véritable autopsie du quinquennat Macron. A lire d’urgence.

  5. Ne pas oublier que Macron et Merkel étaient les garants des accords de Minsk et la trahison de ces accords est pour beaucoup dans le coup de sang de Poutine. L’un a démontré son incompétence et l’autre sa duplicité…

  6. Un clown de plus qui lui non plus n’arrivera pas à nous convaincre .Je me demande ou il a passé ces 5 dernières années .En tout les cas pas chez nous ou alors au bout de son nez il doit y avoir un nid , non pas rempli d’oiseaux , mais des mensonges qu’il voudrait nous faire avaler .

  7. Dans 34 jours Emmanuel va chialer !
    il sera définitivement éliminé; et ne comprendra pourquoi puisque ses soutiens aveuglés ont préférer le flagorner au lieu d’observer et réfléchir…

  8. Le chaos annoncé par macron en 2017 si MLP était élue il l’a lui même mis en oeuvre dès son installation dans le bureau présidentiel par une politique de mensonges permanents, par une politique de la peur basée sur des chiffres mensongers, par une politique liberticide de fractures de la société. Seuls les ignares peuvent voter pour ce malade qui souhaite emmerder le peuple en désaccord avec lui et n’hésite pas à envoyer l’artillerie lourde contre les manifestants avides de liberté.

  9. Peu importe ce qui précède, ce qui est certain c’est que cette histoire d’Ukraine ne nous concerne pas et que les Ukrainiens doivent se débrouiller avec le fantoche qu’ils ont élu, fantoche largement soutenu par les dirigeants américains du Nord.

    • Oui Zelenski veut s’arrimer à notre bateau déjà en perdition wokiste pour mieux nous faire couler. Si l’Ukraine en est là où elle en est c’est à cause d’un président comme le nôtre (homme de spectacle sans expérience ni connaissance politique). Le peuple ukrainien ne méritait pas cela, le peuple français non plus. Demander son adhésion à l’UE et l’intervention de l’OTAN … quelle imbécilité stratégique mortelle pour l’Ukraine.

      • Je suis exactement du même avis et contrairement à ce que je lis et entends notre saltimbanque n’a aucune raison de se glorifier de ses actes de « diplomatie » tout comme il nous a vendu aux Américains, il aide cet autre saltimbanque de Zelenski à brader sa nation. Les Ukrainiens auront un dur réveil,

  10. Celui qui dit un mensonge du genre « mon quinquennat a été réussi dans l’ensemble » ne prévoit point le travail qu’il entreprend, car il faudra qu’il en invente des dizaines d’autres pour soutenir ce mensonge.
    Cela explique l’épuisement nerveux qui caractérise ce gouvernement. Ils sont épuisés non pas d’avoir servi le pays, mais d’avoir menti.

    • Je me souviens de Leonid Brejnev en avril 81, chef du Kremlin et de l’URSS, disant du septennat de Giscard qu’il avait été « globalement positif »(sic). On a jamais su quels étaient ses critères d’appréciations pour affirmer celà.

  11. Que de verbiage creux. La macronie assume le faux-semblant, la dissimulation dans la rouerie institutionnalisée. Comme les bolcheviks, la dialectique occupe une place très importante. Il n’y a qu’à écouter une Maud Bergeon ou une Prysca Thévenot pour le comprendre. Effacer le réel pour y tendre un drap de fausseté propagandiste, telle est leur principale fonction. Reconnaissons-leur une certaine maîtrise du mensonge

    • On nous avait promis, avec l’arrivée massive de femmes grâce à la parité obligatoire, une nouvelle manière de faire de la politique…
      Finie la langue de bois, finis les carriéristes de la politique, que du parler vrai et du censé.

      • Qu’importe que le possesseur d’un poste soit femme ou homme l’important et la seule chose qui vaille c’est la compétence, la droiture, l’efficacité. Force est de constater que depuis 5 ans le compte n’y est pas qu’il soit féminin ou masculin.

    •  » Comme les bolcheviks, la dialectique occupe une place très importante ». Ouvrez lez yeux. Nous SOMMES en régime bolchevik, modernisé et ripoliné, mais toujours fondé sur la lutte des classes. La classe ouvrière a simplement été remplacée par les minorités exploitées.

  12. Ils se payent surtout notre tête ;
    F. Sureau parle beaucoup , sait se faire valoir mais n ‘ affiche beaucoup pas de cohérence dans ses opinions ; pas grand chose à attendre de ce parasite qui ne vit que pour sa gloire .

  13. m. françois sureau a fait une très belle carrière dont l amé est se nomination quai conti. il a fait donc montre de prudence et de docilité envers les pouvoirs en place depuis très longtemps…

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