Franky, l’homme à réaction rapide !
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Je partage l’admiration et l’enthousiasme général pour les performances technique et aérienne de Franky Zapata ! Un homme inventif, déterminé, particulièrement (aéro)dynamique, qui va au bout de son projet, avec une rare pugnacité. Avec l’émotion communicative, en plus !
Le compliment « tweeté » du Président est cependant étonnant, disant en particulier : « [...] vous continuez à dépasser les limites de l’innovation militaire française. » Faut-il comprendre que les militaires manquent d’imagination et que les ingénieurs de la DGA (Direction générale de l’armement) marinent dans des concepts de la guerre précédente ? En tout cas, le commentaire qui flatte le héros me paraît très désobligeant pour les seconds...
Sans doute fait-il une référence subliminale à la subvention que cette même DGA a accordée à l’inventeur, peut-être sous la pressante recommandation du chef des armées, c’est-à-dire lui-même...
Mais revenons à cette performance historique.
Je vais sûrement sembler un tantinet puriste, mais le qualificatif de « vol » me paraît en l’occurrence inadéquat, étymologiquement et, surtout, techniquement.
Vol vient du latin volare et nos aïeux ne le concevaient que grâce à des ailes. Certes, le terme a, au fil des siècles et des innovations, été volé par les zélateurs des nouveaux aéronautes, ainsi par exemple pour les célèbres frères Montgolfier, portés par l’air chaud de leur ballon, de même que pour cet appareil bizarre nommé hélicoptère, puis enfin les fusées.
L’avion de Blériot volait, comme le Concorde ou le dernier Airbus. La surpression sous les ailes et la dépression sur l’extrados créent la sustentation, grâce au déplacement dans l’air dû au moteur. Et surtout (voir les planeurs), un aéroplane sans moteur peut encore voler....
Las, l’engin zapatesque, son Flyboard que je franciserai en « plate-forme sustentée », n’autorise pas la panne de moteur. Il s’agit d’un engin ingénieux et petit qui permet de vaincre la gravité en développant une poussée vers le bas, et donc la réaction opposée vers le haut. Si la poussée est supérieure à la masse totale, une vitesse en résulte, que Franky maîtrise avec une étonnante habileté pour se déplacer.
Mais si panne de moteur(s), crash inévitable !
L’homme ne possédait pas de parachute, toute sa charge dorsale étant constituée par le réservoir de kérosène, ce qui limite considérablement l’autonomie. On voit mal, en l’état, un commando des forces spéciales, chargé de ses lourds équipements de combat, progresser discrètement sur une grande distance...
Reste le « potentiel pour des opérations urbaines » pour atteindre rapidement des sites élevés ou inaccessibles par moyens classiques.
Les pompiers et leurs échelles démesurées pourraient logiquement être les premiers utilisateurs sérieux et efficaces. Après tout, ce sont des unités d’assaut qui forcent aussi et régulièrement notre admiration...
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