Free Palestine. L’UEFA piétine ses règles et cautionne le tifo polémique du PSG

Capture d'écran Grinta Ultras sur YouTube
Capture d'écran Grinta Ultras sur YouTube

Ce mercredi 6 novembre, le Paris Saint-Germain recevait le club de l’Atletico Madrid dans le cadre de la quatrième journée de Ligue des champions. Comme le veut la coutume, à cette occasion, les clubs de supporters de l’équipe parisienne ont déployé un tifo. En règle générale, cette grande banderole de plusieurs mètres carrés envoie un message d’encouragement et doit galvaniser les joueurs. Pas cette fois…

Ce soir-là, avant le début de la rencontre, le Virage Auteuil s’est paré d’un tifo très politique. Les membres du Collectif Ultras Paris (CUP) ont déroulé une bâche sur laquelle étaient peints une mosquée avec son minaret, un enfant tenant un drapeau du Liban, un homme portant une veste militaire et dont le visage était masqué par un kieffeh (comme Abu Obeida, le porte-parole du Hamas ?) ainsi que le slogan « Free Palestine ». Sous la banderole était inscrit le message suivant : « La guerre sur le terrain mais la paix dans le monde. »

Palestine Saint-Germain

Notons également qu’un peu plus tard dans la soirée, le CUP a récidivé. Il a déployé une deuxième banderole, moins médiatisée mais tout aussi politisée : « La vie d'un enfant de Gaza vaut-elle moins qu'une autre ? » Officiellement, le Paris Saint-Germain n’était pas au courant. Le club, que BV n’est pas parvenu à joindre, a indiqué à nos confrères de L’Equipe ne pas avoir eu « connaissance du projet d'affichage d'un tel message ». Il a également rappelé que « le Parc des Princes est - et doit rester - un lieu de communion autour d'une passion commune pour le football et s'oppose fermement à tout message à caractère politique dans son stade ».

Un point de vue partagé par Bruno Retailleau. Via son compte X, le ministre de l’Intérieur a demandé au PSG « de s’expliquer et aux clubs de veiller à ce que la politique ne vienne pas abîmer le sport, qui doit toujours rester un ferment d’unité. Ce tifo n’avait pas sa place dans ce stade, et de tels messages sont d’ailleurs proscrits par les règlements de la Ligue et de l’UEFA. Si cela devait se répéter, il faudra[it] envisager d’interdire les tifos pour les clubs qui ne font pas respecter les règles. »

Dans le paysage politique, la démarche a largement divisé. À droite, la forme comme le fond ont choqué. Julien Odoul, député du Rassemblement national de l’Yonne, a demandé des « sanctions implacables », tout comme Aurélien Véron, conseiller Les Républicain de Paris. De son côté, Stéphane Le Rudulier, sénateur LR des Bouches-du-Rhône, a qualifié la banderole de « tifo de la honte ! »

La gauche et l’UEFA valident

À gauche, en revanche, on applaudit des deux mains. Pour Antoine Léaument, député LFI de l’Essonne, « ce tifo des supporters parisiens a TOUTE sa place dans un stade de foot ». Ersilia Soudais, député LFI de Seine-et-Marne, a, elle, commenté l’information d’un approbateur « #FreePalestine ». Quant à Aurélie Biancarelli, adjointe au maire de Marseille, elle a perdu une occasion de se taire en tweetant : « J’apprécie pour la première fois un tifo du PSG. » Comme si la rivalité entre le club parisien et l’Olympique de Marseille avait quelque chose à voir avec cette affaire…

Aussi étonnant que cela puisse paraître, puisque cela contredit son règlement qui stipule que « la promotion ou l’annonce, par quelque moyen que ce soit, de messages politiques ou de toute autre action politique à l’intérieur ou aux abords immédiats du stade est strictement interdite avant, pendant et après le match », l’UEFA a décidé de n’engager aucune poursuite à l’encontre du club de la capitale. L’instance européenne du football juge que « la banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis ». Elle élude le sujet. En acceptant cette entorse au règlement, d’une certaine manière, elle cautionne le fait que les stades puissent être des tribunes politiques plus que des tribunes de supporters. Une nouveauté pour l’organe qui avait sanctionné le Barça pour une banderole pro indépendance de la Catalogne, en 2018. La présence de Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, au comité exécutif de l'UEFA est-elle étrangère à la décision ? Quoi qu’il en soit, l’annonce va créer un précédent et pourrait ouvrir la porte à beaucoup d’abus.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/11/2024 à 15:18.

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Ce n’est pas la première fois que le sport est gangréné par la politique mais là, le foot particulièrement, çà ne le grandira pas et constater les violences quelle engendre ne fait que renforcer nos raisons de ne plus adhérer à ce sport. Bien malheureux ce qui arrive aux Palestiniens qui ont la réponse du 7 Octobre en Israël mais en quoi nous en sommes partis prenantes.

  2. Tres bon article. Mais il manque, à mon avis, un élément important, sinon le plus important. L’état d’Israël est masqué par un keffieh. C’est donc la disparition de cet état dont il est question sur ce tifo. Si ça ce n’est pas politique, alors j’aimerais qu’on m’explique ce qui est politique.
    Autre information, hier à Amsterdam, des supporters d’un club israëlien auraient été attaqués par non pas des supporters de l’Ajax, mais par des personnes portant des cagoules et pour certains, des drapeaux palestiniens.Vive le sport!

  3. Tout Simplement scandaleux !!! Oui , il faut des sanctions et Vite !!!
    Voilà le résultat d’une politique du  » laisser faire » , nous l’avons vu avec ce qui c’est passé à sciences Po , ou des étudiants barraient la route à ceux qui voulaient étudier et en particulier à ceux qui étaient juifs . Honte , à nos bisounours gouvernementaux.

  4. La plèbe se politise sur fond de guerre à l’étranger, le jeu de balle devient jeu de banderoles. Le match aurait dû être annulé ou interrompu. C’est une manifestation non autorisée qui doit être strictement sanctionnée à tous les niveaux.

  5. A qui appartient le PSG ?
    Ce matériel de propagande est rentré sur le stade comment ?
    Quelles sont les entreprises de sécurité ?

  6. On a pas eu autant de compréhension pour le groupe identitaire, avec une banderole pour dénoncer les entrées illégales de migrants, l’association avait été immédiatement dissoute par l’ex-ministre de l’intérieur.
    Quant aux Gazaouis, ils ont une occasion unique pour prendre en main leur destin vu la faiblesse du Hamas, mais je ne vois aucun leader démocrate pour défendre Gaza pour enfin vivre en paix, il n’y a que le Hamas ou le Fatah, des groupes terroristes, donc aucune chance de sortir de ce marasme.
    Ces supporters feraient-ils la même chose en Arabie Saoudite ?

  7. Complicités à tous les niveaux, ce n’est pas difficile à comprendre. Depuis les agents de sécurité qui ont laissé passer par un truc pareil (qui n’a pu leur échapper), en passant par les responsables des instances de l’UEFA et bien sûr par nos courageux politiques dont nous connaissons depuis longtemps la fermeté inflexible sur ces sujets. On vous expliquera qu’il y a la loi, les règlements, certes, mais que pour « eux » ce n’est « pas pareil ». Comme toujours.

  8. Non seulement, dire que « La banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis » est faux, mais en plus ce n’est même pas la question, puisqu’il s’agit d’un message politique, point.

    Honte à l’UEFA, qui n’applique pas sa propre charte (d’ailleurs, c’est un peu comme le CIO qui a laissé faire les caricatures (reconnues par les auteurs eux-mêmes) anti-chrétiennes à la cérémonie d’ouverture des JO).

    C’est en dessous de tout.
    Quelles autorités peuvent sanctionner l’UEFA ?

  9. Ma chère Sarah-Louise, ne pas oublier que le « I » de palestine était remplacé par une carte de la région où le territoire d’Israël était absent… le caractère antisémite semble avéré.
    Bravo les instances internationales qui bafouent leur propre règlement, alors peut-être l’UEFA va-t-elle interdire le match France-Israël ?

    • Depuis un an il semble bien que l’antisémitisme soit devenu le nouveau sport national avec le football. Et pour une fois, c’est un domaine où la France rayonne de mille feux. On ne peut pas être bon partout …

  10. Un chant susceptible d’être raciste ou homophobe entraine match perdu pour le club qui reçoit. Deux poids deux mesures suivant le club qui reçoit????? La porte est ouverte, vous pouvez y aller franco les mecs.
    Vous êtes un petit consommateur, la prison direct mais si vous êtes député, le salaire continue de tomber.
    Vous pouvez menacer un journaliste qui travaille sur une chaine que vous n’aimez pas, vous applaudissez un commentaire insultant sur les réseaux dits sociaux, vous êtes dans le camp du bien, tout vous est permis.
    Je ne pense pas que malgré toute sa bonne volonté, notre nouveau ministre fera changer les choses.

    • Ce matin un journaliste sportif bien connu disait, je crois, sur cnews que ce  » tifo » avait été certainement fabriqué à l’intérieur même du stade …avec le bienveillance de la direction du club ? qui peut croire que l’uefa va se fâcher avec le quatar..?

  11. si on peut rentrer une banderole de cette taille, on peut rentrer facilement, machette, couteau pistolet, elle est où la sécurité, et en plus à 7 jours du match contre Israël…

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