La fuite en avant de Maduro
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Depuis deux mois, il ne se passe plus une journée sans manifestations et leur cortège de violences (47 morts à ce jour) dans les principales villes du Venezuela, avec blocage des principaux axes routiers ou autoroutiers. La situation sanitaire, sociale et économique est devenue catastrophique... C’est ce qui a provoqué, la semaine dernière, les pillages et saccages de dizaines de commerces et de deux commissariats dans l’État de Táchira, à l’extrême ouest du pays. Le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino López, l’un des hommes forts du régime sur lequel s’appuie Nicolás Maduro, a alors aussitôt déployé dans cette partie du pays plus de 2.000 militaires et des centaines d’agents des forces spéciales pour contrôler une situation jugée insurrectionnelle...
Rappelons que, depuis le début de l’année 2016, l’état d’urgence permet à Maduro de prendre toutes les mesures nécessaires sans contrôle du Parlement.
Samedi, des manifestations monstres ont eu lieu dans tout le pays (plus de 200.000 personnes) aux cris de "No dictadura, elecciones y respeto a la Constitución" ("Non à la dictature, élections, respect de la Constitution").
Pour tenter de sortir de cette impasse non seulement économique et sociale mais politique, l’opposition réclame de nouvelles élections mais rejette aussi fermement la dernière trouvaille de Maduro qui, dans une fuite en avant insensée, veut instaurer une « Assemblée constituante populaire », ultime moyen de se maintenir coûte que coûte au pouvoir !
Sur le plan international, Maduro s’est livré, samedi, depuis le palais de Miraflores, alors que la manifestation battait son plein dans les rues de Caracas, lors d’une cérémonie où il recevait les institutions bancaires et financières dans une allocution reprise par la télévision d’État, à une nouvelle escalade verbale à l’encontre de Donald Trump, après l’intervention des USA à l’ONU dénonçant la situation politique au Venezuela, en lui demandant avec outrance "d’enlever ses sales mains de son pays"...
Alors que le Venezuela a également décidé de quitter l’OEA (Organisation des États américains) à la suite des déclarations des principaux pays leaders, il peut encore cependant compter sur les soutiens de l’Uruguay et de la Bolivie, dont l’ambassadeur à l’ONU a dénoncé "l’attitude nord-américaine".
Sur le plan intérieur, sans fermer la porte du dialogue et la possibilité pour l’Église vénézuélienne "de travailler ensemble au profit de notre pays" en évoquant en particulier la pénurie de médicaments "pour lesquels l'organisation catholique Caritas serait prête à agir", son porte-parole, Monseigneur Padrón, a par contre renouvelé son refus de participer à la mise en place de cette nouvelle Assemblée constituante...
Par ailleurs la très influente Luisa Marvelia Ortega Díaz, procureur général du Venezuela, a rendu public vendredi un de ses courriers dans lequel elle refuse de rencontrer le ministre Elías Jaua et la commission présidentielle chargée de la création de l'Assemblée constituante.
Dans cette lettre, datée du 17 mai, elle estime que cette instauration n’est pas "nécessaire, appropriée ou souhaitable" et que, de plus, "elle contribuerait à accélérer la crise"... Une déclaration fracassante, compte tenu de son auteur, une cháviste de la première heure.
Une première fissure au sein du pouvoir ?
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