G. Bigot et P. Gentillet, deux figures de CNews dans la fournaise électorale

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« Avec mon conseil, Maître Gilles-William Goldnadel, nous portons plainte contre Monsieur Florian Chauche pour diffamation et injure publique. » Traité de raciste par son concurrent l’ex-député LFI Florian Chauche, Guillaume Bigot riposte par la voie judiciaire. Le voilà plongé dans la violence de la campagne des législatives. Le mois dernier, Guillaume Bigot faisait les soirées de CNews aux côtés de Christine Kelly. L’avocat Pierre Gentillet était un fidèle invité de L’Heure des pros, animée par Pascal Praud. Leur visage était connu et reconnu des téléspectateurs de la chaîne dont ils étaient tous les deux des valeurs sûres.

Ils auraient pu tranquillement continuer à commenter l’actualité et à batailler devant les caméras. Ils ont choisi de refermer doucement la porte des studios pour parcourir les routes de la France profonde et se lancer en politique. Comme, avant eux, un certain Éric Zemmour. Pierre Gentillet et Guillaume Bigot sont candidats. Le premier dans le Cher, le second dans le Territoire de Belfort. « Ce n’est pas un choix anodin, reconnaît Pierre Gentillet auprès de BV. J’ai beaucoup aimé ce que j’ai fait à CNews, j’y ai noué de belles amitiés. Mais cela faisait un bout de temps que je me posais la question d'un engagement politique. » Il avait signalé au RN qu’il était partant. Il a des attaches dans le Berry. Dès l’annonce de la dissolution connue, le retour du RN a été immédiat : banco ! « Je n’ai pas hésité, poursuit Pierre Gentillet. C’est un moment historique pour le pays qui se joue actuellement. »

Arrivés en tête le 30 juin

Guillaume Bigot ne regrette pas, non plus, d’avoir lâché l’antenne de CNews : « Cela m’a passionnément intéressé, cette position d’observateur et d’analyste, mais je ne suis pas seulement cela, explique-t-il à BV. J’ai eu plusieurs vies, cette fois, c’est un exercice très différent. » L’enjeu ? « Participer au redressement du pays, car il est minuit moins une ! », lance l'essayiste patriote.

C’est Jordan Bardella lui-même qui a convaincu Bigot de plonger dans le militantisme. Chevènementiste, le pensionnaire de Face à l’info a toujours revendiqué un ancrage à gauche sur l’échiquier politique. « Non seulement il y a une mutation complète du RN, explique-t-il, mais il n’y a plus vraiment de différences entre ce que propose ce parti et ce que nous pensions en 2002 avec Jean-Pierre Chevènement sur l’indépendance nationale ou la nécessité pour un gouvernement de servir la France. »

Les deux visages de CNews se disent sereins. Pierre Gentillet a recueilli 43,15 % des suffrages, le 30 mai, loin devant Loïc Kevran (31,2 %), le candidat de l’ex-majorité. Tous les espoirs sont permis à Guillaume Bigot, parachuté mais arrivé, lui aussi, en tête avec 37,86 % des suffrages au soir du premier tour, devant le LFI Florian Chauche (28,02 %).

Mais malgré leur expérience politique très courte, ils savent que rien n'est jamais acquis avant le scrutin. Alors, en attendant les résultats au soir du 7 juillet, les deux visages de CNews mouillent la chemise. « C’est difficile », avoue Pierre Gentillet, qui ne dépasse pas les 4 à 5 heures de sommeil par nuit et court le reste du temps, comme tout candidat : confection des vidéos de campagne, analyse des résultats, collages, tractages, barbecues, réunions publiques, visites aux différents corps de métiers, agriculteurs, ouvriers, etc. « C’est 30 à 40 coups de fil par jour, 100 à 150 messages, 4 à 5 heures par jour en voiture car j’ai une circonscription très étendue. » Mais il ne cache pas son enthousiasme. « C’est ma première campagne, explique le jeune avocat de 33 ans. Le plus sympa, ce sont les rencontres avec les militants et avec les gens. Je m’imprègne de leur vie, ils me parlent de leur misère. Ça s’imprime en toi, ça t’affecte, c’est vraiment ma mission. »

« Un rôle à jouer dans le monde de demain »

Même passion pour Guillaume Bigot. « Il y a un côté physique, reconnaît-il. Il faut tenir du matin au soir. » Mais l’exercice a ses compensations : les électeurs, à nouveau. « On discute avec les gens, l’accueil est généralement très sympa. Les Franc-Comtois sont francs, comme leur nom l’indique, assez carrés et simples dans le bons sens du terme », sourit Guillaume Bigot. Il y a des exceptions : « La seule hostilité vient des boomers [des cinquantenaires ou retraités] qui se conduisent comme des racailles, déplore Guillaume Bigot. Ils peuvent être mal élevés, violents… Des gens de 70 ans m’ont fait des doigts d’honneur lors d’une visite à la préfecture. » Des notables locaux, affichant des « idées de bobos parisiens », constate Bigot.

La carte « Vu à la télé » joue-t-elle sur le terrain ? « Oui », reconnaît Pierre Gentillet. « Beaucoup de gens m’en ont parlé sur les marchés, cela favorise la visibilité, c’est vrai. Ils disent : c’est le Monsieur de CNews, que faites-vous là ? » Pour Guillaume Bigot, « c’est plutôt le côté vu sur une antenne différente qui joue. Certains sont sensibles à ce que j’ai dit. »

La France n’est pas en grande forme, mais Guillaume Bigot veut faire une campagne optimiste. Il pense que son pays a de l’avenir, « un rôle à jouer dans le monde de demain », qu’il faut arrêter de se plaindre, cesser le découragement, la culpabilité et l’échec. « La nation est une collectivité qui s’appuie sur le passé - et sur l’avenir ! », dit-il.

La course électorale, bon ou mauvais pari pour les deux égéries de CNews ? Le couperet tombera ce 7 juillet, dans la soirée. Quoi qu’il arrive, ils sortiront de cette campagne… différents.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

54 commentaires

  1. C’est leurs libertés et c’est leurs droits ! Ils ont bien le droit et la légitimité de rejoindre leurs collègue Philippe Ballard, dans le combat et la lutte politique ! Il n’y a rien de plus noble que l’engagement Politique ! Hervé de Néoules !

  2. Transfuge de  » face à l’info » sur CNews,Guillaume Bigot revendique son ancrage à gauche.S’il a choisi de rejoindre le RN,c’est qu’il considère que le RN est lui aussi de gauche,ou de Centre Gauche,en tout cas pas de droite et encore moins d’exxtrême droite,contrairement à ce qu’on nous bassine sans arrêt.

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